
Dans le monde, environ 210 millions de personnes – soit 4,8 % de la population âgée de 15 à 64 ans ont consommé des substances illicites au moins une fois au cours des 12 derniers mois. Avec un chiffre d’affaires estimé entre 300 et 500 milliards de dollars, le trafic de drogue est devenu le deuxième marché économique au monde, juste derrière les armes ,mais devant le pétrole.
Les bénéfices et les sommes en jeu sont colossales. En effet, les profits des petits et grands trafiquants sont immenses. Le chiffre d’affaire du trafic de stupéfiant est de 243 milliards d’euros par an : si les trafiquants de drogues étaient un pays, leur PIB les classerait au 21è rang mondial, juste derrière la Suède. Malgré la répression, l’ONU estime que seuls 42% de la production mondiale de cocaïne est saisie (23% pour la héroïne). Dans certains pays de production ou de transit, comme le Mexique, ce sont de véritables contre-pouvoirs occultes qui font régner la terreur et corrompent les rouages de l’État. (1)
Le commerce de la drogue comme marchandise prohibée est extrêmement lucratif : le marché de la drogue est celui qui connaît actuellement la plus forte expansion.
DE LA DANGEROSITÉ DE LA PROHIBITION ACTUELLE
La prohibition de l’alcool aux États-Unis en 1920 a eu comme conséquences:
- Une augmentation des prix des produits alcoolisés,
- une détérioration de la qualité des boissons, avec des risques sanitaires accrus,
- une augmentation du trafic international,
- une augmentation de la criminalité chez les consommateurs et chez les trafiquants,
- la constitution de contre pouvoir avec des gangs à renommée internationale comme celui d’Al Capone,
- le développement de la corruption dans tous les rouages de l’économie et de l’État,
- un manque à gagner en impôts et taxe pour les États.
Devant l’inefficacité de l’interdiction sur la consommation d’alcool , en 1933, le 21e amendement annule le 18e amendement de la prohibition de 1920. Non seulement la loi sur la prohibition de l’alcool n’a jamais atteint le but qu’elle s’était fixée, mais elle a favorisé une augmentation affolante de la criminalité.
Comment n’a-t-on pas tiré des leçons de cet épisode de l’interdiction de l’alcool aux USA? Avec le commerce illicite des drogues les conséquences sont identiques mais démultipliées par la mondialisation. ( Au Mexique on évalue, en six ans, à 70 000 les victimes dues au trafic de drogue pour alimenter le marché nord-américain )
Il est temps que les États reprennent le contrôle de ce commerce mortifère.
***
TRAITER LA TOXICOMANIE ET CONTRÔLER LE COMMERCE DES DROGUES
« Les drogues tuent quelque 200 000 personnes chaque année. Les usages problématiques de drogues représentant l’essentiel de la demande, l’un des meilleurs moyens de réduire le marché est de traiter la toxicomanie”, a déclaré M. Fedotov, de l’ONU.
Les causes profondes de la consommation de produits stupéfiants sont à rechercher dans le mode de fonctionnement de nos sociétés livrées à la mondialisation des échanges et à la libéralisation de l’ensemble des activités humaines. Il faut être lucide et regarder en face les dégâts que peut faire chez les plus fragiles , ces injonctions de réussite individuelle à tout prix, que distille sournoisement et quotidiennement notre environnement, que ce soit dans le domaine professionnel, ou dans la sphère privée. Une société de consommation qui exacerbe constamment la satisfaction pulsionnelle des désirs individuels ne peut que conduire certains à trouver dans ces paradis artificiels ce qu’ils n’ont pas les moyens de réaliser ou de construire.
Le problème est que l’on ne veut pas admettre que la cause profonde de ces dérives est bien dans ces dysfonctionnements érigés en dogme dans ce monde ultra-libéral où règne une étrange alliance entre puritanisme et perversion. ( 2 ). On continue à maintenir le décor factice d’une société bourgeoise qui laverait plus blanc que blanc en interdisant à l’individu toute possibilité de dérive individuelle (3 ) tout en prônant l’obligation de réussite individuelle pour pouvoir satisfaire les besoins et envies ( légitimes ou créées par la publicité ) de tout consommateur. (On se rappelle la déclaration de Jacques Séguela: « Si à 50 ans on a pas une Rollex, on a raté sa vie » -« les 4 vérités » – Cette phrase à bien des égards obscène, prononcée le 13 février 2009, en pleine crise financière, à propos du Président de la République, par un publicitaire bien connu, est symptomatique d’un état d’esprit où la dictature des marques asservit les individus ).
Cette exacerbation permanente des désirs et des attentes des consommateurs rend de plus en plus difficile la maîtrise de ses pulsions et rend insupportable les frustrations. Il y a ceux qui trouvent le chemin de la réussite individuelle en restant dans les clous mais nombreux sont ceux qui doivent utiliser des subterfuges légaux ou illégaux pour tenter d’arriver à leurs fins pour tomber ensuite dans le piège de nouvelles dépendances: dépendance à des paradis artificiels pour les consommateurs, dépendance à un enrichissement facile et à une consommation de biens sans limite pour les trafiquants.
Il faudra bien qu’ un jour, l’État, dont un des rôles et de protéger tous les citoyens, reconnaisse les dysfonctionnements du système et prenne ses responsabilités en la matière en se donnant les moyens de « tirer le rideau » en traitant ouvertement cette « pandémie » et en contenant la contagion vers les plus fragiles et les plus jeunes. Pour vider de sa substance le commerce illicite, il faut aussi contrôler la distribution des produits stupéfiants dans des officines médicalisées ou spécialisées tout en continuant à mener une lutte acharnée contre les trafics de drogues internationaux. C’est une bataille de longue haleine qui doit être coordonnée à l’échelle internationale.
S’attaquer à cette économie illicite et mortifère c’est aussi dessiner un horizon à ces quartiers abandonnés. Si on assèche le trafic de drogue, on enlève une énorme partie de l’économie de ces quartiers. Tant qu’on n’aura pas de réels projets économiques et éducatifs à offrir à ces quartiers pour trouver ainsi les moyens de créer et de distribuer de la richesse autrement que par le trafic, la situation ne pourra pas évoluer dans ces villes comme Marseille où 30 % de la population vit sous le seuil de pauvreté et où 60 % des ménages ne paye pas d’impôts sur le revenu faute de moyens (4). La question est bien plus large qu’une simple question répressive. C’est peut-être le seul message positive du passage de l’équipe ministérielle à Marseille.
En attendant, en contenant ce commerce derrière le rideau de l’ illégalité on ne fait que laisser libre cours à cette activité, très lucrative pour certains mais aussi très dangereuse pour l’ensemble de la société.
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Enseignant, au cours de ma vie professionnelle, j’ai occupé diverses fonctions dans l’ Education Nationale.Pour mes études, et mon travail, j’ai bourlingué à Voiron, Aix-en-Provence, Paris, dans le 93, en Martinique, au Brésil, au Mexique et au Maroc. Depuis peu, je jette des bouteilles à la mer. Je consacre un peu de mon temps à écrire sur la nécessaire métamorphose de notre société vers un monde plus juste, décent et apaisé. Guy Valette
SOURCE: http://alternative21.blog.lemonde.fr/2013/04/28/commerce-de-la-drogue-on-se-trompe-de-cible/
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