Logiquement, après l’épisode prĂ©cĂ©dent, nous voici naturellement Ă devoir parler de la situation au PĂ©rou, ex premier producteur en 2013 re-dĂ©passĂ© Ă nouveau depuis 2018 par… la Colombie. Il fournit en grande partie le BrĂ©sil, via sa frontière commune qui fait 2 995 kilomètres. On y rencontre beaucoup de ‘Cessna’ et moins de ‘Beechraft’, et surtout un nombre important de laboratoires de transformation de la cocaĂŻne dissĂ©minĂ©s dans la partie haute de l’Amazone.
Et on pourra lire les révélations tonitruantes du roi des narcos du pays
A l’époque un homme observe tout cela en souriant : il s’agĂ®t de Demetrio Chávez Peñaherrera, surnommĂ© « Vaticano » (Le Vatican mais aussi GerĂłnimo, Loco Limonier, Patron, Garrincha, Coca Loca, Irak, Sadam ou Al Capone) considĂ©rĂ© comme le plus grand trafiquant de drogue du pays, directement liĂ© aux trafiquants de drogue colombiens RodrĂguez Orejuela (cartel de Cali) et Pablo Escobar (cartel de MedellĂn).
Il manipulait 80 % de la production péruvienne e pâte de cocaïne  par an à cette époque). En précurseur de ce qui se fait aujourd’hui, il avait fait construire à la frontière péruvienne avec la Colombie et le Brésil un gigantesque laboratoire de traitement du chlorhydrate de cocaïne doté d’une piste d’atterrissage de 1 500 mètres, d’une villa et d’un entrepôt alimentaire. Il avait investi pour 1 million de dollars US en intrants chimiques !!!
Le 13 janvier 2016; le voici qu’il sort de prison, après y avoir passĂ© 22 ans, et sa première dĂ©claration est tout simplement explosive, accusant ouvertement l’ex prĂ©sident Fujimori de l’avoir aidĂ©, carrĂ©ment Ă installer le trafic et le faire perdurer : « C’était une pĂ©riode dĂ©sastreuse pour le PĂ©rou, il y avait un narco-Ă©tat lĂ -bas et c’est indĂ©niable. Ce que j’ai fait, je ne l’ai pas fait seul mais avec consentement ; s’ils m’auraient dit de ne pas le faire, je ne l’aurai pas fait.« a-t – il dĂ©clarĂ© Ă la presse lorsqu’il a rappelĂ© ses activitĂ©s illĂ©gales .Â
Il a Ă©galement mentionnĂ© que: « L’ancien prĂ©sident Fujimori Ă©tait au courant de la piste d’atterrissage qu’il avait dans la jungle pour l’expĂ©dition de drogue et qu’il aurait tolĂ©rĂ© son fonctionnement jusqu’à deux ans après avoir reçu un document du gouvernement amĂ©ricain demandant sa fermeture (!!!). »
Selon les historiens, en effet: « En mai 1996, des agents du renseignement de l’armĂ©e de l’air pĂ©ruvienne ont dĂ©couvert une cargaison de 176 kilos de cocaĂŻne, pas moins que dans l’avion prĂ©sidentiel. Le pilote Luis Escárcega Ishikawa, Ă©tait l’un du prĂ©sident Alberto Fujimori. En juillet de la mĂŞme annĂ©e, ils trouvèrent une autre cargaison, cette fois sur un navire de la Marine. La rĂ©vĂ©lation causa stupeur et confusion dans le pays. Cependant, un an après la saisie de la drogue, en juillet 1997, le prĂ©sident de l’époque, Alberto Fujimori, a disculpĂ© les officiers de l’équipage du narco-avion dans un discours public. Non seulement les officiers ont Ă©tĂ© acquittĂ©s, mais l’un d’entre eux, le colonel FAP Ă“scar Salinas, a obtenu une promotion ».