NARCOBUSINESS : pourquoi la mafia est une entreprise comme les autres… ou presque

De l’Italie au Japon, du Brésil au Nigeria, le crime organisé s’implante sur les cinq continents et tend à reproduire le fonctionnement légal d’une multinationale : modèle économique, management, marketing, hiérarchie… Tout en conservant sa marque de fabrique : la violence et les règlements de comptes.

« Notre truc à nous, c’est l’argent. » L’homme qui prononce ces mots n’est pas le président d’un fonds d’investissement spéculatif, mais un dignitaire du Primeiro Comando da Capital (PCC), la plus grande mafia du Brésil. Organisation, finance, management des ressources humaines, relations publiques, logistique, marketing… : attablé au fond d’un bar du centro de Sao Paulo, ce boss fait bien la description d’une multinationale, entre deux rails de coke sniffés sur le dos de sa main. Le parallèle entre le fonctionnement de son organisation et celui d’une grande entreprise se dévoile nettement au fil de la discussion, jusqu’à ce qu’il montre sur son iPhone les images des horreurs commises par ses employés contre un concurrent du PCC : amputations, têtes coupées et cœur arraché à la machette.

Violence sauvage et organisation sophistiquée, codes de conduite moyenâgeux et adaptation constante aux dernières technologies… : décrypter la réalité d’une mafia peut sembler complexe. Sauf à observer sa nature profonde, pour comprendre qu’une mafia est, avant tout, une entreprise criminelle qui importe dans le business illégal les pratiques déployées par les entreprises légales pour créer de la richesse.

Le diptyque trafics-prédation

« Tout est une question d’offre et de demande : si quelqu’un sur la Lune me demande de la cocaïne, j’achète une fusée pour y aller ! », déclare en riant l’homme qui est chargé des ventes en Europe pour le cartel de Sinaloa [un Etat du Mexique], dans le salon d’une maison de Culiacan, la capitale de l’une des plus puissantes mafias au monde. 

Comme toute entreprise, une mafia a un modèle économique : une stratégie et des ressources visant à lui faire gagner le plus d’argent possible. A l’image de nombre de conglomérats légaux, par exemple Bouygues, qui gagne de l’argent via différentes activités dans le BTP, la téléphonie et la télévision, une mafia est une entreprise diversifiée. Son business model est simple : monétiser le crime à travers un diptyque trafics-prédation.

La première activité qu’une mafia développe consiste à vendre de l’interdit à un maximum de clients, à travers de multiples trafics. Quand Amazon ou Carrefour vendent l’accès immédiat à des millions de produits alimentaires ou technologiques à des consommateurs du monde entier, la Camorra, les yakuzas ou les cartels mexicains leur vendent la satisfaction de vices variés : consommation de drogue, rapports sexuels avec des prostitués de tous genres et âges, jeux clandestins, possession de produits contrefaits…

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