Une enquête du quotidien péruvien “La República”, en collaboration avec la plateforme latino-américaine “Connectas”.
Dans des zones reculées, oubliées par l’État, les trafiquants financent les récoltes de feuilles de coca en échange de dons aux communautés amérindiennes.
La lutte contre le narcotrafic se porte mal dans la province péruvienne de Mariscal Ramón Castilla (MRC), à la frontière du Brésil et de la Colombie. Selon le rapport 2020 de la Commission nationale pour le développement et pour une vie sans drogues (Devida), la province concentre 67 % des cultures de coca du département du Loreto, quatrième région du Pérou pour la production de cet arbuste ancestral.
Pour les habitants et les autorités locales, la faute en revient à “l’absence de l’État” – une absence que sont venues combler les organisations liées au trafic de drogue, des “narcobienfaiteurs” trop heureux de s’impliquer dans la vie publique locale.
Les trafiquants qui transforment la feuille de coca en cocaïne ont trouvé une astuce pour légitimer leurs activités illicites – c’est ce qu’ils appellent le “droit à la communauté”. Selon les cas, cette rétribution versée pour l’utilisation de parcelles dédiées à la culture de la coca peut être indexée sur chaque arroba [unité de mesure équivalant à 12 kilos environ] de feuilles de coca, ou prendre la forme d’un loyer mensuel négocié avec les représentants communaux. Sans être mirobolantes, ces sommes se révèlent des revenus essentiels dans une province comme la MRC.
Ces contributions viennent en effet financer des travaux modestes mais précieux pour les communes – locaux collectifs, terrains de sport, rénovations d’écoles. Parfois, elles permettent aussi d’aider des familles mises en difficulté par la maladie ou le décès de l’un des leurs.
Source et plus
0000