Par Gabriel Thierry
Cela ressemblait bien à un très bon tuyau
Ce lundi 7 janvier 2013, les gendarmes de la brigade de recherches de Saint-Tropez reçoivent une information particulièrement intéressante. La direction de la Protection de la Sécurité et de la Défense, ce service du ministère de la Défense chargé de la sécurité du personnel et des installations sensibles, leur transmet un signalement anonyme. On attire l’attention de la maréchaussée sur un Falcon 50, cet avion d’affaires à trois réacteurs construit par Dassault Aviation et capable de traverser l’Atlantique d’une traite.
Un mois plus tôt, le dimanche 9 décembre, l’appareil a atterri sur l’aéroport de La Môle-Saint-Tropez. L’avion, qui s’est pointé un jour plus tôt que prévu, vient de l’île de Santa-Maria, dans les Açores, où il avait fait escale en provenance de Puerto Plata, en République dominicaine. Le jet est visiblement très attendu.
François-Xavier Manchet, un douanier en poste à Toulon, est arrivé à l’aéroport une demi-heure avant son atterrissage. Il n’est pas en fonction et sa présence surprend, car il n’y a aucune justification douanière.
Comme le racontent Jérôme Pierrat et Marc Leplongeon dans leur livre sur le dossier, L’Affaire Air Cocaïne, le douanier fort en gueule rassure les employés.
Il vient simplement donner un coup de main à un ami qui vient d’acheter une maison à Saint-Tropez et qui rapatrie par avion des valises d’habits, comme le font beaucoup de très riches voyageurs de la Côte d’Azur.
Certes, en tant que chef-adjoint de l’antenne de Brégaillon, le port de commerce de Toulon, sa compétence s’étale sur l’ensemble du département du Var. Mais ses collègues n’ont pas une très bonne image de lui. Ils remarquent que le fonctionnaire est attiré par l’argent et les paillettes.
En fouinant, les enquêteurs tomberont également, plus tard, sur de drôles de consultations de fichiers professionnels, que le douanier utilise visiblement pour des motifs privés.
Quand le Falcon 50 se pose, François-Xavier Manchet est donc aux premières loges. D’après l’un des employés, c’est lui qui se charge de l’accueil de la petite bande qui va arriver dans la foulée de l’atterrissage de l’avion. Il demande ainsi l’ouverture des barrières de sécurité pour accéder à la piste.
Un premier véhicule Mercedes s’avance. Il stationne à côté du Falcon 50. Ses deux occupants commencent alors à charger de grosses valises d’environ 50 kilos, en partie boueuses, dans le véhicule.
Un employé s’approche pour proposer son aide, mais on lui fait signe d’aller voir ailleurs.
Les deux pilotes donnent un coup de main
Toutes les valises ne tiennent pas dans la Mercedes. Après un rapide coup de fil, un monospace Ford vient pour charger le reste des bagages du seul passager recensé pour ce vol, Franck Colin. Puis les pilotes repartent, direction l’aéroport de Lyon-Bron, pour rendre l’appareil loué pour l’occasion.
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Revirement en appel
Les pilotes Pascal Fauret et Bruno Odos, condamnés à six ans de prison en première instance dans l’affaire dite « Air Cocaïne », ont été acquittés, jeudi 8 juillet, par la cour d’assises spéciale d’appel d’Aix-en-Provence.
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Le dossier de Marc Fievet est toujours classé « secret défense » et tous ses recours ont été écartés sans raisons et sans explications.
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