Aviseur International renseigne sur la problématique de la drogue, du narcotrafic et sur les politiques mises en œuvre par les différents Etats. ———- CONTACT par email: ns55dnred@outlook.fr ou WhatsApp: 33 (0) 6 84 30 31 81 Suivez @MarcFievet sur TWITTER
C’est un service à compétence nationale rattaché à la Direction générale des douanes et droits indirects qui est chargée de mettre en œuvre, sur l’ensemble du territoire, la politique du renseignement, des contrôles et de la lutte contre la délinquance douanière organisée.
Service de constatation douanière de premier plan visant le haut spectre, la DNRED est également un service de renseignement du premier cercle.
Elle constitue à cet égard une direction originale, forte de sa double culture, dotée de pouvoirs et de moyens d’actions puissants et variés, intervenant dans plusieurs cadres légaux, en constante évolution. Elle doit faire preuve, à ce titre, d’une capacité d’adaptation permanente pour relever les nombreux défis juridiques soulevés à la fois par ses activités opérationnelles classiques de service douanier et son rôle de service du renseignement.
Le droit douanier a connu de fortes évolutions au cours des dernières années marquées par l’élargissement des pouvoirs d’enquête dévolus aux agents des douanes, notamment aux agents de la DNRED et le renforcement de l’encadrement de la mise en œuvre de ces pouvoirs, conditionnée par l’information préalable ou l’autorisation de l’autorité judiciaire.
Le code des douanes permet désormais aux agents de la DNRED, sous le contrôle de l’autorité judiciaire et sous couvert d’habilitations spéciales, de déployer des techniques spéciales d’enquêtes particulièrement utiles en matière de lutte contre la criminalité organisée : livraisons surveillées, infiltrations, surveillances transfrontalières, enquête sous pseudonyme sur le web et le darkweb, coup d’achat, géolocalisation des véhicules et des téléphones, « ouverture-frontière », substitution à l’opérateur de fret postal pour la livraison des colis contenant des marchandises de fraude. Tout au long de l’enquête douanière, les agents doivent anticiper la possible judiciarisation de leurs dossiers, en approchant au plus près d’une procédure purgée de tout risque de nullité et en déployant une stratégie compatible avec les poursuites décidées par l’autorité judiciaire.
Douanier avant tout, l’agent de la DNRED doit donc parfaitement maîtriser les outils juridiques à sa disposition et leur cadre d’utilisation, au code des douanes. Mais l’agent de la DNRED est également un agent appartenant à la communauté du renseignement du premier cercle, ce qui lui confère des obligations, des droits et des pouvoirs.
Issu de la loi du 24 juillet 2015, le droit du renseignement est l’aboutissement d’un long processus de légalisation de ces activités qui a eu la vertu de donner aux services, dont les actions étaient non pas illégales mais plutôt a-légales, une assise juridique et des garanties nécessaires. Ce droit leur permet de mettre en œuvre des techniques de renseignement particulièrement intrusives, sur autorisation du Premier ministre après avis de la commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR).
Depuis 2015, de nombreux textes sont venus compléter ou modifier ce nouveau cadre, dont la loi relative à la prévention d’actes de terrorisme et au renseignement du 30 juillet 2021. Prenant en compte les évolutions technologiques et les jurisprudences européennes et nationales (arrêt CJUE du 6 octobre 2020 dans l’affaire « Quadrature du Net », dans la continuité de l’arrêt CJUE du 21 décembre 2016 dit « Télé2 Sverige » ; Conseil d’État, Assemblée, 21 avril 2021), cette loi crée ou pérennise des techniques de renseignement (interception des communications satellitaires ; utilisation d’algorithme), renforce le contrôle de la CNCTR en donnant à son avis un caractère contraignant, encadre les échanges entre services de renseignement.
Au-delà de ces cadres juridiques propres au métier de la DNRED, les activités de la direction sont soumises à des réglementations de droit commun, telle que la protection des données personnelles ou la commande publique, dans le cadre desquelles les spécificités d’un service d’enquête et de renseignement doivent être prises en compte.
Jusqu’en fin d’année 2021, le conseil et l’expertise juridiques étaient assurés par une magistrate, de l’ordre judiciaire, et par l’agence de poursuites, chargée d’assurer le traitement contentieux et judiciaire des affaires réalisées par les directions d’investigations de la DNRED.
Afin de faire face aux enjeux actuels, mais également d’anticiper et de mesurer l’impact des évolutions normatives sur l’organisation et le fonctionnement de la DNRED, il a été décidé de renforcer la fonction juridique de la direction par le recrutement de deux nouvelles conseillères juridiques, l’une spécialisée sur toutes les questions relatives au renseignement et au droit public général, l’autre en charge de veiller à la sécurisation des investigations.
Conjugué à une protection maximale des agents dans l’exercice de leurs missions, le renforcement de la fonction juridique au sein de la DNRED permet ainsi d’articuler de la meilleure manière possible l’ensemble des capacités d’action des services de la direction, du recueil et de l’exploitation du renseignement jusqu’à la phase opérationnelle, de garantir l’efficacité de l’action de la DNRED dans la lutte contre la criminalité organisée et d’optimiser la réponse pénale de l’autorité judiciaire.
Depuis avril 2021, c’est Florian Colas qui est le directeur
Mon cher responsable des affaires juridiques et contentieuses
Mon cher menteur
Mon cher tartuffe
Relisant tes écrits, j’ai pu constater que tu étais particulièrement performant dans l’art de la rhétorique mensongère.
Le 10 avril 2020, je t’avais écrit une lettre ouverte, mais tes nombreuses occupations ne t’ont pas permis de trouver le temps d’y répondre.
Je te la fais à nouveau parvenir, espérant que cette fois-ci, tu n’auras pas l’attitude d’un de tes prédécesseurs Gérard Schoen qui avait préféré s’enfuir en courant lorsque j’avais cherché à le rencontrer.
J’ai mis quelques photos pour te permettre de reconnaitre tes semblables !
°°°°°°
Ô, mon cher Michel, mon cher administrateur des douanes, mon cher responsable des affaires juridiques et contentieuses, mon cher menteur, mon cher tartuffe, constater une fois encore tes savantes manœuvres pour dégager la responsabilité de l’administration des douanes ne m’ont permis que de faire un constat, accablant pour toi, comme pour tes prédécesseurs Elizabeth Melscoet, Thomas Charvet et le gredin Erwan Guilmin : vous êtes des menteurs institutionnels !
Mon cher Michel, mon cher administrateur des douanes, mon cher responsable des affaires juridiques et contentieuses, mon cher menteur, mon cher tartuffe, sais tu que je ne peux accepter cette infamie savamment distillée par tes écris mensongers. Il m’est insupportable de constater qu’après avoir été encensé puis encouragé à infiltrer et infiltrer encore, tu ne souhaitais que flétrir tant de lauriers amassés. Mes actions qu’avec respect toute la hiérarchie de la DNRED admirait, mes informations précises qui tant de fois ont permis des saisies importantes, tant de fois valorisaient un service… aux actions que tu ne connais même pas ! Tu m’as trahi comme tu as trahi l’honneur de la douane tout entière en deformant sciemment l’action que j’ai menée suite aux volontés ministérielles de Michel Charasse.
Mon cher Michel, mon cher administrateur des douanes, mon cher responsable des affaires juridiques et contentieuses, mon cher menteur, mon cher tartuffe, toi qui occupe un haut rang d’administrateur, comment peux tu l’occuper sans honneur? Tu as préféré emprunter les affabulations de tes prédécesseurs pour m’écarter de toutes réparations. Seras-tu un sprinter comme ce faquin de Gérard Schoen si tu me rencontrais ou préférerais-tu jouer les timides méprisants et dédaigneux, comme le fit Corinne Cleostrate, et t’éloigner sans me regarder ?
Mon cher Michel, mon cher administrateur des douanes, mon cher responsable des affaires juridiques et contentieuses, mon cher menteur, mon cher tartuffe, relire encore que toutes les turpitudes subies ne seraient la résultante que d’une erreur d’appréciation de ma part sur l’engagement de la douane sur lequel j’étais persuadé pouvoir compter, me trouble. En homme d’honneur que je suis, habitué à la parole donnée, il m’était difficile d’imaginer que tant de bassesses pouvait t’habiter.
Mon cher Michel, mon cher administrateur des douanes, mon cher responsable des affaires juridiques et contentieuses, mon cher menteur, mon cher tartuffe, je te croyais honnête et factuel, n’hésitant pas à t’informer avant de m’emballer dans des écrits totalement infondés. Non, tu n’as rien demandé, te permettant alors de tordre le cou à la vérité des faits.
Mon cher Michel, mon cher administrateur des douanes, mon cher responsable des affaires juridiques et contentieuses, mon cher menteur, mon cher tartuffe, merci de transmettre mes meilleures civilités à ton entourage…douanier. »
Ces derniers mois, les saisies records de drogues se succèdent sur le continent. Malgré l’épidémie de Covid-19, le trafic s’est intensifié, de nouvelles routes se sont créées et, surtout, la consommation locale s’accroît.
Plaque tournante de la drogue depuis 20 ans, l’Afrique est confrontée en 2021 à une augmentation sans précédent du trafic de stupéfiants.
Pour atteindre l’Europe, la cocaïne colombienne emprunte désormais presque systématiquement la route du Golfe de Guinée, avant de traverser le Sahel, où groupes jihadistes et milices ont la haute main sur tous les trafics. L’héroïne afghane, elle, emprunte la « route du Sud » plutôt que celle des Balkans, désormais plus sécurisée.
Si la majeure partie des drogues sont destinées aux marchés occidentaux, le commerce de produits dérivés – d’opioïdes notamment – pour la consommation locale explose. Alors que l’usage non-médical du Tramadol continue de faire des ravages en Afrique de l’Ouest, les héroïnomanes ont plus que triplé en Afrique de l’Est et australe et la consommation de cannabis reste toujours au dessus de la moyenne mondiale, avec un taux de prévalence d’environ 7 % chez les 15-65 ans.
Madame la directrice générale de la Douane française Isabelle Braun-Lemaire sera-t-elle comme son prédécesseur lointain l’énarque – IGF François Auvigne et tous ses successeurs qui ont refusé d’assumer les engagements pris par l’administration qu’elle dirige ?
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En France, dans la bibliothèque du Sénat
Elise Lucet : Invité de Pièces à conviction, Michel Charasse, bonsoir…
Michel Charasse : Bonsoir. Elise Lucet : Vous êtes l’ancien ministre du budget de 1988 à 1992 et sénateur du Puy de dôme, c’est la raison pour laquelle, nous sommes exceptionnellement au Sénat pour réaliser cet interview…Euh, vous ne souhaitez pas parler de, de l’affaire Marc Fievet…Est-ce que je peux vous demander quels étaient vos rapports, lorsque vous étiez ministre du budget avec ces aviseurs, je crois que vous avez souhaité les rencontrer, pourquoi ? Michel Charasse : Lorsque je suis arrivé au ministère du budget en mai…juin 88 , l’administration des douanes dont l’une des fonctions importantes est de lutter contre tous les trafics …de drogue, d’argent, euh, contre-façon..etc. prenaient par an à peu près 5 tonnes de drogue. Lorsque j’ai quitté le ministère le 2 octobre 1992, nous étions à 35 tonnes par an. C’est à dire multiplier par 5, par 7 pardon… Elise Lucet : Ouais ! Michel Charasse : En, en un peu plus de quatre ans………..Vous pensez bien que tout ceci a nécessité une organisation Elise Lucet:Honhon ! Michel Charasse : Ou une réu.. Ou .une réorganisation….Bien entendu ce n’est pas moi qui est tout inventé, mais j’ai donné à la douane beaucoup de moyens…avec l’argent du contribuable, pour en faire une véritable arme contre les trafiquants et notamment les trafiquants de drogues… Elise Lucet : Et parmi ces armes, il y avait les aviseurs Michel Charasse : Et parmi ces armes il y avait la collecte de renseignement et dans l’ensemble des renseignements, il y avait bien entendu les renseignements fournis par les aviseurs… Elise Lucet : Beaucoup ? Michel Charasse : Des aviseurs plus nombreux, mieux organisés, des relais mieux organisés par l’intermédiaire des , des, des correspondants que la douane pouvait avoir à l’étranger sous couverture planquée ou officielle, attachés douaniers dans les ambassades etc. etc…Donc bien entendu, on a dû beaucoup, enfin beaucoup a été dû aux renseignements… Elise Lucet : Ouais ! Michel Charasse : Et c’est d’ailleursparce que l’affaire a pris une ampleur importante pendant le temps où j’étais au ministère, en particulier avec la technique de ce que l’on appelle les livraisons contrôlées, c’est à dire l’infiltration de nos aviseurs ou quelques fois de douaniers d’ ailleurs, dans les réseaux de drogue … Elise Lucet : Ouais ! Michel Charasse : Et de fonctionnaires donc, de la douane, dans les réseaux de drogue..Euh, qui a conduit à… justement un incident grave. ..Euh…entre 90 et 92, qui s’est retrouvé devant le tribunal de Dijon, puisqu’à l’époque la législation française n’autorisait pas la livraison contrôlée,…le code pénal Elise Lucet : Vous parlez des quatre douaniers qui ont été incarcérés. Michel Charasse : Voilà, donc il y a eu l’affaire de Dijon et ces douaniers ont failli être condamné et ..euh, ils ne l’ont pas été que parce que d’une part j’ai fait voter la légalisation des livraisons contrôlées….Comme je l’ai déclaré un jour, on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre, Elise Lucet : Oui Miche Charasse : Quand on fait la guerre on fait la guerre… Elise Lucet : Ouais… Michel Charasse :On ne fait pas la guerre avec le, avec le code pénal dans la poche ou avec des prières ou la bible ou le portrait de Mahomet. Elise Lucet ; Donc si on veut coincer des trafiquants, il faut utiliser leurs méthodes ! Miche Charasse : Donc, très bien euh…Il faut utiliser leurs méthodes, il faut aller les chercher là où ils sont. Elise Lucet : Honhon. Michel Charasse : Vous savez ce sont des tueurs, je parle pas du petit, du petit merdeux, du petit dealer, du pauvre gamin… Elise Lucet : Non, non, on parle des Locatelli, des gens comme ceux qu’on a vu dans le reportage. Michel Charasse:Etc… je parle, voilà, des gros. Ce sont des tueurs ! Par conséquent, on va pas attraper les tueurs en leur récitant des cantiques. Elise Lucet : Alors, on en vient à la situation actuelle, si vous le voulez bien… Michel Charasse : On tire d’abord et on discute après………………………. Elise Lucet :……………….Euh, on va en venir à la situation actuelle si vous le voulez bien… Michel Charasse : J’ai sur ce plan là, quand on a affaire à des tueurs, une notion de l’Etat de droit qui est assez flexible… Elise Lucet :.Michel Charasse, pour terminer, on a bien compris que vous ne vouliez pas parler du dossier de Fievet, mais est-ce qu’il y a en France … des aviseurs de la douane et là je parle pas forcément du moment où vous, vous y étiez, qu’on a laissé tomber… Michel Charasse : ……………..A mon époque, je n’ai pas entendu dire qu’on avait laissé tomber qui que ce soit… Elise Lucet : Donc, on laisse pas tomber les aviseurs ? Michel Charasse :………Mais, on laisse tomber personne …Il faut laisser tomber personne. Lorsque vous êtes engagé dans une bataille….Euh, et ben…Euh…Euh, vous faites le nécessaire pour sauver tous vos soldats… Elise Lucet : C’est pas ce que Fievet a l’air de penser… Michel Charasse : (6 secondes de silence).Chacun pense ce qu’il veut, moi je vous dis simplement que quand on voit les résultats qu’on voit, il faut bien que…euh, l’administration des douanes soit soutenue par son ministre et qu’elle soutienne tous ceux qui collaborent, fonctionnaires ou non à ses activités. Elise Lucet : Michel Charasse, merci d’avoir répondu à nos questions.
El conflicto actual de Libia ha facilitado su transformación en un promisorio centro de tránsito de cocaína
En el transcurso de una semana se conocieron dos hallazgos de cocaína en dos contenedores de carga distintos con destino a Libia, un fuerte indicio de que tanto el país norteafricano como la región entera están convirtiéndose en nuevas rutas de tránsito para la cocaína hacia Europa y el Medio Oriente
Pour Marc Fievet: « l’esprit reste, mais c’est pas mon histoire »
Le film avec Gilles Lellouche et Tahar Rahim sera diffusé ce dimanche au Canada. Il s’inspire de la vie de Marc Fiévet, ancien agent infiltré des douanes, pour qui l’aventure s’est mal terminée (il a purgé onze ans de prison). L’homme se bat toujours pour que soit reconnue la responsabilité de l’État français.
C’est vrai que c’est tellement gros, ce qu’il raconte, Marc Fiévet.
Présenté par la Douane française aux autorités espagnoles du SVA comme l’agent mis en place sur la Costa del Sol, la Douane ouvrira un restaurant à Estepona en Andalousie avec Fievet et financera l’acquisition d’un cargo. Par la suite, il sera présenté aux autorités anglaises (HM Customs excise), allemandes et américaines (DEA), permettant l’interception de plus de 100 tonnes de stupéfiants.
Un scandale d’État, maintes fois évoqué.
Approché en 1988 par les douanes françaises alors qu’il réside à Gibraltar, il devient aviseur, chargé de mettre l’administration sur la piste des narcotrafiquants. Il est bon, Fiévet, c’est même le meilleur, dit-on de lui à Paris. Mais il est arrêté en Espagne en 1994, puis extradé au Canada, à la suite de l’arraisonnement d’un navire contenant plusieurs tonnes de cocaïne. Il fera par la suite « 3 888 jours de prison, une balade carcérale à travers l’Atlantique Nord ». Le pacte qui le liait avec les douanes françaises a été rompu par François Auvigne, un nouveau directeur général de la Douane française, un IGF, qui n’avait rien à faire de son histoire et qui a refusé d’accéder aux demandes insistantes de Jean Puons le patron d’alors de la DNRED.
Lâché par des pleutres
Cela fait vingt ans qu’il remue ciel et terre pour que ce « lâchage injuste et majeur » soit reconnu. La justice l’a blanchi en 2006, sans que la responsabilité de l’État soit établie. Il a écrit des livres (L’Aviseur, Gibraltar, Dans la peau d’un narco, Infiltré), effectué un tour de France en camping-car en 2007, squatté les médias…
Aujourd’hui, à 76 ans, Marc Fievet est chauffeur routier sillonnant l’Europe au volant d’un frigo de 44 tonnes, se levant à 3 h du matin quand il ne passe pas la nuit au volant pour livrer viande ou autres denrées périssables. « Je dois travailler pour vivre et assurer mes responsabilités familiales », dit-il, sans sembler nourrir quelque amertume de sa situation. « Je ne suis pas malheureux ! J’ai vécu six ans dans le stress (ses années d’infiltré) puis j’ai fait onze ans de prison, alors… »
Il a profité et profite encore aujourd’hui de l’exposition médiatique du film pour « dénoncer et dénoncer encore l’irresponsabilité des hauts fonctionnaires de la Douane Française ».
Coscénariste dans une première mouture du projet, il n’a finalement pas participé à l’élaboration du long-métrage, qu’il juge « édulcoré » par rapport à ce qu’il a vécu. » L’esprit reste, mais c’est pas mon histoire. Nulle part n’apparait le fait que j’ai été adoubé par Michel Charasse, le ministre du Budget de l’époque! Par contre la lâcheté de la Douane française est bien démontrée. «
Le dossier de Marc Fievet est toujours classé « secret défense »
Pour Michel Charasse, »On ne fait pas la guerre avec le code pénal dans la poche ou avec des prières ou la bible ou le portrait de Mahomet »
Elise Lucet : Invité de Pièces à conviction, Michel Charasse, bonsoir…
Michel Charasse : Bonsoir.
Elise Lucet : Vous êtes l’ancien ministre du budget de 1988 à 1992 et sénateur du Puy de dôme, c’est la raison pour laquelle, nous sommes exceptionnellement au Sénat pour réaliser cet interview…Euh, vous ne souhaitez pas parler de, de l’affaire Marc Fievet…Est-ce que je peux vous demander quels étaient vos rapports, lorsque vous étiez ministre du budget avec ces aviseurs, je crois que vous avez souhaité les rencontrer, pourquoi ?
Michel Charasse :Lorsque je suis arrivé au ministère du budget en mai…juin 88 , l’administration des douanes dont l’une des fonctions importantes est de lutter contre tous les trafics …de drogue, d’argent, euh, contre-façon..etc. prenaient par an à peu près 5 tonnes de drogue. Lorsque j’ai quitté le ministère le 2 octobre 1992, nous étions à 35 tonnes par an. C’est à dire multiplier par 5, par 7 pardon…
Elise Lucet : Oui !
Michel Charasse : En, en un peu plus de quatre ans………..Vous pensez bien que tout ceci a nécessité une organisation
Elise Lucet :Honhon !
Michel Charasse : Ou .une réorganisation….Bien entendu ce n’est pas moi qui est tout inventé, mais j’ai donné à la douane beaucoup de moyens…avec l’argent du contribuable, pour en faire une véritable arme contre les trafiquants et notamment les trafiquants de drogues…
Elise Lucet : Et parmi ces armes, il y avait les aviseurs
Michel Charasse : Et parmi ces armes il y avait la collecte de renseignement et dans l’ensemble des renseignements, il y avait bien entendu les renseignements fournis par les aviseurs…
Elise Lucet : Beaucoup ?
Michel Charasse : Des aviseurs plus nombreux, mieux organisés, des relais mieux organisés par l’intermédiaire des , des, des correspondants que la douane pouvait avoir à l’étranger sous couverture planquée ou officielle, attachés douaniers dans les ambassades etc. etc…Donc bien entendu, on a dû beaucoup, enfin beaucoup a été dû aux renseignements…
Elise Lucet : Oui !
Michel Charasse : Et c’est d’ailleursparce que l’affaire a pris une ampleur importante pendant le temps où j’étais au ministère, en particulier avec la technique de ce que l’on appelle les livraisons contrôlées, c’est à dire l’infiltration de nos aviseurs ou quelques fois de douaniers d’ ailleurs, dans les réseaux de drogue …
Elise Lucet : Oui !
Michel Charasse : Et de fonctionnaires donc, de la douane, dans les réseaux de drogue..Euh, qui a conduit à… justement un incident grave. ..Euh…entre 90 et 92, qui s’est retrouvé devant le tribunal de Dijon, puisqu’à l’époque la législation française n’autorisait pas la livraison contrôlée,…le code pénal
Elise Lucet : Vous parlez des quatre douaniers qui ont été incarcérés.
Michel Charasse : Voilà, donc il y a eu l’affaire de Dijon et ces douaniers ont failli être condamné et ..euh, ils ne l’ont pas été que parce que d’une part j’ai fait voter la légalisation des livraisons contrôlées…. Comme je l’ai déclaré un jour, on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre,
Elise Lucet : Oui
Miche Charasse : Quand on fait la guerre on fait la guerre…
Elise Lucet : Oui… Michel Charasse :On ne fait pas la guerre avec le, avec le code pénal dans la poche ou avec des prières ou la bible ou le portrait de Mahomet
Elise Lucet :Donc si on veut coincer des trafiquants, il faut utiliser leurs méthodes !
Miche Charasse : Donc, très bien euh…Il faut utiliser leurs méthodes, il faut aller les chercher là où ils sont
Elise Lucet : Honhon.
Michel Charasse : Vous savez ce sont des tueurs, je parle pas du petit, du petit merdeux, du petit dealer, du pauvre gamin…
Elise Lucet : Non, non, on parle des Locatelli, des gens comme ceux qu’on a vu dans le reportage.
Michel Charasse: Etc… je parle, voilà, des gros. Ce sont des tueurs ! Par conséquent, on va pas attraper les tueurs en leur récitant des cantiques.
Elise Lucet : Alors, on en vient à la situation actuelle, si vous le voulez bien…
Miche Charasse :On tire d’abord et on discute après……………………….
Elise Lucet :……………….Euh, on va en venir à la situation actuelle si vous le voulez bien…
Michel Charasse :J’ai sur ce plan là, quand on a affaire à des tueurs, une notion de l’État de droit qui est assez flexible…
Elise Lucet :.Michel Charasse, pour terminer, on a bien compris que vous ne vouliez pas parler du dossier de Fievet, mais est-ce qu’il y a en France … des aviseurs de la douane et là je parle pas forcément du moment où vous, vous y étiez, qu’on a laissé tomber…
Michel Charasse : ……………..A mon époque, je n’ai pas entendu dire qu’on avait laissé tomber qui que ce soit…
Elise Lucet : Donc, on laisse pas tomber les aviseurs ?
Michel Charasse :………Mais, on laisse tomber personne …Il faut laisser tomber personne. Lorsque vous êtes engagé dans une bataille….Euh, et ben…Euh…Euh, vous faites le nécessaire pour sauver tous vos soldats…
Elise Lucet : C’est pas ce que Fievet a l’air de penser…
Michel Charasse : (6 secondes de silence) Chacun pense ce qu’il veut, moi je vous dis simplement que quand on voit les résultats qu’on voit, il faut bien que…euh, l’administration des douanes soit soutenue par son ministre et qu’elle soutienne tous ceux qui collaborent, fonctionnaires ou non à ses activités.
Elise Lucet : Michel Charasse, merci d’avoir répondu à nos questions.
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Depuis cet interview, tous les hauts fonctionnaires de la Douane française ont refusé d’assumer les actions menées par Marc Fievet pour le compte de la DNRED.
Plus fort, le TA (tribunal administratif) a refusé le témoignage de Christian Gatard, l’officier traitant de Marc Fievet certifiant que ce dernier n’avait jamais manqué d’honneur envers la Douane.
Il semblerait que l’honneur ne soit pas une vertu connue par les DG Comolli, Viala, Duhamel, Cadiou, Auvigne, Mongin, Fournel, Crocquevieille, Gintz et Braun-Lemaire.
Le dossier de Marc Fievet est toujours classé « SECRET DÉFENSE »
Avec leur bras armé, la DEA (Drug Enforcement Administration), les États-Unis frappent fort…
Mais le trafic se déplace, se transforme, s’adapte. Une nouvelle génération de trafiquants émerge à la fin des années 1970, qui recherche à la fois l’argent et le pouvoir.
Si Pablo Escobar est le plus emblématique de tous, Totò Riina en Sicile, Khun Sa dans le Triangle d’or, et Félix Gallardo au Mexique ont aussi bouleversé le destin de leur pays et fait exploser le trafic à l’échelle mondiale.
Ils défient les États, menacent les pouvoirs en place.
Il faut près de vingt ans pour que ces derniers s’organisent et fassent tomber les quatre barons de la drogue.
Il n’y a pas seulement les armes que le président auto-proclamé de Djibouti acheminerait depuis le Brésil, pour satisfaire un important trafic d’armes orchestré avec la complicité de la société Forjas Taurus, il y aurait aussi la cocaïne.
A l’instar du tristement célèbre Noriega, l’ancien président panaméen, agent de la CIA, Ismail Omar Guelleh tremperait dans le trafic de coke. Des mauvaises langues sans doute, qui émettent ce genre de propos.
Et pourtant, le pot aux roses a été découvert grâce à une minutieuse investigation menée conjointement par les experts de l’Office des Nations Unies de
lutte contre la drogue et le crime (ONUDC) et les enquêteurs de la Drug Enforcement Administration (DEA), l’agence fédérale américaine en
charge de la lutte contre le trafic et la distribution de drogues aux États-Unis et ailleurs.
En effet, ces agents chevronnés de l’ONUDC et de la DEA ont intercepté, fin décembre 2016, un important acheminement de cocaïne.
Ce jour-là, plus de 500 kg de cocaïne en provenance du Brésil, étaient dissimulés dans des sacs et sous un chargement de fleurs (Ah, les fleurs si chères aux Bataves), ont été saisis au port de Djibouti.
Pris la main dans le sac, l’époux d’Odette/Khadra Haid rejette tout de suite la responsabilité sur trois malheureux lampistes avant de les faire jeter en
prison.
Ricky Anthony Parsons, rentre au port de Clarenville-St Jones, au Nouveau Brunswick. Son bateau, le « M/V Cutknife II » est chargé de vingt-sept tonnes de cannabis afghan qu’il a récupéré sur le supplyer en eaux internationales. La Royal Canadian Mounted Police (RCMP) saisit la cargaison.
5 tonnes pour l’Angleterre
Le 3 novembre, un bateau de pêche, le » Schema » est arraisonné par les douanes anglaises à Bideford, en Cornouailles. Il y a cinq tonnes de cannabis afghan à bord.
L’intervention américaine en Somalie perturbe les plans. Des avions de l’US Air force ne cessent de survoler la zone où le cannabis afghan enlevé dans la région de Gwadar, sur la côte ouest du Pakistan, devait être transféré à bord du Melor, entre l’extrême Est du Yémen et le Nord de l’île de Socotra.
Le cargo iranien qui avait chargé dans le port pakistanais n’a pu attendre le Melor et a improvisé en transférant les trente-deux tonnes à bord d’un discret boutre local qui attend sagement le navire Melor dans la zone de Obock, au nord-est de Djibouti, sans attirer l’attention des pilotes américains.
D’un saut d’avion, NS 55 va rejoindre l’équipage en escale à Djibouti avant l’opération de chargement, et s’assure que tout est en ordre.
Le transbordement s’effectuera le 14 juillet 1993 sans problème.
Enregistré à Gibraltar 🇬🇧 – Propriétaire Rio Plata Ltd, compagnie off-shore de Marc Fievet, financé par Marc Fievet et opérations de la DNRED
A réalisé le transport pour l’échelon DNRED de Lyon d’une tonne 285 de cannabis du Maroc à Port la Nouvelle (Saisie fortuite place Belcourt à Lyon d’une tonne) – Opération d’achat-transport réalisée par Jean Pierre Cazet et Michel Ribatet
Enregistré à Gibraltar 🇬🇧 – Propriétaire Rio Plata Ltd, compagnie off-shore de Marc Fievet
Financé en cash à 50 % par le trésor public français et 50 % en cash par John Short, un des lieutenants de Tony White
Infiltration de Marc Fievet dans le vrai narcobusiness
A réalisé plusieurs opérations, aussi bien pour le HM Customs excise anglais que le dernier pour la DNRED: l’enlèvement de 32 tonnes de cannabis au large de Djibouti entrainant « fortuitement » les saisies de 27 tonnes au Canada et de 5 tonnes en Angleterre.
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MV Poseidon
Enregistré à Saint Vincent 🇻🇨 – Propriétaire Fortitude Maritime Research ltd à Gibraltar
Financé par Locatelli en cash sortie de Suisse, via ABN AMRO
Infiltration de Marc Fievet dans le vrai narcobusiness
Avec la participation de Michel Charasse, l’ancien ministre du Budget, de l’ancien directeur de la DST, Yves Bonnet, de l’ancien directeur de la DNRED jean Henri Hoguet et de l’ancien ministre Azouz Begag.
« Brest, France, 18 mars 2019 : Suite à “une information reçue”, de bon matin, les forces de l’ordre procèdent à une perquisition dans un logement du centre-ville. Un “trafiquant” est interpellé et placé en garde à vue, il reconnaît les faits : ces six derniers mois, il aurait acheté quatre kilos de feuilles de khat sur Internet puis les aurait revendues en petits sachets. Pour un bénéfice total de 150 euros ». (Lu dans Le Télégramme du 18 mars 2019)
Prier, se détendre et couper la faim
À l’origine mastiqué par les érudits et dignitaires religieux musulmans des cités de l’est éthiopien, le khat a ensuite étendu sa treille dans les campagnes pour stimuler la prière des croyants mais aussi pour encourager au travail, couper la faim et offrir le temps, tout en mâchant, de discuter et se détendre, entre hommes.
En suivant les routes de l’islam, l’arbre et ses feuilles cabotent de comptoir en comptoir sur les pistes du commerce caravanier vers Djibouti, la Somalie le Somaliland (des pays consommateurs mais non producteurs) ou le Kenya. En empruntant les voies maritimes, il s’implante aussi au Yémen puis aux Comores et Madagascar où il débarque au début du XXe siècle.
Les chemins du khat, Éthiopie, 2001. Lemessa Dessacha, Author provided
Depuis une trentaine d’années, le public de mâcheurs – qui se féminise – s’étend en suivant les diasporas de la Corne de l’Afrique. Ainsi, le bouquet euphorisant poursuit sa route toujours plus loin, toujours plus vite – aux États-Unis, en Europe, en Australie et plus tardivement en Chine – en composant désormais avec les différentes réglementations nationales en vigueur.
Prohibitions
« 24 août 2015 : Golfe d’Oman, Sultanat d’Oman, 1 300 bouquets saisis par la douane ».
Le comité de la pharmacodépendance de l’OMS n’inscrit cependant pas le catha edulis dans la « Convention des Nations unies sur les psychotropes de 1971 ».
En effet, seules deux des principales substances actives contenues dans les feuilles de khat, et non les feuilles elles-mêmes, sont visées par cette convention : la cathinone (inscrite au tableau I) et la cathine (tableau IV) – qui partagent les propriétés des amphétamines de synthèse mais dont les effets, « naturels », sont beaucoup plus faibles.
Un client achète du khat à Harlesden, au nord-ouest de Londres, en juin 2014, quelques jours avant son interdiction et classification C parmi les drogues et substances illicites par le gouvernement britannique.
Justin Tallis/AFP
Il appartient donc à chaque État de légiférer : la France l’interdit en 1957, la Chine très récemment en 2014 alors que d’autres pays, comme l’Autriche, ne le prohibent pas.
Pourtant la consommation et le commerce des feuilles demeurent dans un réseau d’initiés. Des Éthiopiens, Somaliens, Kenyans et Yéménites, du Danemark au Minnesota comme dans le quartier londonien de Camden, mâchent pour adoucir l’exil.
D’autres s’étourdissent :
« Pour les hommes, je te parle de nos pères, c’est le seul moyen de se reposer et de se relaxer […]. À Londres, le week-end, la seule chose qu’ils veulent c’est khatter, être entre eux, comme s’ils n’étaient pas là […] Pour eux, le khat c’est être un Somali, faire comme un Somali, même loin […] ». (A., Dire Dawa, Éthiopie, avril 2013)
Un nouvel ennemi à abattre
Cette méfiance envers le khat répond à des considérations sanitaires : sur le long terme, la consommation de khat provoquerait, selon les études, insomnies, troubles de la sexualité, dénutrition, augmentation des risques de cancer de la bouche et de la gorge.
Mais les enjeux sécuritaires sont également forts. Il y a d’une part la war on drugs impulsée par les États-Unis – dont on sait qu’elle a fait plus de morts que les drogues elles-mêmes.
D’autre part la lutte mondiale contre le terrorisme se profile : l’argent du khat financerait des groupes terroristes en Somalie. Une liaison d’autant plus dangereuse qu’elle n’est pas étayée. La presse américaine ou britannique interrogent ainsi de façon souvent insidieuse, les liens entre khat et terrorisme. Le khat est donc cet ennemi supposé qui guette, dehors.
« Des gangs somaliens ont terrorisé les gens à Lewiston, dans le Maine, où la population africaine a grimpé de plus de 600 pour cent, en un court laps de temps. L’immigration frauduleuse continue. La Sécurité intérieure ne fait rien […]. Quand je pense à ce khat qui y est envoyé, surtout en cette période où on célèbre l’anniversaire du 11 septembre 2001, je ne peux pas m’empêcher de me demander ce qui est importé d’autre que les honnêtes citoyens ne peuvent même pas imaginer ». (Marietta Daily Journal, 4 avril 2012)
Mais le khat n’incarne-t-il pas – surtout ? – cet ennemi qui guette du dedans ? En effet, nombre de [propos recueillis sur le khat] font ressac sur les immigrés, le bruit et l’odeur des hommes [« à la peau sombre »).
« Ici [à Xiaobei, quartier de Canton] les gens ont peur de la police […]. Si tu es noir, pour la police, c’est une certitude que tu vends de la drogue ou que tu en prends […]. La semaine dernière j’ai fêté mon anniversaire dans un club […] avec mes amis, des Éthiopiens surtout, la police a débarqué, ils nous ont tous forcés à pisser dans des tubes […] » (A., étudiant, Guangzhou, Chine, juillet 2018).
Expédier du khat, c’est jouer au billard en plusieurs bandes
Pour déjouer les contrôles et atteindre la clientèle de mâcheurs, les commerçants de Dire Dawa doivent sans cesse redéployer leurs réseaux et trajectoires. Ils expédient par avion vers des pays européens où le khat est autorisé et prévoient ensuite son acheminement avec chauffeur et voiture à travers les territoires de prohibition pour rallier les marchés de Londres ou d’Oslo… Expédier du khat, c’est jouer au billard en plusieurs bandes.
« Il faut repérer des nouvelles destinations, répéter, c’est risqué, il faut changer tout le temps les itinéraires. On repère, on envoie un ou deux personnes en reconnaissance sur place, on leur envoie le colis dans leur hôtel, ils tournent, ou avec une boîte postale, on essaie, et ensuite on change […]. On a fait ça pour Guangzhou [Canton], ça a bien marché. » (D., Dire Dawa, Éthiopie, février 2015)
Or, les délais d’acheminement doivent être très rapides, c’est-à-dire moins de 48 heures avant que ne flétrissent les effets stimulants des feuilles fraîches. À destination des États-Unis, les commerçants recourent aux services express de Fedex/UPS ou empruntent les liaisons aériennes, avec valises en soute, en aménageant une escale pour tromper la vigilance des douaniers face aux arrivages directs « from Ethiopia » d’emblée connotés « khat ».
L’évèque Stanley Karuru offre des prières devant une botte de khat à l’église AIPCEA à Igembe (Kenya) pays particulièrement touché par l’interdiction d’exportation de khat au Royaume-Uni en 2014. Tony Karumba/AFP
Lyophilisé et réhydraté au Coca-Cola
Il est également possible d’affréter un container au départ du port de Djibouti. Avec détour, par Hanoï. Direction la Chine, pour noyer le khat dans le trafic qui met le cap sur les États-Unis. Plus modestement, et plus fréquemment, tout un chacun peut aussi prendre le chemin de la poste de Dire Dawa et envoyer son colis, toujours en ricochet.
« Je ne connais pas le gars aux États-Unis mais il connaît un gars de Dire Dawa qui m’appelle […]. Moi, j’envoie d’abord au Kenya, j’ai un ami là-bas […] qui envoie en Chine […] c’est pour effacer les traces, Dire Dawa, ils savent que c’est le khat […] et de la Chine, le gars envoie aux États-Unis […]. Le gars des États-Unis connaît le gars de Chine et le gars de Dire Dawa […]. Moi, je connais que le gars au Kenya et celui de Dire Dawa […] ». (Conversation dans un salon de khat, Dire Dawa, Éthiopie, avril 2014)
Dans ces deux derniers cas – container de 20 pieds ou boîtes à chaussures – la lenteur du transport impose alors de lyophiliser la marchandise : le khat est préalablement séché, réduit en poudre (étiqueté « henné » ou « thé ») et, à son arrivée, il est réhydraté au Coca-Cola.
« On ne fait pas les colis pour devenir riche, c’est la famille là-bas qui a besoin aussi de cette rentrée d’argent. Ce sont les femmes là-bas, surtout, qui nous demandent d’envoyer le khat, elles le vendent et avec le bénéfice, elle nous aide ici, participent aux dépenses de la famille. » (Conversation dans un salon de khat, Dire Dawa, Éthiopie, avril 2013)
Ces stratégies de contournement à l’international ont un coût financier et la probabilité accrue de tout perdre décourage de plus en plus et notamment ceux qui n’ont pas les moyens de prendre des risques. Il leur resterait alors le commerce transfrontalier et local. Quoique…
À Madagascar, les fermiers et paysans aussi cultivent le khat.
En Éthiopie : une manne financière à contrôler
Si le khat suit des chemins qui l’emportent au loin, rappelons toutefois que la première destination d’exportation des feuilles cultivées dans l’est éthiopien est le Somaliland, où 60 000 kilos sont exportés quotidiennement en toute légalité.
Une entreprise privée, la 571, gérée par un couple éthio-somaliland, exerce un monopole grâce, notamment, à sa flotte de livraison : 25 camions ISUZU FSR (contenance de 8 tonnes au moins) et deux Antonov basés sur le tarmac de Dire Dawa.
La seconde destination, tout aussi autorisée, est celle de Djibouti où chaque jour, 15 000 kilos y sont expédiés légalement.
Aujourd’hui quatre grandes compagnies « privées » (mais non sans lien avec l’État parti) et une centaine de licences attribuées – majoritairement à des hommes – trustent la filière en partenariat avec une société relais djiboutienne (la SODJIK) qui réalise en moyenne, à la revente, un chiffre d’affaires annuel de 32,8 millions de dollars.
Cette « rationalisation » du secteur de l’exportation au début des années 2000 – à l’ère du « libéralisme politique » et de la « libéralisation économique » – permet à l’État éthiopien de contrôler une partie des revenus générés par le khat ; de faire émerger ses propres figures de la réussite ; de limiter la prolifération d’outsiders locaux qu’il lui serait plus difficile d’identifier, de taxer et de surveiller. Et ce d’autant plus que dans cette région orientale, mâcher ensemble dans l’intimité des salons serait associé, vue du Palais, au complot et à la contestation sociale.
De plus, favoriser quelques entreprises fidélisées permet à l’État de manœuvrer politiquement dans cette région où des fronts de libération ont contesté/contestent le pouvoir de l’autorité centrale. Ainsi l’un de mes informateurs me rapporte à propos d’un des gros distributeurs de khat de la ville :
« Tu distribues le khat, tu fais de l’argent, tu deviens riche alors le gouvernement vient vers toi […]. Ils veulent […] que tu te présentes aux élections pour eux. C’est avec le khat qu’on gagne les élections ici à Dire Dawa et dans l’Ogaden ». (L., Dire Dawa, mars 2015).
Les femmes, ces aventurières quotidiennes du khat
Si le secteur se réorganise, la contrebande aussi : de Dire Dawa au Somaliland, 30 000 kg transiteraient par jour, tandis que 3 000 kg passeraient en douce vers Djibouti. Si le contrôle de l’État n’est pas sans faille, si les trafics demeurent, ce sont en revanche ses acteurs qui changent peu à peu.
« Il y avait une majorité de femmes sur les trains […], je dirai 80 % de femmes, surtout des femmes issas et oromos […] elles se faisaient taxer à chaque station, dès Dire Dawa, mais personne ne les empêchait de faire leur business, tout le monde y participait, on y gagnait tous […] sans la contrebande, Dire Dawa serait morte ». (J., Dire Dawa, février 2014)
En effet, des années 1970 au début des années 2000, ce sont les femmes qui embarquaient à bord des trains vers Djibouti avec du khat frais et redescendaient à Dire Dawa avec des produits de consommation courante (boîtes de sardines, vêtements) bravant la répression policière et les abus de pouvoir des hommes.
« Il était impératif pour ces commerçantes de coopérer avec le personnel du chemin de fer […]. Oui, les gars les aidaient parce qu’ils avaient couché avec elles […]. » (H., Dire Dawa, avril 2013).
Aux décisions politiques de réorganisation de la filière d’exportation (qui profitent à certains hommes, et bien moins aux femmes) s’ajoute celle de mettre fin à la circulation du train vers Djibouti.
Pour les commerçantes, ce coup de sifflet marque la fin du voyage et le repli sur les petits et grands marchés de khat locaux où, derrière leurs étals, elles exercent le monopole de la vente de proximité.
Pour l’’heure les femmes résistent d’autant mieux que les représentations sociales font encore rimer la vente du khat au féminin. Cette spécificité genrée de l’activité est volontiers justifiée par la division sexuelle du travail, par la soi-disant inadéquation féminine au ruminage, par les qualités essentialistes attribuées aux femmes mais, plus encore, par la corrélation entre l’effet que suscite la vendeuse et celui « sensuel » que procure le bouquet au mâcheur qui maintient les dames comme vendeuses et les messieurs comme clients.
Mais, pour combien de temps encore ce pré-carré ?
Devantures d’étals vendant du khat à Djibouti, mai 2015. Carl de Souza/AFP
Une autre mondialisation
Tantôt fléau à éradiquer, tantôt or vert qui fait vivre une région entière, le khat peut être lu comme une marchandise ambivalente qui change de statut, de valeur et de matérialité car ses circonvolutions à l’international l’exposent à l’altérité, aux différents bastions moraux. À la confrontation des normes. Aux rapports de pouvoir.
Ainsi, loin de Davos et de Wall Street, il y a ces resquillages permanents de commerçants qui continuent d’alimenter les marchés internationaux ; il y a aussi ces consommateurs qui continuent à se repaître à travers le monde, quelles qu’en soient les conséquences – puisque devenir un citoyen modèle ne serait pas compatible avec le masticatoire ; il y a enfin ces anciennes contrebandières sédentarisées qui doivent composer avec une potentielle confiscation des hommes.
L’ouverture d’une nouvelle ligne de train entre l’Éthiopie et Djibouti en 2018 bénéficiera-t-elle aussi aux vendeuses de khat ?
Suivre la marchandise khat propose donc de s’immerger dans une autre mondialisation, non pas celle des grandes entreprises transnationales, mais celle plus « discrète », celle dite « par le bas », pour en cerner certains des enjeux économiques et politiques. Entre l’intime et le monde, entre connexions et déconnexions, il convient d’entendre aussi ce que les hommes font du khat et ce que le khat, sur un marché globalisé, fait aux hommes. Et plus encore, aux femmes.
L’auteure vient de publier Puissance khat, Vie politique d’une plante stimulante aux éditions PUF.