AVISEUR INTERNATIONAL

Aviseur International renseigne sur la problématique de la drogue, du narcotrafic et sur les politiques mises en œuvre par les différents Etats. ———- CONTACT par email: ns55dnred@outlook.fr ou WhatsApp: 33 (0) 6 84 30 31 81 Suivez @MarcFievet sur TWITTER

AVISEUR INTERNATIONAL

DROGUES & CERVEAU – OPIACES &TRANQUILLISANTS

INDOCHINE (Saïgon): quand la Douane vendait de l’opium pour le gouvernement français…

En 1881, l’État se fit fabricant de drogue à Saïgon, alors en Indochine française, comme il était fabricant de tabac en métropole.

Par Gérard-Michel Thermeau.

Tout avait bien commencé pourtant. La loi du 19 juillet 1845 assimilait l’opium à un poison, le rangeant, au même titre que la morphine, dans la liste des substances vénéneuses et renforçant son contrôle à la vente. À l’occasion de l’Exposition universelle de 1851, les Français dénonçaient vertueusement les méthodes britanniques en Inde : l’administration fiscale britannique avait créé des bureaux de débit de liqueurs et d’opium pour favoriser les recettes de la taxe dite akbarie. Seuls des Anglo-saxons pouvaient ainsi faire fi de la santé publique pour remplir les caisses de l’État.

Dix ans plus tard, toutes ces belles intentions et ces nobles indignations avaient été oubliées. La Cochinchine était devenue une possession française : la conquête de l’Indochine commençait. Avec l’arrivée d’immigrants chinois, la consommation d’opium allait se développer. L’administration coloniale française vit tout de suite les profits qu’elle pouvait en retirer : l’opium fut taxé comme l’était l’alcool. L’impôt fut d’abord affermé à des Chinois mais la redevance annuelle rapportait peu en regard de l’accroissement continuel de la vente.

LIRE PLUS

000000

VIETNAM 🇻🇳 (Hué – province de Thua Thiên-Huê) : conférence bilatérale pour faire le bilan des six mois de mise en œuvre du protocole d’accord de coopération dans la prévention et la lutte contre la drogue

Le protocole d’accord de coopération en matière de prévention et de lutte contre la drogue entre les ministères vietnamien et lao de la Sécurité publique a été signé le 9 août 2021 à Vientiane.

En six mois de mise en œuvre de ce protocole d’accord, les forces vietnamiennes ont découvert 112 affaires de trafic de drogue depuis le Laos au Vietnam, arrêté 140 trafiquants et saisi 83,6 kg d’héroïne et 109 kg de drogues de synthèse.

source et plus

000000

AVISEUR INTERNATIONAL : les toutes dernières « NARCONEWS » via Twitter

ASIE : le Vietnam 🇻🇳 et le Laos 🇱🇦 s’unissent dans la lutte contre la drogue

Le ministre de la Police, Tô Lâm, a exhorté les unités concernées à compléter rapidement le projet d’accord sur la coopération en matière de prévention et de contrôle des drogues entre le ministère vietnamien de la Police et son homologue lao.

La partie vietnamienne devrait partager ses expériences et aider le Laos à compléter son système juridique à cet égard, notamment dans la gestion des toxicomanes et des usagers de drogues illégales, a-t-il déclaré.

lire

000000

VIETNAM 🇻🇳 (tribunal de Tay Ninh) : le footballeur nigérian Theophius Ugwu a été condamné à mort mardi dernier pour trafic de méthamphétamine

Theophius Ugwu avait été arrêté le 8 mars 2020 en possession d’environ 6kg de méthamphétamine, en provenance du Cambodge.

source

000000

VIETNAM 🇻🇳 (province de Tây Ninh) : un Nigérian condamné à mort pour trafic de drogue

Le Tribunal populaire de la province méridionale de Tây Ninh a condamné à mort, par jugement de mardi 2 mars, Ekwegbalu James Nzube, né en 1976, de nationalité nigériane, pour trafic de drogue.
°°°°°
Ekwegbalu James Nzube a été arrêté, à 20h00 le 30 juillet 2020, en train d’entrer illégalement au Vietnam depuis le Cambodge par des gardes-frontières à la borne frontière N°170/3 dans la commune Loi Thuân, district de Bên Câu, province de Tây Ninh.

Il venait du Cambodge avec quatre paquets dans ses bagages contenant près de 4 kg de cristaux blancs, confirmés plus tard comme de la méthamphétamine.

A t-il été utilisé comme appât ‘offert’ aux gardes-frontières alors qu’une quantité plus importante passait au même moment?

000000

NARCO-BUSINESS: le trafic se déplace, se transforme, s’adapte.

Avec leur bras armé, la DEA (Drug Enforcement Administration), les États-Unis frappent fort…

Mais le trafic se déplace, se transforme, s’adapte. Une nouvelle génération de trafiquants émerge à la fin des années 1970, qui recherche à la fois l’argent et le pouvoir.

Si Pablo Escobar est le plus emblématique de tous,  Totò Riina en Sicile, Khun Sa dans le Triangle d’or, et Félix Gallardo au Mexique ont aussi bouleversé le destin de leur pays et fait exploser le trafic à l’échelle mondiale.

Ils défient les États, menacent les pouvoirs en place.

Il faut près de vingt ans pour que ces derniers s’organisent et fassent tomber les quatre barons de la drogue.

000000

VIETNAM 🇻🇳 (Câu Treo et Hà Tinh): les douaniers vietnamiens saisissent plus de 230 kg de drogue cachés dans des statues en bois

Les douanes en coopération avec des forces compétentes ont arrêté 10 trafiquants et saisi plus de 237 kg de drogue transportés illégalement au Vietnam.

source

000000

VIETNAM 🇻🇳 (province frontalière de Diên Biên): sept personnes condamnées à mort pour trafic de drogue

Les trafiquants de drogue devant le Tribunal populaire de la province de Diên Biên. Photo : qdnd.vn
Sept hommes résidant dans la province frontalière de Diên Biên (Nord) ont été condamnés le 21 août à mort et trois autres à la perpétuité pour trafic de drogue.

000000

VIETNAM 🇻🇳 (Tây Ninh): un Singapourien condamné à mort pour transport de méthamphétamine

Le Tribunal populaire de la province de Tây Ninh (Sud) a condamné à mort, par jugement du 7 août, Cher Wei Hon, né en 1980, de nationalité singapourienne, pour transport illégal de drogue, selon l’article 250 du Code pénal de 2015.

Selon l’acte d’accusation, le 29 juin 2019 à 03h15, Cher Wei Hon a été pris en flagrance avec 9.957,27 grammes de méthamphétamine dans ses bagages.

Lire

0000

VIETNAM 🇻🇳 (Hanoï): un Vietnamien et un Écossais emprisonnés pour trafic de drogue

Nguyen Duc Manh et Andrew Eachan Alexander au Tribunal populaire de Hanoï. Photo : VNA

Hanoï (VNA) – Le Tribunal populaire de Hanoï a condamné le 3 août le Vietnamien Nguyen Duc Manh (né en 1985, domicilié dans le quartier de Phuc Tan, arrondissement de Hoan Kiem, Hanoï) à 18 ans de prison et l’Ecossais Andrew Eachan Alexander à deux ans de prison pour trafic illégal de drogue selon l’article 251 du Code pénal de 2015.

Nguyen Duc Manh a été accusé de trafic de 232 grammes de drogue de synthèse et de près de 2 grammes de kétamine, tandis qu’Andrew Eachan Alexander était impliqué dans le commerce de 1,424 gramme d’ecstasy et de méthamphétamine et de 5 grammes de marijuana.-VNA

LIRE

000000

VIETNAM 🇻🇳: un Chinois arrêté avec 300 kilos d’héroïne

Un Chinois a été interpellé en possession de plus de 300 kilos d’héroïne à l’arrière de son pick-up dans le sud du Vietnam, a annoncé la police jeudi.

«Des cartons pleins de blocs d’héroïne ont été trouvés» lors du contrôle de ce véhicule «suspect» à Ho-Chi-Minh-ville, l’ex-Saïgon, la capitale économique du Vietnam, a annoncé le ministère de l’Intérieur dans son journal officiel.

LIRE PLUS

00000

VIETNAM (Hanoi): sentences three drug dealers to death for drug trafficking

A Hanoi court Thursday sentenced three men to death and one man to life imprisonment for drug trafficking.

They were found guilty of smuggling and transferring meth from China to Vietnam.

Dao Van Khoan, 56, and Luu Van Hung, 45, received the death sentence for trading in drugs while Dao Van Tung, 25, was sentenced to death for illegal transportation of narcotics.

For the same charge, Tran Hieu Nghia, 36, was sentenced to life.

Read more

00000000

VIETNAM (Môc Châu): conférence bilan de la lutte contre la criminalité liée à la drogue à Son La

La conférence bilan de la lutte contre la criminalité liée à la drogue dans les zones frontalières des districts de Môc Châu et Vân Hô, province montagneuse de Son La (Nord-Ouest), a eu lieu le 1er octobre à Môc Châu, ce en présence de la présidente vietnamienne par intérim Dang Thi Ngoc Thinh.

La présidente par intérim Dang Thi Ngoc Thinh et les délégués à la conférence. Photo: Nhan Sang/VNA/CVN

L’événement a fait le bilan des résultats de six mois de mise en œuvre du plan No 892/KH-BTL daté le 26 mars 2018 du Commandement des gardes-frontière visant à lutter contre les criminels armés liés à la drogue à travers les zones frontalières des districts de Môc Châu et Vân Hô, pour tirer des leçons en faveur d’autres localités.

Après six mois de mise en œuvre du Plan No 892 KH/BTL, les activités de sensibilisation auprès des habitants pour prévenir et lutter contre les fléaux sociaux ainsi que la criminalité liée à la drogue ont été renforcées. La conscience des cadres et habitants des zones frontalières concernant ces problèmes a été améliorée et le système politique au niveau local a été consolidé.

lire plus:

https://www.lecourrier.vn/conference-bilan-de-la-lutte-contre-la-criminalite-liee-a-la-drogue-a-son-la/521181.html

000000000000000000000000000000000000000

NARCO-MONDIALISATION: histoire et géopolitique du trafic des opiacés en Asie du Sud-Est

En 1972, l’universitaire américain Alfred McCoy, professeur à l’université du Wisconsin, publiait un ouvrage désormais classique: La politique de l’héroïne en Asie du Sud-Est.

Il y étudiait dans la (longue) durée le trafic des opiacés dans cette région du monde, pointant les relations troubles de pouvoir entre États, agences de renseignement (notamment la CIA), armées régulières, guérillas, contrebandiers, confréries mafieuses et populations traditionnelles, tous pris dans la nasse de la guerre froide.

En s’appuyant en partie sur McCoy et sur d’autres travaux, retraçons ici la géopolitique de cette région-clé dans le trafic international d’opiacés, dont l’âge d’or fut les années 1960-1980.

Publié le 25 Septembre 2017
par  Alexandre Marchant, ENS, Cachan

L’économie coloniale de l’opium

L’opium a une vieille histoire en Asie du Sud-Est. Les populations Hmongs (ou Méos) des régions montagneuses du Laos, de Thaïlande ou du Vietnam, ou encore les communautés chinoises du Yunnan, cultivent traditionnellement le pavot depuis des siècles. Mais les premiers acteurs géopolitiques qui firent de cette région du monde un foyer majeur du trafic de stupéfiants furent les États.

Au XIXe siècle, les Britanniques inondèrent l’Empire de Chine d’opium indien à la suite de deux guerres authentiquement impérialistes (1839-1842, 1856-1860), afin d’ouvrir un juteux marché les armes à la main. Dès lors, l’économie de l’opium fut au cœur des empires coloniaux qui se mirent en place au XIXe siècle. Dès la conquête de l’Annam et du Tonkin, les colons français du Second Empire puis de la IIIe République comprirent le profit qu’ils pouvaient tirer de la culture et de la vente de l’opium. D’une «ferme de l’opium» mise en place dans les années 1860, l’administration coloniale mit en place en 1881 le régime de la Régie directe, en situation de monopole. Une manufacture d’opium fut installée à Saïgon, raffinant de l’opium acheté principalement aux Indes (et non dans les régions périphériques du pays), à destination des pharmacies mais aussi des fumeries. Au début du XXe siècle, un quart des recettes dans le budget de l’Indochine, soit environ 8 millions de piastres, provenait de la vente d’opium à prix fixé par la Régie1. Ailleurs, les colonisateurs établirent le même type de régime, comme les Néerlandais en Indonésie, ou privilégièrent la libre concurrence des compagnies d’opium, comme les Britanniques à partir de leurs concessions chinoises. Le gâteau chinois était aussi partagé par les Français qui jouirent, entre 1898 et 1945, de la possession d’un petit territoire côtier, Kouang-Tchéou Wan ou Fort Bayard.

À partir de 1914, l’administration française y créa une petite Régie, raffinant l’opium et le vendant à des intermédiaires commerciaux (y compris des contrebandiers chinois) pour l’exporter vers la Chine continentale2.

Lire aussi: INDOCHINE (Saïgon): quand la Douane vendait de l’opium pour le gouvernement français…

Cependant, cette économie florissante se retrouvait en porte-à-faux avec le système des conventions internationales, institué à la conférence de La Haye en 1911, perfectionné après la Grande Guerre sous l’égide de la Société des Nations (SDN)3. La catastrophe sanitaire de l’opiomanie en Chine fournissait les images de décadence pointées par les ligues de vertus en Europe et aux États-Unis. Mais toutes les administrations coloniales violèrent hypocritement, pendant des années encore, la prohibition internationale. Le profit était trop important: en Indochine française, par exemple, les recettes des ventes d’opium passèrent à 30 millions de piastres dans l’entre-deux-guerres. Le Japon eut une trajectoire différente, imitant les méthodes des Européens: il raffina industriellement de l’opium cultivé massivement dans le protectorat du Mandchoukouo, en injectant une grande partie dans la contrebande internationale. La SDN considérait en 1937 que 90% des opiacés illicites vendus dans le monde venait des Japonais. Le Japon dissimula à Genève la production de plus de sept tonnes d’héroïne dans les années 1930 et se lança jusqu’à la fin de la guerre dans une politique d’intoxication des populations occupées aussi bien en Chine qu’en Corée4. Il fallut la guerre et la décolonisation pour mettre un terme à ces économies semi-légales. L’ONU se chargea de rappeler après-guerre les règles du contrôle des stupéfiants au Japon vaincu. En 1949, la Chine devint communiste et Mao lança une véritable guerre à la drogue, assimilée à un poison déversé sciemment par les colonisateurs occidentaux. Cependant, au début des années 1960, les Américains soupçonnaient la persistance de cultures clandestines dans la province du Yunnan, avec la complicité des autorités, malgré le discours antidrogue de Pékin. De grosses quantités d’opium auraient franchi la frontière sino-birmane ou sino-thaïlandaise, leur vente servant à financer, par des revenus occultes, le parti communiste chinois. Pour transformer cet opium, des laboratoires clandestins fonctionnaient à Hong Kong, en Thaïlande, à Singapour, au Laos ou encore à Macao, et utilisaient depuis les années 1950 une main d’œuvre essentiellement composée de Chinois, dont la diaspora avait historiquement essaimé dans toute l’Asie du SudEst5. Enfin, toute activité de production légale d’opium cessa en Indochine à l’indépendance en 1954, mais la contrebande régionale survécut.

Armées, agences de renseignements et contrebandiers au temps des guerres indochinoises

Après les États, la géopolitique de la drogue fut aussi façonnée par les armées et surtout les agences de renseignements («l’État profond») qui participèrent à leur manière à l’effort de guerre, sachant que la péninsule indochinoise fut ensanglantée pendant presque trente ans. Pendant la guerre d’Indochine, le Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (SDECE), autrement dit le contre-espionnage français, encouragea la culture du pavot par les Hmongs et les Thaïs des montagnes du nord et organisa son transport et sa revente, ramenant ensuite les fonds récoltés aux producteurs. Les commissions prélevées permirent de financer une partie des opérations militaires. Cette «Opération X» fut découverte en 1953 à la suite d’irrégularités comptables pointées par un officier trésorier du Groupement de commandos mixtes aéroportés (GCMA), émanation du SDECE créée en 1951. Elle dévoilait les responsabilités du général Salan, de l’armée régulière, et du colonel Belleux, du SDECE. Un avion Dakota avait transporté 1,5 tonne d’opium depuis le Laos en janvier 1953, marchandise ensuite stockée dans les locaux du GCMA à Saigon. L’opium était ensuite confié pour la revente locale et internationale aux Bihn Xuyen, confrérie criminelle de Cochinchine dont le quartier général, la salle de jeux du «Grand Monde», était basé à Saïgon et dont le chef, le parrain de la pègre Le Van Vien, était un ancien révolutionnaire qui s’était désolidarisé du Vietminh. Alfred McCoy fut l’un des premiers à évoquer cette trouble affaire dans son ouvrage de 1972, sur laquelle d’autres historiens ont travaillé depuis6.

En réalité, utiliser les ressources de la drogue pour financer un conflit n’avait rien d’exceptionnel, et l’Armée populaire du Vietminh ne se gênait pas pour faire de même de son côté, sur des surfaces bien plus conséquentes. Le financement des forces françaises par ce biais demeurait modeste: le trafic de piastres avait dans le même temps rapporté bien plus. Il s’agissait avant tout de s’attacher les populations montagnardes, opposées aux ethnies annamites constituant le Vietminh, afin d’obtenir des renseignements dans une zone stratégique, non loin de la frontière chinoise, puis de créer des maquis chargés de prendre à revers les forces d’Ho Chi Minh. Après la découverte du pot-aux-roses, le GCMA proposa de faire transiter les cargaisons par Bangkok mais Paris n’écoutait plus et le trafic fut stoppé net.

En 1954, tous les Français ne quittèrent pas l’Indochine. Des contrebandiers-aventuriers restés à Saïgon, à Ventiane ou à Phnom-Penh, reprirent le flambeau du commerce informel de l’opium, mais aussi de la morphine et de l’héroïne, produits par les laboratoires clandestins de la région. Ils se dissimulaient derrière la façade d’hôtels, de restaurants ou de sociétés de transports, tel un certain Roger Lasen propriétaire et exploitant de la bijouterie Mondia de Ventiane ou Henri Flamant lançant à Bangkok une affaire de produits alimentaires congelés. Parmi eux, on trouvait de nombreux Corses. Ils pouvaient aussi s’appuyer sur la corruption des administrations de ces pays, jeunes et encore fragiles (hormis la Thaïlande), parmi les hauts dignitaires de l’armée ou du gouvernement. Les trafiquants décidèrent à partir de 1962 d’abandonner la voie terrestre pour recourir au transport aérien, moins risqué. Avec la complicité de certains employés de la compagnie Air Lao, des lâchers d’opium, empaqueté dans des boîtes de conserve enveloppées de mousse, furent organisés par Dakotas au-dessus de la mer de Siam. La marchandise était ensuite récupérée par des bateaux de pêche mettant le cap vers Hong Kong ou Singapour. D’autres lâchers avaient lieu au-dessus du Sud Vietnam, rongé par la guérilla révolutionnaire, et dont les autorités, particulièrement corrompues, cherchaient à financer le conflit en faisant flèche de tout bois. Ainsi, l’organisation de Roger Lasen avait passé un accord avec le vice-président du Sud Vietnam, le général N’guyen Cao Ky, afin d’utiliser les aéroports militaires du pays. Cet accord tacite n’empêchait cependant pas les officiers sud-vietnamiens de procéder à des saisies arbitraires sur des appareils pilotés par des militaires laotiens. D’autres lâchers, enfin, étaient effectués dans les hautes montagnes, avec la complicité du général Ouan Rattikoun, chef d’état-major de l’armée laotienne. Ce dernier fournissait aux trafiquants la protection de ses troupes: les avions chargés de stupéfiants atterrissaient sur des bases où le personnel de l’armée les déchargeait. Si un pilote devait atterrir à l’étranger, comme en Thaïlande, l’état-major laotien exerçait des pressions pour le faire libérer. Mais, avec le début de l’intervention militaire américaine au Vietnam en 1964, le survol de la région devint plus risqué: radars et canons antiaériens abattirent plusieurs avions chargés en opium et morphine-base7.

CIA Air Operations in Laos, 1955-1974

Air America C-123 on ramp at Long Tieng, 1970. Photo courtesy of D. Williams

C’est alors que les services de renseignement américains rentrèrent en scène en reprenant l’habitude des collaborations troubles de leurs collègues français.

Recueillant nombre de témoignages au Laos, c’est ce que démontra Alfred McCoy dans son ouvrage en 1972. La compagnie aérienne Air America, utilisée par la CIA pour ses opérations clandestines en Asie depuis 1946 (soutien aux nationalistes chinois, puis aux forces anticommunistes d’Indochine), transportant déjà des marchandises de ravitaillement, fut mobilisée pour acheminer… de l’opium cultivé par les Hmongs et les Thaïs. Les buts de guerre étaient les mêmes que dix ans plus tôt: s’assurer du soutien des maquis Hmong contre le Nord-Vietnam et pouvoir compter sur de brillants meneurs d’hommes comme le général Vang Pao. Le trafic ainsi mis en place dura de 1965 à 1971. Mais il fut lourd d’effets pervers: produit à hauteur de 200 tonnes annuelles, l’opium était raffiné en héroïne dans des laboratoires clandestins de Ventiane ou de Long Tien, sous le couvert de généraux laotiens comme Rattikoun. Puis le produit se retrouva dans les veines des soldats américains en mal de paradis artificiels dans l’enfer de la jungle8. Ces opérations secrètes de la CIA cessèrent (curieusement…) l’année même où le président Nixon lançait aux États-Unis la «guerre à la drogue». Pour autant, l’agence continua d’un autre côté de soutenir le gouvernement thaïlandais, farouchement anticommuniste, fermant les yeux sur l’implication de certains militaires dans le trafic des opiacés.

Guérillas, pouvoirs corrompus et contrebandiers: la genèse du «triangle d’or»

Au début des années 1970, ressources en pavot, pouvoir corrompu et réseaux de contrebandiers faisaient la fortune du Laos dans le trafic d’héroïne en Asie du Sud-Est. Par exemple, un rapport franco-américain sur cette question, en 1971, indiquait que «Georges Campello, patron de bar français à Vientiane, un certain Michel Théodas, le général Kouprasith Abbhay, commandant de l’armée à Vientiane ont réussi à introduire en France de grandes quantités de stupéfiants dans les bagages du Premier ministre du Laos, Souvanna Phouma. Pour la contrebande de ces drogues, ces trafiquants utilisent les bagages diplomatiques, le personnel de la mission culturelle française et les membres de la mission militaire française au Laos. En retournant chez lui en France, chaque membre de cette mission a droit à 350 kg de bagages, avec le privilège d’être étiquetés diplomatiques, pouvant servir au transport de stupéfiants»9. L’utilisation de valises diplomatiques (et la corruption permettant d’accéder à ce type de contenant) est un moyen classique du grand trafic… Tandis que les notables français de l’ex-Indochine jouaient toujours un rôle prépondérant, tel un certain Michel Théodas, évoqué ci-dessus. Notable très en vue à Vientiane, directeur de la Société générale d’exploitation hôtelière et touristique du Laos entre 1963 et 1976, délégué au Conseil supérieur des Français de l’étranger entre 1967 et 1970, il assura, durant cette période, la vice-présidence du Rotary Club. Proche du ministère des Affaires étrangères laotien, il était en étroite relation avec Tiao Sopsaisana, ambassadeur du Laos en France et un dénommé Roger Zoile, trafiquant notoire et associé de la compagnie Lao Air Charter dont les cales servirent à la contrebande d’opiacés. En 1956, Théodas œuvrait pour le compte de la Mission officielle des États-Unis au Laos (USOM) et en utilisait les moyens pour amener des stupéfiants en contrebande à Saïgon et à Hong Kong. Dans les années 1960, il usa de ses réseaux diplomatiques pour envoyer des opiacés dans le reste de l’Asie et même en Europe. Mais aucune enquête ne parvint à débusquer cet intouchable: «En 1968, le service de police en civil de Bangkok a enquêté sur la famille Théodas à l’ambassade française de Vientiane. On lui a répondu que la famille Théodas était au-dessus de tout soupçon et qu’elle était étroitement liée d’amitié avec le Premier ministre Souvanna Phouma.»10… En 1975, la prise du pouvoir par les communistes obligea Théodas à revenir en France mais il poursuivit ses activités de contrebandier. En 1977, la Direction de la surveillance du territoire (DST) identifiait l’un des restaurants asiatiques parisiens dont Théodas était désormais le gérant, le Hang Tcheou, comme un point de passage obligé dans la revente d’une héroïne en provenance d’Asie du Sud-Est11.

À partir de 1975, le régime communiste laotien, la réunification du Vietnam par le Vietminh et la tragédie des Khmers rouges au Cambodge entravèrent pour un temps la production d’opium. Mais un pays indochinois épargné par le péril rouge avait pris la relève: la Birmanie. Le pays n’était pas pour autant stable, ne connaissant que la junte militaire comme forme de gouvernement depuis 1962. Ce qui favorisait les cultures illicites dans les régions frontalières difficiles d’accès et la vente d’opium comme moyen de financer un autre type d’acteurs: les guérillas politiques. Dès la fin des années 1960, le gouvernement birman, afin de lutter contre des groupes ethniques dissidents et contre la présence de groupes armés du Kuomintang (KMT) chinois, chassés de Chine populaire depuis 1949, et contrôlant des régions entières de Birmanie, créa des milices d’autodéfense (KKY). Ces dernières furent autorisées à pratiquer la culture et le commerce de l’opium pour se financer. De son côté, le KMT avait mis en place, dans le même but, des cultures et des raffineries de morphine-base employant des Chinois de Hong Kong. De même, deux chinois de Birmanie, les frères Lo Hsing-Han et Lo Hsing-Minh, fondèrent l’Armée révolutionnaire de l’État Shan-ARES, mouvement sécessionniste en apparence, paravent d’un gigantesque trafic d’héroïne à l’échelle asiatique qui enrichit considérablement les frères Lo. La junte militaire finit par les laisser faire, l’ARES s’imposant comme un utile instrument de lutte contre la démultiplication des maquis communistes. Alliée à des reliquats du KMT, elle bénéficia de soutiens financiers de la part de la CIA, en échange de l’envoi d’agents en Chine «rouge». Même la Thaïlande aida en douce l’ARES, convaincue que son activité affaiblissait directement ou indirectement ses ennemis héréditaires birmans et chinois12.

De leur côté, dissoutes en 1973, les KKY ne rendirent pas les armes mais entrèrent à leur tour en dissidence contre le pouvoir central, à commencer derrière un certain Chan Shee-Fu, surnommé Khun Sa (http://www.liberation.fr/portrait/1995/12/26/khun-sa-61-ans-seigneur-birman-du-triangle-d-or-se-range-des-voitures-apres-avoir-mene-une-vie-qui-s_151421). Ce dernier s’imposa vite sur les couvertures de magazines occidentaux comme le terrible «Seigneur de l’opium», à la tête de la Shan United Army. Dans sa lutte contre le gouvernement de Rangoon, la production et le commerce du pavot constituaient aussi l’essentiel de son financement. Comprenant les potentialités du marché des GI englués au Vietnam, Kuhn Sa accrut sa production annuelle à 400 tonnes13. Mais le départ des Américains au mitan de la décennie l’obligea à trouver de nouveaux débouchés pour éviter la surproduction. Cependant, la réputation du «triangle d’or» (zone frontalière entre Birmanie, Laos et Thaïlande) était désormais faite: des trafiquants d’autres régions du monde vinrent directement s’approvisionner à la source, tel l’Américain Frank Lucas, le «parrain de Harlem», à qui Ridley Scott consacra un film en 2008 (American Gangster). L’héroïne partit donc directement vers l’Amérique du Nord. Dès 1973, les policiers canadiens constataient qu’une héroïne ayant transité par Hong Kong ou Bangkok entrait clandestinement via le port de Vancouver14. Puis ce fut le tour de l’Europe. En 1974, un passeur d’héroïne chinois fut interpellé dans un aéroport parisien: pour l’OCRTIS, la Chinese Connection était née, même si cette expression des policiers français était un peu trop simplificatrice.

Mondialisation du trafic: la Chinese Connection (1974-années 1980)

L’ouverture du triangle d’or vers le marché international était d’autant plus nécessaire que le Laos produisait à nouveau. Dès 1978, afin d’acheter la paix avec les populations Hmongs en sécession, l’État laotien reprit ses mauvaises habitudes en autorisant dans l’ombre: achat, raffinement et transport de l’opium cultivé dans les montagnes. La production, de 50 tonnes en 1984, passa à 250 tonnes en 1987, le pavot devenant la première ressource agricole du Laos15. De son côté, Kuhn Sa se vantait toujours d’une production en centaines de tonnes d’opium. En 1988, interviewé au cœur de la jungle birmane par le journaliste australien Stephen Rice, il proposa, goguenard, au gouvernement australien de lui acheter sa production des huit années à venir pour 50 millions de dollars, afin de mettre un terme au trafic international. Un an après, il narguait les États-Unis en proposant une offre similaire16.

Les laboratoires clandestins d’Asie diversifiaient également les héroïnes acheminées depuis le triangle d’or et proposées sur le marché clandestin à Bangkok, Kuala-Lumpur, Singapour et Hong Kong puis dans le reste du monde. Il y eut l’héroïne brune ou brown sugar, de piètre qualité, coupée à la strychnine ou à la caféine, destinée normalement à être fumée par les consommateurs de Hong Kong mais injectée par les toxicomanes en Europe et en Amérique. Il y eut aussi une héroïne blanche de très grande qualité, purifiée à l’éther après acétylisation: surnommée White China aux États-Unis, sa pureté avoisinait celle de la «marseillaise» de la French Connection. Enfin, au début des années 1980, on trouvait aussi une héroïne «rose» (dite «chinoise» en France) qu’il fallait s’injecter rapidement car elle gélifiait dans la cuillère17. La réexpédition de ces marchandises vers le monde occidental était le fait d’un autre type d’acteurs: les organisations criminelles, les mafias asiatiques étant de gigantesques réseaux transnationaux aux sociabilités très ritualisées et régnant sur le monde du jeu, de la prostitution et de la contrebande. La nouvelle filière internationale de l’héroïne asiatique fut donc dominée dès les années 1970 par les «triades» chinoises implantées dans les communautés chinoises extérieures à la République populaire de Chine: la 14 K, de loin la plus puissante, originaire de Canton, puis repliée sur Hong Kong ; la Ka Ki Nang, basée en Thaïlande ; la Gi Kin San, opérant depuis Singapour et la Sap Baat Chai, ou groupe des 18 Immortels, implantée en Malaisie. Les passeurs recrutés pouvaient être vietnamiens, cambodgiens, laotiens, malais, etc. Des relais, prenant appui sur les diasporas asiatiques, s’implantèrent partout dans le monde: en Europe, c’est aux Pays-Bas que les chefs de la 14 K, composés pour beaucoup de criminels en fuite s’installèrent pour réceptionner et distribuer la marchandise aux autres pays, tel Li Hin Hing, ancien policier de Hong Kong corrompu, devenu trafiquant et dirigeant une maison de jeux à Rotterdam18. Les largesses de la loi néerlandaise anti-opium de 1919 autorisaient les immigrés asiatiques à fumer l’opium dans leurs arrière-salles de boutiques, ou dans des fumeries semi-légales, à condition que ces consommateurs s’abstiennent de tout prosélytisme envers la jeunesse batave19. Le nouvel Opiumwet de 1976 revint sur ces libéralités mais la brèche avait été entrouverte, créant un appel d’air pour les trafiquants asiatiques quand il s’agit d’exporter les surplus du triangle d’or et répondre à la hausse de la demande en Europe. Enfin, n’oublions pas ces particuliers qui, en dehors de toute mafia, se rendirent massivement dans les années 1970-1980 en Thaïlande ou en Malaisie pour acheter de l’héroïne, brune ou blanche, et en ramener pour leurs proches: ce trafic de «fourmis» dépeint par Armand Lercot dans son roman autobiographique Les chiens de Bangkok (1982). Usager-revendeur parti à Bangkok, il se fit trafiquant amateur avant d’être arrêté en 1977 et de connaître pour quelques années les sordides établissements pénitentiaires du pays20.

La filière asiatique de l’héroïne s’essouffla à la fin des années 1980. Les pressions diplomatiques sur les pays producteurs avaient fini par payer: les autorités thaïlandaises appliquaient désormais de façon drastique l’interdiction des produits servant à transformer l’opium et contrôlaient mieux leur frontière au nord de Chiangmai ; le nombre de laboratoires clandestins de production d’héroïne décrut progressivement au Laos et au Cambodge21. Puis les Drug Lords birmans se rendirent: en 1992, Lo Hsing-Han se reconvertit officiellement en homme d’affaires, à la tête de l’Asia World Group, entre Rangoon et Singapour, continuant cependant son activité trafiquante en sous-main ; Khun Sa déposa les armes en 1996 en échange de la promesse de la junte militaire de ne pas être extradé vers les États-Unis. Surtout, le triangle d’or subit la forte concurrence du «croissant d’or», en Asie centrale, qui le supplanta définitivement dans les années 1990: l’Afghanistan est depuis le premier producteur mondial d’opium.

Pour autant, la géopolitique de la drogue en Asie du SudEst n’est pas un domaine forclos. Des guérillas et des mafias restent actives dans le triangle d’or et de nouveaux barons de la drogue, tel le sino-birman Wei Shao Kang, à la tête de la United Wa State Army, une nouvelle guérilla fédérant cette fois l’ethnie Wa, ont mis en place dès les années 1990 des laboratoires de drogues de synthèse. L’ecstasy et surtout la méthamphétamine (yaa baa), après avoir saturé le marché thaïlandais, déferlent désormais sur toute l’Asie…

  • 1. PauleS X. L’opium, une passion chinoise (1750-1950). Paris: Fayard, 2011.
  • 2. Matot B. Fort Bayard: quand la France vendait son opium. Paris: François Bourrin, 2013.
  • 3. Marchant A. Une brève histoire des conventions internationales sur les stupéfiants au XXe siècle. Swaps 2015 ; 80-81: 3-4.
  • 4. Jennings J. The Opium Empire: Japanese Imperialism and Drug Trafficking in Asia, 1895-1945. Wesport: Preager, 1997.
  • 5. United State Senate, Rapport Organized crime and illicit traffic in narcotics. 1965: 680-8.
  • 6. Lepage JM. Les services secrets en Indochine. Paris: Nouveau Monde 2012: 104-11.
  • 7. Dossier Trafic des stupéfiants dans le sud-est asiatique. Archives de l’OCRTIS 1971, 38
  • 8. McCoy A. La politique de l’héroïne en Asie du Sud-Est. Paris: Flammarion, 1992 (1972).
  • 9. Dossier Trafic des stupéfiants dans le sud-est asiatique. Archives de l’OCRTIS 1971, 38
  • 10. Fiche de renseignement sur Michel Theodas. Archives de l’OCRTIS, 1972.
  • 11. Note «trafic de drogue Laos – France» juillet 1972 ; note «détection de restaurants chinois susceptibles de servir de couverture à des trafics de stupéfiants». OCRTIS, mai 1977.
  • 12. Dasse M. Les réseaux de la drogue dans le triangle d’or. In: Cultures et conflits 1991 ; 3: 75-86.
  • 13. Labrousse A. Géopolitique des drogues. Paris: PUF 2004: 20-2.
  • 14. Dasse M. Les réseaux de la drogue dans le triangle d’or. In: Cultures et conflits 1991 ; 3: 75-86.
  • 15. Le problème de la drogue au Canada, 1972-1973. OCRTIS.
  • 16. Khun Sa (Chan Chee Fu), master of the heroin trade, died on October 26th, aged 73. The Economist 8 novembre 2007.
  • 17. LeteurS.Lesproduitsstupéfiants. École nationale de police, 1989.
  • 18. Synthèse des affaires chinoises. OCRTIS 1984.
  • 19. Kort(de)M.Tüssenpatientendeliquent; Het Geschiedenis van het Nederlandse Drugsbeleid.Rotterdam:Verloren 1995: 81-115.
  • 20. LercotA.LeschiensdeBangkok. Paris: Grasset, 1982.
  • 21. Revue internationale de Police criminelle novembre 1988; 415, et janvier 1990; 422.

00000000000000000000000000000000000000000000000

INDOCHINE (Saïgon): quand la Douane vendait de l’opium pour le gouvernement français…

En 1881, l’État se fit fabricant de drogue à Saïgon, alors en Indochine française, comme il était fabricant de tabac en métropole.

Par Gérard-Michel Thermeau.

Tout avait bien commencé pourtant. La loi du 19 juillet 1845 assimilait l’opium à un poison, le rangeant, au même titre que la morphine, dans la liste des substances vénéneuses et renforçant son contrôle à la vente. À l’occasion de l’Exposition universelle de 1851, les Français dénonçaient vertueusement les méthodes britanniques en Inde : l’administration fiscale britannique avait créé des bureaux de débit de liqueurs et d’opium pour favoriser les recettes de la taxe dite akbarie. Seuls des Anglo-saxons pouvaient ainsi faire fi de la santé publique pour remplir les caisses de l’État.

Dix ans plus tard, toutes ces belles intentions et ces nobles indignations avaient été oubliées. La Cochinchine était devenue une possession française : la conquête de l’Indochine commençait. Avec l’arrivée d’immigrants chinois, la consommation d’opium allait se développer. L’administration coloniale française vit tout de suite les profits qu’elle pouvait en retirer : l’opium fut taxé comme l’était l’alcool. L’impôt fut d’abord affermé à des Chinois mais la redevance annuelle rapportait peu en regard de l’accroissement continuel de la vente.

Une manufacture d’État pour fabriquer la drogue

Aussi, en 1881, le système de la ferme fut abandonné au profit de la régie. L’État se fit fabricant de drogue comme il était fabricant de tabac en métropole. Une superbe manufacture d’opium, une manufacture d’État, fut construite au centre même de Saïgon, rue Paul-Blanchy, occupant plus d’un hectare. Elle employait 25 Européens et 200 Asiatiques.

Dans les premières décennies, l’opium fumé en Indochine provenait en presque totalité de l’Inde britannique, suite à l’arrêt des exportations du Yunnan.

L’Administration des Douanes et Régies vendait les boîtes d’opium, par l’intermédiaire des Receveurs, soit directement aux consommateurs soit par l’intermédiaire de débitants qui tenaient des maisons spéciales, appelées fumeries.

L’opium était livré aux fumeurs dans des boites en laiton de 5, 10, 20, 40 et 100 grammes. On employait une telle quantité de feuilles de laiton parce qu’il y avait une forte concurrence en France pour en obtenir la fourniture auprès des adjudicataires.

Ces boites portaient l’estampille de la Régie et des marques de lot qui permettaient de se référer au procès verbal en cas de présomption de fraude.

En effet, l’État voulait bien trafiquer mais ne supportait pas la concurrence.

Les prix de vente étaient fixés par arrêté par souci du service public : il s’agissait de s’adapter aux moyens de chacun pour que même les plus modestes puissent accéder sans problème au poison.

Une circulaire de l’administration des Finances aux résidents d’Indochine précisait cette belle et noble volonté d’assurer la « continuité territoriale » et un égal accès de tous aux ressources : « je me permets de vous adresser une liste des débits qu’il y aurait lieu d’installer, dans les divers villages mentionnés, dont la plupart sont totalement privés de dépôt d’opium et d’alcool. Par l’intermédiaire des gouverneurs cambodgiens et des mesrocs1, votre influence prépondérante pourrait heureusement faire valoir à certains petits marchands indigènes les avantages qu’ils auront à se livrer à un négoce supplémentaire, les licences d’opium et d’alcool étant gratuites. (…) Ce n’est que par une entente complète et constante entre votre administration et la nôtre que nous obtiendrons les meilleurs résultats pour le plus grand bien des intérêts du Trésor. »

En 1905, on avait évalué les recettes du monopole à 8,1 millions pour un budget de 32 millions : c’était donc environ le quart des recettes du budget général de l’Indochine qui était demandé à l’opium.

Ce chiffre devait même parfois dépasser ce seuil : 37 % des recettes publiques en 1914 venaient de la vente de l’opium ! On le voit, la colonisation contribuait ainsi largement à civiliser les « indigènes ».

Le meilleur opium du monde… enfin presque

À l’Exposition coloniale de Marseille, une maquette de la manufacture d’opium était présentée et la qualité de l’opium national, par opposition aux médiocres opiums étrangers, largement soulignée ! Selon un élu du peuple, Henri Cosnier, député de l’Indre, un radical-socialiste spécialiste des questions agricoles et sans doute tout pénétré des « valeurs républicaines » : « l’opium qui sort de cet établissement modèle, était non seulement le meilleur du monde entier, mais aussi, chose à considérer, le moins dangereux. »2

On le voit, le brave élu n’était pas loin de considérer l’opium comme un fortifiant d’intérêt public.

Bien sûr, face au monopole étatique, les perfides Chinois n’hésitaient pas à pratiquer la contrebande, vendant sous le manteau des produits nécessairement de moins bonne qualité. En effet l’administration, toujours soucieuse de son rôle de service public, s’efforçait au maximum de satisfaire les usagers.

Les Annales coloniales (18 août 1928) annonçaient ainsi : « L’administration des Douanes va très prochainement mettre en vente et à titre d’essai un opium composé de Bénarès auquel on aura incorporé de l’excellent opium local dans une proportion de 10 %. (…) Des fumeurs tant Européens qu’Asiatiques qui en ont goûté, n’ont pas caché qu’il leur donnait entière satisfaction ; certains ont même assuré qu’ils le préféraient au Bénarès pur. Dans ces conditions, il est apparu que l’essai devrait être poursuivi et qu’il devenait nécessaire de demander son appréciation à la masse des consommateurs. »

Malheureusement, la qualité tant vantée n’était pas toujours au rendez-vous : en 1932 on signalait l’importance de la contrebande dans la province du Nghê-An, la Direction des Douanes persistant à imposer un opium absolument infumable. « Or ce que la Régie fait là – une falsification pure et simple – mènerait un simple particulier en correctionnelle. » 3

Mais ce qui est interdit au particulier, comme chacun sait, ne l’est pas nécessairement à l’administration.

En 1933 devait éclater le scandale de « l’opium à la bouse de vache » : l’administration avait acheté en 1927 au Laos, en guise d’opium, et pour 20 millions de francs, une grande quantité de bouses de vaches, courge, brique pilée, latex de laine à caoutchouc. Un gaspillage de plusieurs millions d’argent public : le tout inutilisable devait être jeté à la mer. L’administration, selon sa bonne vieille habitude, avait tout fait pour étouffer le scandale.

Cette production d’opium devait continuer jusqu’en 1946. Ensuite, disons-le, les choses sont devenues beaucoup plus compliquées pour les Français.

Mais c’est une autre histoire…

maires des villages cambodgiens ↩
Les Annales coloniales, 8 février 1913 ↩
L’Éveil de l’Indochine, 17 avril 1932 ↩

Source

FRANCE: quand la République faisait du trafic de drogue

VIETNAM: decomisan cargamento de heroína en frontera Vietnam-Laos

Hanoi, 23 jul (PL) La policía vietnamita decomisó hoy casi 10 kilogramos de heroína en los límites de la norteña provincia de Son La con Laos y arrestó a tres individuos vinculados al comercio ilegal de estupefacientes.
Como culminación de una pesquisa de varios días, las autoridades detuvieron en territorio vietnamita a un ciudadano laosiano que intentaba introducir la droga empaquetada en 28 barras.
Posteriormente arrestaron a otros dos narcotraficantes, miembros de la misma banda, en el distrito de Moc Chau, e incautaron una carabina y municiones.
00000000000000000000000000000

VIETNAM: la police d’Hô Chi Minh-Ville vient de saisir deux cents kilos d’ecstasy, 25 kilos de méthamphétamine, 440 000 dollars en liquide, sept voitures et d’autres marchandises

Résultat de recherche d'images pour "aeroport d’Hô Chi Minh-Ville"Les autorités vietnamiennes ont démantelé un immense réseau de drogue. De nombreux laboratoires mobiles de fabrication d’ecstasy y étaient reliés. Au total, 15 personnes ont été arrêtées et près de 9 millions de dollars de marchandises ont été confisqués.

Avec notre correspondant à Hô Chi Minh-Ville,  Frédéric Noir

Deux cents kilos d’ecstasy, 25 kilos de méthamphétamine, 440 000  dollars en liquide, sept voitures et d’autres marchandises saisies. La police d’Hô Chi Minh-Ville vient de frapper un grand coup dans sa lutte contre le trafic de drogue.

Les photos des suspects, une quinzaine au total, s’affichent en première page de la plupart des journaux vietnamiens. D’après la police, le laboratoire de fabrication de la drogue n’était pas situé dans un endroit fixe. Par mesure de précaution, les trafiquants changeaient régulièrement de lieu et les produits chimiques nécessaires à la confection de la drogue étaient entreposés dans une autre cache à l’abri des regards.

lire: http://www.rfi.fr/asie-pacifique/20170603-vietnam-coup-filet-historique-le-milieu-drogue

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Dien Bien (VNA) – Anti-drug forces from Vietnam’s northwestern province of Dien Bien and Laos’ Oudomxay province have uncovered a major drug ring in Oudomxay.

At 8:00 pm on June 1, the two sides coordinated to arrest two drug traffickers and seize 30 cakes of heroin, 160,000 synthetic pills, and 37 million KIP (4,500 USD).

READ: http://en.vietnamplus.vn/vietnam-laos-bust-major-drug-ring/112731.vnp

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Vietnam cops bust gang using mobile labs to make ecstasy

HANOI: Vietnamese cops have smashed a multi-million-dollar drug ring that pumped out ecstasy pills from mobile labs, police and state media said Friday, in what could be the country’s largest ever narcotics bust.

Fifteen people were arrested including the alleged ringleader Van Kinh Duong, who used live video or social media to monitor his labs as they moved house-to-house to evade authorities in Hanoi and Ho Chi Minh City.

The labs churned out ‘E’ and other synthetic drugs, according to Cong An Thanh Pho Ho Chi Minh City on Friday, the southern hub’s official newspaper.

Photographs showed bins full of white powder, cooking flasks and scales, along with suitcases stuffed with ecstasy pill packets.

READ MORE: http://www.thesundaily.my/news/2017/06/02/vietnam-cops-bust-gang-using-mobile-labs-make-ecstasy

000000000000000000000000000000000000000

VIETNAM: cinq trafiquants d’héroïne condamnés à mort

Phan Dinh Tuan, important trafiquant de drogue vietnamien, qui continuait de diriger son réseau depuis la prison, a été condamné à mort, ainsi que quatre de ses lieutenants, a annoncé mercredi la presse officielle de l’Etat communiste.

La peine a été prononcée mardi par un tribunal de la province de Nghe An, dans le centre du pays, a confirmé à l’AFP un responsable judiciaire sous couvert de l’anonymat.

lire: http://www.bfmtv.com/international/vietnam-cinq-trafiquants-d-heroine-condamnes-a-mort-1176177.html

0000000000000000000000000000000000000000

VIETNAM (Hanoï): huit condamnés à mort pour trafic de drogue

Huit personnes ont été condamnées à mort et trois autres du même réseau à la perpétuité pour trafic de drogue, jeudi 27 avril, à l’issue d’un procès de quatre jours, au Tribunal populaire de Hanoï. Dans cette affaire hors norme de trafic de drogue, 490 pains d’héroïne, deux pistolets, 8 cartouches, une boîte contenant 30 munitions, trois voitures, trois bouteilles de gaz industriel ainsi que 27 millions de dôngs et 400 dollars en liquide ont été saisis. 

Le Code pénal vietnamien stipule que toute personne trouvée en possession de plus de 100 grammes d’héroïne ou de cocaïne, ou bien de plus de 5 kilos d’opium, ou encore de plus de 75 kilos de cannabis, est passible d’une peine de prison à perpétuité ou de la peine de mort.

Lire la suite 

http://lecourrier.vn/huit-condamnes-a-mort-pour-trafic-de-drogue/406437.html

%d blogueurs aiment cette page :