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Les douaniers de la brigade de surveillance intérieure de Bourges ont sélectionné parmi le flot des véhicules un poids-lourd immatriculé en Roumanie, et l’ont ensuite invité à se diriger vers le péage de Bourges afin de procéder à la fouille de sa remorque.
Lors de l’inspection de la remorque les douaniers découvrent un chargement composé de caisses en bois, fermées et vissées. L’ouverture des caisses a ensuite permis d’identifier très rapidement la présence de pollen de cannabis conditionné dans des valises en toile de jute synthétiques.
La fouille complète du camion révélera la présence de près de 918 kilos de pollen de cannabis.
À l’issue de la procédure douanière le conducteur a été remis à la section de recherche de la Gendarmerie de Bourges.
La police de Nantes vient de retrouver de la drogue dans un local technique. Plus surprenant, à côté des téléphones portables et de l’héroïne, les agents ont aussi découvert quatre pochettes « Kinder surprise » avec du cannabis à l’intérieur.
Ce samedi matin, vers 9 heures, les douaniers de la brigade de Frouzins ont ainsi réalisé une très belle prise.
Au cours d’un banal contrôle dans le Lauragais, au sud-est de Toulouse, ils sont tombés sur un fourgon très chargé. Dans ce véhicule immatriculé en Allemagne, ils ont mis la main sur une cargaison de 64 kilos d’herbe de cannabis.
Les produits stupéfiants étaient acheminés des Pays-Bas.
L’analyse d’EncroChat a permis aux acteurs de cette enquête trans-régionale d’arrêter au total 17 trafiquants. Huit d’entre eux sont désignés comme les têtes du réseau, la moitié réside à Nancy, les autres à Laxou, Audincourt, Charmes et Colmar.
La saisie totale de drogue est elle aussi impressionnante, 20 kg de résine de cannabis, 14 kg d’herbe de cannabis, 14 kg d’héroïne et un peu plus d’1,5 kg de cocaïne. Une dizaine de véhicule et près de 130.000 euros sont également tombés aux mains de la justice.
YONNE : Plus de 40 kg d’héroïne et de cocaïne ont été saisis et six personnes interpellées aux alentours du village de Saint-Florentin, entre Troyes et Auxerre, un lieu ciblé par les autorités qui luttent contre le trafic de drogue
Près d’ANGERS: Les gendarmes démantèlent un réseau rural de vendeurs de cocaïne et cannabis
Actifs sur l’axe Seiches-sur-le-Loir Durtal, cinq jeunes hommes écoulaient cannabis et cocaïne depuis environ deux ans. Interpellés lundi 15 février par les gendarmes, ils ont été présentés ce jeudi 18 février au procureur de la République d’Angers.
CALVADOS : Cannabis, cocaïne, ecstasy : un trafic de stupéfiants démantelé à Vire
Quatre personnes seront déférées ce vendredi au tribunal correctionnel de Caen pour y être présentées en comparution immédiate. Elles ont été interpellées mardi dans le secteur de Vire et de Clécy (Calvados). Plus de 40 000 euros en liquide ont été saisis, ainsi que de la drogue.
RENNES : Des kilos de drogue retrouvés dans des caves
Début février 2021, la police a découvert plusieurs kilos de cannabis et de la cocaïne dans des caves d’un immeuble du Blosne, à Rennes. L’enquête a été confiée à la Sûreté départementale indique le parquet.
Au total, 18 mis en cause portant la double nationalité ont été interpellés par les éléments de la gendarmerie française, pour leurs liens présumés avec des réseaux de trafic de cocaïne et de cannabis.
37 kilogrammes de haschich et 5 de cocaïne ont été saisis à l’issue d’une filature qui avait duré plusieurs mois, souligne la même source. Les gendarmes avaient découvert également des armes à feu ainsi que des sommes d’argent estimées à plusieurs millions d’euros.
Les autorités françaises viennent de remettre une liste noire d’hommes d’affaires et de politiques marocains, accusés de trafic et de blanchiment d’argent au Maroc, via le port de Sète.
Trois individus ont été placés en détention provisoire, après un coup de filet à Valentigney mardi 9 février. La police a découvert lors de la perquisition plusieurs dizaines de milliers d’euros, plusieurs kilos de cocaïne et d’héroïne, des armes et des munitions. Ils sont mis en examen.
Dans un logement Airbnb à Lille: 21 kilos de cannabis, 200 grammes de cocaïne et 10000 euros
Un trafic régional vient d’être démantelé dans la métropole lilloise. En perquisition, ont été trouvés 90 000 euros, 21 kilos de cannabis, 300 grammes d’héroïne et autant de cocaïne. Quatre hommes de 18 à 21 ans ont été arrêtés à Loos, Haubourdin et Mons en Barœul.
Interpellés le 9 février, les trafiquants sont en détention provisoire dans des établissements différents.
Maintenant qu’elle a fermé ce laboratoire et les succursales qu’il a alimentées, la police peut donner les chiffres précis du trafic de stups démantelé le 9 février à Metz.
Le 7 février dernier, les douaniers de la BSI d’Halluin-Reckem ont contrôlé un véhicule immatriculé en Angleterre. Les deux personnes de nationalité lituanienne avaient planqué 10 kilos de cocaïne sous les sièges de la banquette arrière.
En provenance de Rotterdam, le véhicule circulait sur l’autoroute A22 dans le sens nord/sud, de la Belgique vers la France.
Trois Euréliens ont été interpellés par le RAID, à Luray, alors qu’ils détenaient 262 kg de cannabis. Un record pour la brigade des stupéfiants de Chartres.
Les effluves de résine de cannabis ont envahi les bureaux des enquêteurs et les couloirs du commissariat de Chartres durant quatre jours. La brigade des stupéfiants a, en effet, saisi 262,6 kg de produits stupéfiants, à Luray et à Dreux, dans la nuit de dimanche 7 à lundi 8 février.
Soupçonnés d’être de retour d’un transport de produits illicites (go fast), trois hommes, Tarik B., Sofiane C. et Saïd D, âgés de 28, 42 et 47 ans, ont été interpellés par les policiers, et trente hommes du Raid. Ils étaient appuyés par des tireurs d’élite, l’un des suspects, Saïd D., ayant été mis en cause dans l’affaire du meurtre, en novembre 2000, à Dreux, d’un garde du corps de Jamel Debbouze, Boualem Talata, mais avait été acquitté.
Cette nuit, une camionnette Mercedes en provenance d’Espagne a été contrôlée au tunnel d’ Aragnouet-Bielsa par les réservistes de la gendarmerie qui vont alors découvrir une cargaison de 132 kg d’herbe de cannabis.
Pierre Aurignac le procureur de la République des Hautes-Pyrénées, a précisé que des investigations sont en cours.
L’ ensemble routier espagnol contrôlé sur l’autoroute A75, au niveau du col d’Engayresque, montait du sud de l’Espagne vers la région de Bade-Wurtemberg en Allemagne avec un chargement de pommes de terre et d’oignons.
Entre trois palettes de patates, les gabelous ont trouvé près de 113 kg de résine de cannabis et 60 kg d’herbe.
Au pied de la barre Albert-Thomas, dans le quartier Mistral, à Grenoble, des cercles orange tracés à la bombe sur les murs indiquent les points de deal. En ce jeudi matin, les guetteurs sont en place aux alentours, assis sur des chaises, pour orienter les clients potentiels. Ils côtoient les habitants du quartier, les saluent parfois, dans une cohabitation qui est devenue la norme.
Le 11 juillet dernier, c’est à quelques rues de là qu’une tentative d’homicide a eu lieu sur un homme de 38 ans. Pris en chasse alors qu’il circulait en voiture dans le quartier, il a reçu une balle dans le dos et a été transporté à l’hôpital dans un état grave. Ancien lieutenant du trafiquant contrôlant le quartier, en prison depuis plusieurs années, il aurait voulu prendre la tête du réseau. «Les règlements de comptes peuvent avoir lieu pour de nombreuses raisons, mais la raison principale reste la reconquête du territoire», note Éric Vaillant, procureur de la République de Grenoble.
Gérald Darmanin ne pourra que se satisfaire de tant de velléités
Côté justice, la procureure de Marseille ne souhaite pas reprendre le terme « pilonner ». « C’est une action résolue, très déterminée, offensive », préfère dire Dominique Laurens, en mettant l’accent sur l’importance « d’enquêtes de qualité pour aboutir à des condamnations judiciaires. »
Ou comment, avec tact, rappeler que la politique du chiffre n’est pas tout, et que la lutte contre le vice de procédure fait aussi partie de l’arsenal.
Frédérique Camilleri
Les résultats de 2020 sont à peu près stables : on en dénombre 973 en 2020, contre 1.012 l’année précédente. Les investigations ont par ailleurs permis de démanteler 100 réseaux (contre 91 en 2019), et de saisir 2,3 tonnes de cannabis, 365 kg de cocaïne et 3,63 millions d’euros.
Les règlements de compte ont fait eux 12 morts, soit deux de plus qu’en 2019
Le 4 février, les douaniers ont découvert 69 kilogrammes d’herbe de cannabis, dans le chargement d’un camion circulant sur l’autoroute A7 dans la Drôme.
Ce sont les gendarmes de Malataverne qui ont récupéré le chauffeur à la fin de la retenue douanière, pour le mettre en garde à vue…
Cela faisait des mois que les douaniers de la DNRED (Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières) pistaient les acteurs présumés d’un commerce international d’armes, en provenance de Pologne.
Le 20 janvier, lorsque le coup de filet s’est refermé sur plusieurs adresses, à Paris, dans l’Essonne et dans le département du Territoire de Belfort. Pas moins d’une vingtaine de fusils d’assaut et pistolets-mitrailleurs, une dizaine d’armes de poing, parfois en pièces détachées, des chargeurs et munitions, silencieux et gilets pare-balles, plusieurs milliers d’euros et des pains d’explosif.
«Cette affaire révèle un trafic organisé à l’échelle internationale, avec des armes d’ordinaire réservées aux forces spéciales».
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Deux hommes de 26 et 46 ans, ainsi qu’une femme de 49 ans, ont été mis en examen. Le plus âgé est un ancien légionnaire, natif de Pologne.
Aucun lien avec une entreprise terroriste n’a pour l’heure été établi, mais la porosité avec le trafic de stupéfiants est connue, comme l’a rappelée l’affaire menée par la brigade de répression du banditisme de la police judiciaire parisienne en janvier, concernant un vaste trafic d’armes. Un réseau formé par une dizaine de suspects, aurait fourni des armes à des trafiquants de drogue et des sympathisants d’ultradroite.
Lors du démantèlement d’un point de deal à Ambérieu-en-Bugey (Ain), le 1er février dernier, dans le quartier de l’Albarine, les gendarmes de la compagnie de Belley ont réalisé un gros coup.
Pour l’instant, le bilan est de 11,3 kilos de résine de cannabis, la somme de 6.340 euros en liquide, 4 véhicules, au moins une arme à feu et un appartement d’une valeur de 111.500 €. Pour ce dernier, une ordonnance de saisie a été lancée par un juge d’instruction. La justice décidera donc du sort de ce bien immobilier.
Dans le fourgon, des roues de tracteurs remplies de drogue: trois hommes, qui remontaient d’Espagne avec 176 kilos d’herbe de cannabis ainsi dissimulés, ont été interpellés au cours du week-end à Brive (sud), a-t-on appris jeudi de source policière.
Ses enquêteurs avaient obtenu « un renseignement sur un individu susceptible de se livrer avec des complices à de l’importation de produits stupéfiants en provenance d’Espagne à destination de l’Île-de-France« .
Sébastien est marseillais, excédé par ce qu’il vit quotidiennement dans le 13e arrondissement de Marseille. Ce travailleur circule chaque jour dans le quartier Saint-Jérôme pour son travail. Et chaque jour, l’histoire se répète. Son véhicule est arrêté par des individus, parfois très jeunes et qui ont souvent le visage caché voire cagoulé. L’accès à la rue Albert-Marquet est barré à l’aide de scooters, caddys, vieux meubles, barrières ou même blocs de béton. Il doit alors ouvrir son coffre ou ses portières.
« Les véhicules sont fouillés (…),ils filtrent tous les véhiculessur la voie publique », raconte-t-il. Pour cet artisan, il n’y a aucun doute, les guetteurs s’assurent qu’il n’y a pas de policier caché dans les voitures.
Le soir, il y a même des pancartes avec les tarifs des drogues.
L’Europe est-elle le nouvel Eldorado des cartels mexicains ?Forbidden Stories et ses partenaires, dont la cellule investigation de Radio France, dévoilent comment des chimistes mexicains travaillent désormais aux Pays-Bas et en Belgique.
« C’est ici que ça s’est passé. » Willem-Jan Joachems se souvient parfaitement de ce 10 mai 2019. Pour ce journaliste d’une télévision locale de la région de Nord Braband, au sud des Pays-Bas, c’est un scoop qu’on n’oublie pas. « Le bateau était là, les enquêteurs étaient en train de relever les indices… et il a commencé à couler. » Ce jour-là, il était arrivé un peu plus tôt, sur le quai du port de plaisance de Moerdijk, pour assister au démantèlement d’un laboratoire flottant de méthamphétamine par les forces de police. Une découverte inédite à bien des égards : un laboratoire avait été monté de toutes pièces dans le ventre du navire, long de 85 mètres. Les enquêteurs y retrouvent plus de 70 kg de méthamphétamine, 150 litres d’huile de méthamphétamine… et trois Mexicains, âgés de 25, 28 et 38 ans. « Ils étaient en train de fabriquer la drogue« , raconte le journaliste néerlandais.
Les enquêteurs identifient leur ADN sur tois masques intégraux et des paires de gants. La police met également la main sur des téléphones et découvre des photos qui lui permettent de retracer l’activité des trois hommes au Pays-Bas. Le 12 décembre 2018, ils établissent une « liste de courses » incluant 30 kg d’aluminium, des thermomètres et des gants en latex. Courant mars, les chimistes ont maintenant de la poudre dans des verres doseurs. Un mois plus tard, une vidéo dévoile une large quantité de méthamphétamine sous forme de cristaux. Le laboratoire est découvert un mois plus tard. Candelario et les deux frères Ivan Diego et Victor Manuel sont reconnus coupables de « complicité de possession et de production de méthamphétamine en cristaux » le 19 mars 2020. Ils sont condamnés à quatre ans de prison ferme aux Pays-Bas.
Ce n’est pas la première fois que la police néerlandaise découvre des ressortissants mexicains dans un laboratoire de méthamphétamine. En février 2019, elle avait déjà arrêté trois hommes originaires du Mexique, dans un laboratoire produisant notamment de la méthamphétamine à Wateringen, en banlieue de La Hague. Ce ne sera pas la dernière non plus. Depuis le début de l’année, 32 laboratoires produisant de la méthamphétamine ont été démantelés. Du jamais vu. Les arrestations s’enchaînent. Parmi les suspects, un nombre important de Mexicains : 19, entre les Pays-Bas et la Belgique, selon le décompte réalisé par Forbidden Stories et ses partenaires. Le dernier démantèlement impliquant des mexicains date de la semaine dernière. Le 30 novembre 2020, deux d’entre eux ont été arrêtés dans la petite ville de Westdorpe, à la frontière belge.
Comment expliquer la présence de ces ressortissants mexicains, à des milliers de kilomètres de chez eux ? Pour qui travaillent-ils ? Où va cette drogue une fois produite ? Aux côtés de 25 médias partenaires, Forbidden Stories a enquêté sur le parcours de ces chimistes mexicains, au service des gangs néerlandais, déjà roi des drogues de synthèse en Europe.
Le navire de drogue MS Arsianco a été confisqué par la police. Il est situé près du port de Moerdjik et doit être vendu. / Benedikt Strunz/NDR
EncroChat, « c’est de l’or pour nous »
« URGENCE POUR LES UTILISATEURS D’ENCRO : des entités gouvernementales ont saisi illégalement notre domaine (…) Il vous est conseillé d’éteindre et de vous débarrasser physiquement de votre appareil immédiatement. »
Le message, envoyé en juin 2020 dans la précipitation et avec quelques fautes dans la version originale, est adressé par le fournisseur de téléphones chiffrés EncroChat à ses millions d’utilisateurs. Au siège de la société, c’est la panique. L’entreprise vient de réaliser qu’elle a été victime de l’opération de piratage la plus spectaculaire jamais menée par des polices européennes. Une catastrophe pour la société qui promettait à ses clients des communications ultra-sécurisées.
Les utilisateurs des téléphones EncroChat vont rapidement réaliser l’ampleur des dégâts : depuis plusieurs mois en réalité, les forces de l’ordre françaises et néerlandaises ont accès à toutes leurs communications. Un vrai problème si on est impliqué dans des activités criminelles, ce qui est le cas « d’une part très élevée d’utilisateurs » du service chiffré, selon les enquêteurs européens. Le jour de l’envoi du message à ses utilisateurs, EncroChat met fin à ses services. Une information judiciaire, notamment pour « fourniture d’un moyen de cryptologie n’assurant pas exclusivement des fonctions d’authentification ou de contrôle d’intégrité sans déclaration préalable« , a été ouverte à la JIRS (juridiction interrégionale spécialisée) de Lille.
Capture d’écran du message envoyé par EncroChat à leurs utilisateurs, avant d’arrêter leurs services, le 13 juin 2020. / Europol/Eurojust/Gendarmerie française
« C’est vrai : EncroChat, c’est de l’or pour nous« , reconnaît Andy Kraag, chef de la division d’enquête criminelle de la police néerlandaise. Et pour cause : en l’espace de quelques mois, des millions de messages sont interceptés en temps réel, avant leur chiffrement, par les enquêteurs en Europe.
Aux Pays-Bas, cela va notamment permettre le démantèlement en série de laboratoires de méthamphétamine. Et dans plusieurs cas, révéler la présence des ressortissants mexicains qui y travaillent. D’après les messages consultés par la police, ils seraient bien plus nombreux que les 19 déjà recensés par le consortium, le plus souvent recrutés comme chimistes.
Recrutés pour travailler dans la « construction »
Jesus P.V., 40 ans, était entraîneur personnel dans une salle de sport au Mexique. C’est en tout cas ce qu’il a déclaré lors de son audition, dans l’affaire du laboratoire démantelé à Wateringen. D’après son témoignage, son destin bascule en janvier 2019 lorsqu’un client qu’il entraîne lui propose une opportunité professionnelle aux Pays-Bas – 2000 dollars par mois pour un emploi dans la construction, bien plus que les 700 à 800 dollars qu’il a déclaré gagner au Mexique. Mi-janvier, le coach fait ses valises et s’envole pour l’Europe. Mais la construction semble n’être qu’un paravent. Le jour de l’arrestation, un peu plus de 400 kg de crystalmeth sont retrouvés, et deux autres ressortissants mexicains sont interpellés avec lui dans le laboratoire, en banlieue de La Hague. Deux hommes, de 20 ans les aînés de Jesus P.V., qui auraient reçu le même type d’offre au Mexique. Lors du procès, l’un des condamnés a expliqué avoir tout découvert en arrivant aux Pays-Bas, sous-entendant qu’il n’avait aucune connexion ni savoir-faire en matière de production ou de trafic de drogue.
Les autorités douanières allemandes saisissent de plus en plus de méthamphétamine à la frontière avec les Pays-Bas.. / Benedikt Strunz/NDR
Dans une autre affaire, dite d’Achter-Drempt, on retrouve le même scénario : le ressortissant mexicain, arrêté lors de l’intervention policière, a expliqué durant le procès ne pas avoir compris dans quoi il s’embarquait réellement. Il pensait avoir été embauché pour cueillir des fruits en Europe. « Je n’y crois pas, tranche Kraag. Supposons que vous sachiez comment fabriquer de la meth en cristal, vous êtes un chimiste au Mexique. Vous ne serez alors pas envoyé dans un pays pour y cueillir des fruits. »
Dans l’affaire du « bateau-labo » de Moerdijk, la cour a déclaré que les trois suspects mexicains savaient produire de la méthamphétamine de « haute qualité« . « Après tout, ce sont eux qui ont fièrement photographié ces produits finis, comme [le suspect] l’a lui-même déclaré, pour informer et satisfaire leurs clients. » Par ailleurs, durant les interrogatoires, Ivan Diego a reconnu avoir reçu des instructions via WhatsApp pour produire la drogue. Des messages émanant de numéros mexicains, et enregistrés sous les pseudos « Angel », « Patrona » ou encore « Chalio ».
La loi du silence
Si les Mexicains arrêtés en Europe ne sont pas avares de détails pour expliquer les conditions de leur recrutement, c’est en revanche l’omerta totale quand se pose la question des donneurs d’ordre éventuels. Les avocats des ressortissants mexicains impliqués dans ces laboratoires européens, contactés par Forbidden Stories, ont refusé de répondre. Lors des procès, certains chimistes disent avoir été victimes de menaces : « La personne qui est venue le chercher à l’aéroport lui a dit qu’il n’y aurait pas de travail dans la construction, que ce serait un travail différent et qu’il devrait se taire (…) Il a ensuite été menacé avec des photos de sa famille« , peut-on lire dans le procès-verbal de l’affaire de Wateringen.
Les réseaux se dessinent cependant au gré des millions d’échanges sur EncroChat épluchés par les enquêteurs. « Grâce à tout ça, non seulement nous trouvons les chimistes sur place, mais aussi tout le réseau qu’il y a derrière », explique Andy Kraag. Ils découvrent notamment des acteurs indispensables de ces réseaux : les intermédiaires. À la demande des organisations criminelles néerlandaises, ce sont eux qui sont chargés de recruter ces chimistes au Mexique.
Présentation du service EncroChat sur leur site, maintenant fermé. / Capture d’écran EncroChat.fr via Internet Archive
À l’image de la mafia italienne
« Je cherche un chimiste, tu connais quelqu’un ? » Le message a été envoyé par un Néerlandais. À l’autre bout du fil, un intermédiaire (on parle d’un broker) mexicain. Qui met alors en branle le recrutement. « C’est aussi simple que cela« , lâche Andy Kraag.
Au Mexique, les cartels sont passés maîtres dans l’art du recrutement. Falko Ernst, chercheur spécialiste du Mexique pour L’International Crisis Group, partage une anecdote : « Ils ont scanné les universités mexicaines à la recherche de départements de chimie et ont repéré des personnes. » Une fois la recrue potentielle contactée, le broker lui fait une offre. La plus alléchante possible, car ces personnes détiennent un savoir clé. « Et si nécessaire, il y a aussi des menaces et des pressions derrière. »
Aux Pays-Bas, les gangs utilisent le même type d’intermédiaires, qui jouent un rôle essentiel. Toutefois, selon la police néerlandaise, cela ne signifie pas pour autant que les cartels mexicains ont une influence directe en Europe. Ces accords ne sont pas conclus directement entre les cartels mexicains et les organisations européennes. Les intermédiaires travaillent à leur propre compte : « Un cartel opère comme la mafia italienne. Vous payez pour votre adhésion, mais vous êtes indépendant. Un intermédiaire est aussi son propre patron. Vous pouvez donc être membre d’un cartel, tant que vous leur remettez une partie de ce que vous gagnez en travaillant avec les néerlandais« , explique Andy Kraag. Interrogé au sujet de ces connexions avec le crime organisé, une source au sein du gouvernement mexicain confirme à Forbidden Stories que des réseaux envoient bien des chimistes en Europe pour produire de la méthamphétamine : « Dans le cas des Pays-Bas, nous savons que cela se produit. »
Les intermédiaires font le nécessaire pour que tout se déroule sans accroc. Ils prennent notamment en charge le voyage pour l’Europe, en plus des salaires. D’après Andy Kraag, ils feraient passer la majorité de leurs recrues par l’Espagne grâce à des visas touristiques. De là, les chimistes gagnent les Pays-Bas. Avant que la pandémie de Covid-19 n’y mette un frein, certains intermédiaires faisaient même le déplacement avant de lancer officiellement les opérations. « Ils viennent aux Pays-Bas, font leurs affaires, inspectent le lieu. Le réseau néerlandais doit fournir les matières premières, le matériel, tout doit être correct. Et à la fin, le Mexicain dit : ‘Ok, voilà comment je peux produire [la drogue] pour vous.’« , décrypte le responsable de la police néerlandaise.
L’expertise mexicaine
Au Mexique, au cœur de la zona caliente, au sud de Culiacan, dans l’Etat du Sinaloa, cette recrudescence de chimistes mexicains en Europe ne surprend pas. C’est l’évidence, même, pour celui qui se fait surnommer « El Chapo Jr. » : « Nous envoyons les chimistes en Europe parce que nous, les Mexicains, sommes les meilleurs chimistes !« , explique cette petite main du cartel de Sinaloa à Forbidden Stories. Dans sa planque aux murs rose fluo, il emballe méticuleusement d’imposants cristaux de méthamphétamine. Plusieurs couches de protection – un sac en plastique, de l’aluminium, du scotch et un nouveau sac en plastique – pour que les chiens de la police ne sentent pas la drogue lors de son transport. « Nous avons de l’expérience. Et les Mexicains peuvent enseigner aux autres chimistes d’Europe, poursuit-il, toujours en conditionnant la drogue. Les ‘chimistes’ qui sont envoyés ne sont généralement pas des idiots, ils sont intelligents et éduqués. » C’est par exemple le cas d’un des frères condamnés dans l’affaire du « bateau-labo » à Moerdijk, qui affiche sur Facebook avoir suivi une formation à l’institut technologique de Culiacan au Mexique.
Celui qui se fait appeler « El Chapo Jr. » prépare l’envoi d’un pack de 30 kilogrammes de crystal meth vers Mexico, depuis la périphérie de Culiacán, Sinaloa. / Amrai Coen, Die Zeit
Dans son dernier rapport annuel, l’ONUDC (Office des Nations unies contre la drogue et le crime) parle d’ailleurs de « spécialistes mexicains », capables de produire une méthamphétamine très pure, « comme celle que fabriquait Walter White dans [la série] Breaking Bad », explique Laurent Laniel, analyste scientifique à l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (EMCDDA). Leur expertise : « Produire de plus grandes quantités d’une meth puissante, grâce à des retraitements successifs, à partir de la même quantité d’un précurseur appelé BMK [benzyl methyl ketone]. » Un véritable coup de main, que seuls les chimistes mexicains maîtrisent à 100 %. « C’est comme pour le fromage. Si vous apprenez aux Japonais à fabriquer du fromage, ils finiront par y arriver. Mais ce ne sera pas un Leerdammer pour autant« , résume le porte-parole d’Andy Kraag, par une analogie très hollandaise. En échange d’un pourcentage du profit, qu’ils reversent aux chimistes et plus largement aux brokers mexicains, les narcotrafiquants néerlandais acquièrent ce savoir-faire unique.
« On parle ici d’organisations criminelles très structurées, très puissantes, avec à leur tête des narco-millionnaires qui ont fait fortune dans l’ecstasy et vivent dans le luxe« , rappelle Laurent Laniel. Selon les chiffres de l’ONUDC, la plupart des laboratoires démantelés produisant de l’ecstasy sont situés en Europe, principalement aux Pays-Bas et en Belgique. « Ils ont le matériel adhoc et toute une infrastructure d’approvisionnement en précurseurs chimiques venus principalement de Chine ou d’Inde. »
Une véritable industrie du crime valant des millions d’euros, maîtrisée de bout en bout. Laurent Laniel parle de « crime as a service » : « Ils fournissent tout ou embauchent les‘prestataires’ nécessaires : l’infrastructure pour les laboratoires, l’approvisionnement en précurseurs, les camions pour faire disparaître les montagnes de déchets que produit la meth, les bateaux avec skippers pour transporter la drogue et les collecteurs qui vont récupérer l’argent de la drogue. » Tout est déjà en place pour ajouter la méthamphétamine à leur offre. Conséquence : sur le terrain, le nombre de laboratoires démantelés augmente. Les saisies également : en juin 2019, la police néerlandaise mettait la main sur 2,5 tonnes du stimulant synthétique, cachée dans le port de Rotterdam. La plus grosse à ce jour en Europe.
La police néerlandaise possède son propre laboratoire de drogue, qui contient des objets provenant de diverses saisies. Le laboratoire est utilisé pour former les policiers. / Benedikt Strunz / NDR
Les Pays-Bas : « cuisine » du monde
La drogue issue des laboratoires néerlandais est expédiée à l’autre bout du monde. Le gramme de méthamphétamine peut s’écouler à plus de 500 dollars sur le sol japonais. Même tarif en Australie, à quelques dollars près. À titre de comparaison, la même dose coûtait 56 dollars aux États-Unis en 2017. « Pour ces laboratoires, produire à moindre coût grâce à la technique des Mexicains et l’exporter là-bas, c’est la garantie d’une marge économique énorme« , analyse Laurent Laniel.
Selon la chercheuse Anna Sergi, maître de conférences en criminologie à l’université d’Essex (Angleterre), une partie du prix exorbitant du gramme de méthamphétamine est dû au risque élevé que représente le trafic vers l’Océanie, et tout particulièrement vers l’Australie. « Ce risque d’expédition, associé à la distance, augmente les coûts pour les trafiquants et les importateurs et cela se répercute sur les consommateurs, qui paient beaucoup plus pour le ‘privilège’ de voir arriver la drogue sur place !« , précise la chercheuse. Mais d’autres éléments viennent peser dans la balance : une consommation importante, des connexions déjà établies grâce au trafic d’ecstasy et surtout, les forces de l’ordre australiennes qui ont les yeux rivés sur la Chine, d’où provient une grande partie de la méthamphétamine pour leur marché. « La police australienne a très bien combattu cela. De nombreux réseaux de production ont été démantelés, et on peut voir que l’approvisionnement venant de Chine a cessé. Ou du moins a considérablement réduit« , raconte Andy Kraag. Ici, les Néerlandais aidés par les Mexicains, prendraient donc leur place.
C’est aussi le jackpot pour les Mexicains : ils peuvent à la fois rentabiliser leur savoir-faire, moyennant la perte de quelques chimistes pendant un certain temps, et trouver de nouveaux débouchés pour leur propre méthamphétamine en poudre : « Les cartels ont des quantités gigantesques de ce qu’ils peuvent produire, or la demande actuelle est en Amérique. Ils recherchent donc de nouveaux marchés plus importants, ajoute Andy Kraag. Et c’est, par exemple, les 2,5 tonnes de méthamphétamine [en poudre] que nous avons trouvées à Rotterdam. » Une fois en Europe, elle serait cristallisée dans les laboratoires, prête pour l’instant à l’exportation. Mais ce que redoutent les autorités, c’est de voir la consommation sur place augmenter. Bien que son utilisation soit encore résiduelle en Europe, Andy Kraag ne cache pas ses inquiétudes : « Si notre production augmente énormément, alors [la méthamphétamine] est aussi plus facilement disponible et le risque de consommation grandit, explique l’enquêteur. Avec ces drogues-là, on peut devenir dépendant dès la première utilisation, (…)on ne pense plus à rien d’autre, on veut juste en prendre, on ne fonctionne plus normalement. Et là c’est juste foutu. Fini. »
Une guerre en préparation ?
En juillet dernier 2020, le piratage d’EncroChat a encore permis la découverte à la frontière belge de six conteneurs insonorisés transformés en cellules de prison. Un septième était lui devenu une chambre de torture macabre, équipée d’une chaise de dentiste et des pires ustensiles possibles : scie, scalpel, chalumeaux et différents types de pinces.
Photo de l’intérieur de la chambre de torture, retrouvée près de la frontière belge en juin 2020. / Politie Landelijke Eenheid
À l’heure actuelle, les gangs néerlandais sont dépendants du savoir-faire des cartels mexicains. Mais que pourrait-il se passer si ce n’était plus le cas ? La crainte est alors de voir cette alliance si profitable aujourd’hui, se transformer en concurrence demain : « Ce que je ne veux absolument pas, c’est que nous devenions l’un de ces pays capables de produire d’énormes cristaux de méthamphétamine, sans l’aide des mexicains. Dans ce cas-là, on ferait concurrence au Mexique. Je ne sais pas ce qui se passera alors, mais il y a des risques. Et nous voulons empêcher cela« , conclut Andy Kraag, le responsable de la police néerlandaise. Car « concurrence et violence vont toujours de pair dans le monde criminel« .
Kristof Clerix (Knack), Benedikt Strunz (NDR), PhilippEckstein (NDR), Wil Thijssen (de Volkskrant), Anne Michel (Le Monde), Mathieu Tourlière (Proceso) et Bart Libaut (Enquêteur spécialiste en sources ouvertes) ont contribué à cet article.