L’histoire se déroule bien loin des Moulins. Elle met en scène, à Dubaï, deux figures du trafic de drogue. L’une marseillaise, l’autre niçoise. Le premier s’y serait retiré fin 2020 après que son frère s’était fait « charclé » C’est comme ça qu’on appelle les règlements de compte dans le milieu. Le second n’y aurait été que de passage. Les voyous aussi ont le droit de prendre des vacances.
« Les beaux mecs n’habitent plus les quartiers »
« Les beaux mecs n’habitent plus les quartiers depuis longtemps », relève un policier niçois. Autrefois aux Moulins, ils s’appelaient Kader ou « le Gros » Fred. Le premier vivrait dans son riad marocain. Le second s’est récemment fait rattraper par les carabinieri juste de l’autre côté de la frontière. Ce qui, ni pour l’un, ni pour l’autre, ne saurait constituer un obstacle suffisant à la poursuite de leurs affaires.
« Les gros bonnets gèrent désormais depuis l’étranger. Parfois même depuis la prison où, on le sait, ils ont tous des portables. Ils ne mettent généralement plus les mains dans le cambouis, décrypte un enquêteur. Ils se contentent de faire dans l’import-export et de toucher leur pièce au passage. Mais ce n’est pas là que le trafic rapporte le plus. C’est à la découpe, au bout de la chaîne. Le plus petit point deal des Moulins génère entre 3.000 et 5.000 euros par jour. Jusqu’à 30.000 euros pour les plus gros. »
« Ils s’entre-tuent pour une dette de 3.000 euros »
La main-d’œuvre bas de gamme des dealers
Calife à la place du calife
« Du produit, on en trouve partout »
L’ubérisation en cours des points de deal
Le combat serait donc sans fin? Pas si sûr… A entendre cet enquêteur niçois, le trafic de quartier n’aurait guère d’avenir: « En fait, les points de deal ont vocation à disparaître. Ce n’est qu’une question de temps. » La mutation de ce business très lucratif serait déjà entrée dans une nouvelle phase. Le marché de la drogue n’aurait pas échappé à l’ubérisation de l’économie: « L’avenir, ce sont les livrettes. »
Aujourd’hui, ce n’est plus le consommateur qui se déplace, mais le dealer. Et ce dernier ne gère plus seulement son business depuis un point de deal, mais sur les réseaux sociaux. « Ils font de la publicité agressive sur Snap ou Insta. En mode: « Salut la team! Le deux fois filtré vient d’arriver! » Ils offrent des petites gratifications aux clients. Certains vont jusqu’à organiser des tombolas. »
Voilà qui tranche avec la violence générée par le trafic de stups dans les quartiers. « Et pourtant, derrière, ce sont souvent les mêmes que l’on retrouve », assure ce policier niçois.
000000