Aviseur International renseigne sur la problématique de la drogue, du narcotrafic et sur les politiques mises en œuvre par les différents Etats. ———- CONTACT par email: ns55dnred@outlook.fr ou WhatsApp: 33 (0) 6 84 30 31 81 Suivez @MarcFievet sur TWITTER
Bercy est une cathédrale. Un bâtiment froid et immense, une véritable forteresse qui semble imprenable et incarne la toute puissance de l’Etat. Même flanqué de sa remorque, le camping-car du narcotour de France installé au pied du ministère semblait bien minuscule face à la démesure de l’ogre des finances.
FIGAROVOX/ENTRETIEN – La magistrate Béatrice Brugère décrypte le projet de loi présenté le 3 avril par Bruno Le Maire et Gabriel Attal, visant à renforcer les douanes dans la lutte contre les trafics de drogue. Selon elle, ces mesures «anti-trafics» n’impliquent pas suffisamment la justice.
Elle mérite une remise à plat complète y compris sur l’échelle des peines, et exige un cadre législatif fiable et consolidé. Il convient également de développer le renseignement fiscal et le renseignement douanier pour avoir une détection la plus précoce des fraudes fiscales, douanières et de la criminalité organisée.
Dans un contexte de crise de la police judiciaire mais également de sous-dotation des services économiques et financiers de la gendarmerie qui impactent l’efficacité de la justice, seul un plan interministériel d’envergure associant les trois ministères concernés permettrait d’apporter une réponse globale et ciblée aux trafics qui ne cessent d’augmenter, voire de menacer directement la démocratie comme en Belgique et aux Pays-Bas.
Il est certain que si nos régaliennes s’entendaient, ça ne pourrait que mieux fonctionner!
Mais quelle joie, ça s’est vu sur les visages de ces magistrats du siège à Bobigny, pour ces derniers d’envoyer pour 20 ans derrière les barreaux Marc Fievet, l’un des meilleurs aviseurs de la DNRED. Blanchi 18 ans après son arrestation, c’est maintenant l’administration de Bercy, peuplée de hauts fonctionnaires prêts à toutes les interprétations et mensonges, qui refuse de prendre en compte la décision de justice de la juge Sophie Clément qui déclara qu’il n’était pas un trafiquant, mais bien un agent infiltré!
Alors madame Béatrice Brugère, vous avez du grain à moudre avant d’amener ces différentes populations régaliennes aux intérêts et objectifs tellement différents à vraiment travailler ensemble.
Depuis rien n’a changé ni évolué dans le bons sens. En France, c’est la guerre à outrance qui ne fait qu’empirer la situation en confortant l’action des narcotrafiquants.
Docteur en droit, ancien procureur général du Tessin, conseiller aux Etats, conseiller d’Etat et membre de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, pour laquelle il a mené différentes enquêtes qui l’ont fait connaître sur la scène internationale.
Par Dick Marti
Pour lutter contre les narcotrafiquants, il est nécessaire de mener une importante action de sensibilisation au niveau mondial, selon Dick Marty. Et il faut progressivement s’acheminer vers un marché contrôlé dans lequel la réglementation est définie en fonction de la dangerosité de la substance et de l’âge du consommateur.
Après des décennies de faillites ruineuses dans la réponse sociale au problème des dépendances, on doit le dire clairement: le prohibitionnisme en matière de drogue et la criminalisation des consommateurs sont une voie sans issue.
Plus, ils ont directement contribué à produire le plus important phénomène criminel de tous les temps, qui alimente toutes sortes d’autres trafics. L’argent de la drogue et les pratiques des organisations criminelles infiltrent l’économie avec un effet de contamination morale et de diffusion à grande échelle de la corruption. Les enquêtes n’atteignent presque jamais les hauts étages du crime organisé. La répression des petits poissons sert en revanche, presque cyniquement, à entretenir un certain niveau des prix et à assurer des profits fabuleux à ceux qui gèrent les grands trafics.
L’argent facile de la drogue est en fait devenu un facteur économique de grande importance, ce qui explique aussi pourquoi on ne s’attaque pas à la racine du problème. Si l’on pense que le chiffre d’affaires du trafic de drogue est estimé à environ 300 milliards de dollars par année, il est évident que cet argent est désormais devenu un véritable facteur de portée géopolitique. Il entretient de nombreux conflits, permet de financer des achats massifs d’armes de plus en plus sophistiquées, conditionne les choix de nombreux gouvernements, influence les structures socio-économiques. J’ai entendu récemment un chercheur affirmer que si le trafic de drogue était éliminé, la plupart des familles des cités entourant Marseille ne seraient plus à même de payer leur loyer.
Des ressources énormes sont investies dans la répression, alors que le crime qui en contrôle le trafic prospère. Les institutions et la structure sociale de plusieurs pays ont été bouleversées par les narcodollars et les narcotrafiquants.
Nous sommes tous conscientsqu’il n’existe pas de solution facile ni de solution idéale.
Je pense cependant que toute nouvelle solution présuppose que l’on soit conscient de ce qui est en train de se passer et du gâchis auquel a conduit la politique actuelle.
Une importante action de sensibilisation au niveau mondial est nécessaire. Ce travail est en cours depuis longtemps. En 1984 déjà, Milton Friedman, Prix Nobel d’économie, écrivait que la prohibition de la drogue favorisait le crime, sans en diminuer l’usage, et imposait un coût aberrant à la société. Une position analogue a été prise, par la suite, par la célèbre revue The Economist, ce qui fit sensation. D’anciens chefs d’Etat se sont réunis en groupe de travail et ont pris position en faveur d’une nouvelle politique de la drogue et contre l’actuel régime de prohibition. Il est à peine besoin de rappeler ici le rôle important joué par Ruth Dreifuss dans ce contexte. C’est un travail difficile, qui demande beaucoup d’énergie et beaucoup de temps.
Il faut ainsi convaincre les politiciens un peu partout dans le monde.
La politique actuelle de la drogue est en effet ancrée, je dirai cristallisée, dans des conventions internationales qu’on ne pourra modifier qu’avec l’accord des principaux pays. Or, la peur de la drogue et les discours guerriers qui prônent la répression ont toujours la faveur de nombreux politiciens. Ce genre de discours, en effet, se prêtent bien à des tirades démagogiques et populistes, aujourd’hui plus que jamais à la mode.
Les chroniques parlementaires de ces dernières années démontrent, hélas, qu’à chaque fois que se pose un problème dans la société, il y a toujours de nombreuses voix, souvent majoritaires, pour proposer un durcissement des peines ou la création de nouvelles normes pénales. En Suisse, avant même de disposer d’une étude sérieuse quant aux conséquences sur la récidive de l’élimination des courtes peines de prison décidée lors de la dernière révision du Code pénal, il est devenu de bon ton, aussi bien à droite qu’à gauche, d’invoquer un retour à la case prison. C’est naturellement plus facile que d’essayer de comprendre les raisons profondes de certains comportements et de mettre au point les remèdes les plus efficaces. Il y a exactement deux cent cinquante ans, Cesare Beccaria publiait son ouvrage Dei delitti e delle pene. Il démontrait que ce n’est pas la sévérité de la peine qui retient une personne de commettre une infraction, mais bien le degré de probabilité de se faire prendre; un enseignement qui a maintenu une actualité étonnante. Cette vérité devrait être rappelée avec force aux décideurs d’aujourd’hui qui tendent à faire exactement le contraire: diminuer les moyens à la disposition de l’Etat pour le social, l’éducation et la prévention, et, par ailleurs, durcir la répression pénale.
La politique de la drogue exige une approche cohérente et crédible pour être efficace.
C’est loin d’être le cas aujourd’hui. La distinction entre substances légales et illégales apparaît aujourd’hui comme arbitraire, injuste et hypocrite. Je pense qu’il est nécessaire de mettre en œuvre une stratégie globale pour l’ensemble des substances psychotropes créant une dépendance. Cela ne veut nullement dire qu’on va traiter toutes les substances de la même façon. Il faut progressivement s’acheminer vers un marché contrôlé (cela existe déjà pour le tabac, l’alcool et les médicaments), dans lequel la réglementation est définie en fonction de la dangerosité de la substance et de l’âge du consommateur.
Dans de nombreux pays, les choses ont commencé à bouger. La distribution contrôlée d’héroïne a choqué au début, mais elle a démontré que, bien appliquée, elle contribuait à une réduction sensible des risques pour la santé, à une baisse de la criminalité et permettait une réintégration sociale qui ne paraissait guère possible auparavant. Quelques Etats ont libéralisé le cannabis. (…)
En matière d’addictionet sur la façon d’y faire face
J’ai beaucoup de doutes et, plus j’avance dans la connaissance de ce phénomène, plus les certitudes ont fondu comme neige au soleil. J’ai toutefois une conviction. La prohibition telle que nous l’appliquons est non seulement une faillite, mais elle entretient le phénomène criminel le plus important de tous les temps. Ce dernier a assumé une telle dimension que la lutte que nous menons actuellement contre le trafic de drogue ne peut pas et ne pourra jamais être gagnée.
Pourquoi? Parce que les intérêts du crime organisé sont aujourd’hui à ce point entremêlés avec ceux d’autres acteurs économiques, politiques et sociaux qu’une disparition des narcodollars entraînerait une réaction en chaîne désastreuse. Le directeur de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, Antonio Maria Costa, a affirmé que les narcodollars ont contribué à sauver de la faillite des établissements bancaires de première importance lors de la tempête qui s’est abattue sur les marchés financiers mondiaux en 2008. Je laisse la responsabilité de cette affirmation à son auteur, qui n’est en tout cas pas le dernier venu. Ce qui est vrai, en tout cas, c’est qu’avec le prohibitionnisme le narcotrafic est en fait devenu aussi, comme certaines banques, too big to fail!
Seul un changement de paradigme est à même de nous offrir une meilleure perspective d’avenir.
Il faut attaquer le trafic sur le terrain qui lui a assuré son fantastique succès, le marché. Ce marché que nous avons soutenu, financé, entretenu et qui a ainsi conféré une énorme plus-value à des substances qui n’avaient que peu de valeur. Au lieu d’essayer d’éliminer ce marché par des tentatives qui jusqu’à présent n’ont eu d’autre effet que de le renforcer, il faut l’accepter comme une réalité, il faut l’occuper et le réguler. C’est finalement ce qu’on a fait avec l’alcool et le tabac.
La drogue est avant tout un problème de santé et il faut l’appréhender en tant que tel.
Certes, ce changement d’orientation fondamental de la politique de la drogue n’est pas facile et n’est pas sans risque; des erreurs seront inévitables. Des expériences intéressantes sont en cours et les désastres que l’on nous a annoncés ne se sont pas produits. Comme l’a bien dit récemment un chercheur français, l’ampleur de la catastrophe actuelle est telle que le risque de faire pire est très faible.
En fait, il ne s’agit ni d’imaginer ni de réaliser une société sans drogue, celle-ci n’a jamais existé. Le véritable défi est d’accepter l’existence des drogues et d’apprendre à vivre avec. La régulation du marché – avec le contrôle de la production et de la distribution en tenant compte de la dangerosité des substances – permettrait de diminuer sensiblement les profits des narcotrafiquants. Mais cela contribuerait également à diminuer fortement les risques pour les consommateurs puisque, par exemple, la plupart des morts dues à la consommation de drogues ne sont en fait pas provoqués directement par la substance, mais par le fait qu’elle est frelatée.
Les ressources financièresque l’on économiserait dans le domaine de la répression et du système pénitentiaire permettraient d’intervenir avec plus d’efficacité sur la demande.
Non plus avec le gendarme et la prison, mais avec une action de prévention cohérente.
Persister sur la voie actuelle serait en revanche reconnaître la victoire du crime organisé et lui assurer un avenir confortable. Le marché illégal de la drogue continuera à être florissant et à être présent partout, dans tous les milieux, même dans les structures les plus fermées et les mieux surveillées.
Les narcodollars, comme évoqué plus haut, alimentent une corruption économique et morale aux plus hauts niveaux. Cette corruption est à mon avis la menace la plus grave pour nos démocraties. Oui, plus grave que le terrorisme.
Extraits d’une conférence publique donnée à l’Université de Genève par Dick Marty.
Le scénario du film GIBRALTAR, tiré du livre « L’Aviseur » que j’ai écrit et qui a inspiré l’écriture d’Abdel Raouf Dafri, auquel j’ai participé, n’a en rien été respecté par le réalisateur Julien Leclercq et ne correspond en rien à ce qui devait être tourné…
Jérôme Fournel aux manettes
Je reste encore surpris que l’on ait pu écarter la réalité de mon action auprès de la DNRED de la Douane française, qui n’a rien à voir avec le rôle tenu et joué par Gilles Lelouche, qui lui aussi, s’est refusé à me rencontrer…mais on doit assurément ces modifications au DG de la Douane de l’époque, Jérôme Fournel qui a été jusqu’à s’en vanter auprès de Jean Paul Garcia, le directeur de l’A2 à cette même période.
L’incohérence des scènes filmées n’a pas échappé au public.
A Voir ou revoir ce reportage sur l’affaire Fievet
Avec les témoignages de:
Jean-Henri Hoguet – ancien patron de la DNRED de la Douane Française
et
d’Yves Bonnet – ancien patron de la DST
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Depuis de nombreuses lettres ouvertes ont été envoyées à deux énarques intellectuellementcorrompus qui n’ont pas hésité à réécrire les faits pour dégager la Douane française et la DNRED de toutes responsabilités.
REPRISE de l’article du 8 janvier 2017 paru dans le Parisien par Stéphane Sellami
C’est une découverte inattendue qui relance les suspicions quant à l’objectif réel poursuivi par les douanes après l’improbable saisie de 7 t de résine de cannabis, en octobre 2015, dans le XVIe arrondissement de Paris.
Dans ce dossier, le rôle controversé d’un informateur des policiers de l’Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants (OCRTIS), a conduit à son arrestation en février 2016 en Belgique, puis à son incarcération en France. Depuis, Sophiane HAMBLI., 41 ans, originaire de Mulhouse (Bas-Rhin), a été rejoint en détention par huit complices présumés. Lui a toujours affirmé avoir agi à la demande de l’OCRTIS, et surtout, avec l’aval de la justice française…
A l’époque de la découverte de cette impressionnante quantité de haschisch, les agents de la puissante Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED), un des six services de la communauté du Renseignement en France, agissant sous le sceau du secret-défense, avaient affirmé tout ignorer de la présence de l’informateur de l’OCRTIS dans ce dossier.
Un indicateur présenté comme un baron de la drogue
Une affirmation désormais battue en brèche après la découverte, le 12 décembre dernier, d’« éléments de travail » concernant Sophiane HAMBLI., lors de la perquisition du siège de la DNRED à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne) par les gendarmes de la section de recherches (SR) de Paris. Une perquisition menée dans une autre affaire, à la demande des juges d’instruction du pôle financier parisien, Aude Buresi et Serge Tournaire, après une autre saisie « douteuse » de 43 t de café contrefait, en juillet 2015, par les douanes.
Jeudi, le chef adjoint de l’antenne de la DNRED au Havre (Seine-Maritime) où plus de 800 000 € en liquide avaient été saisis, toujours le 12 décembre, a mis fin à ses jours sur son lieu de travail. Ce douanier « estimé » avait exprimé son sentiment « profond de trahison » après la découverte de cette somme dans le cadre de l’enquête menée par les deux juges parisiens.
Les documents relatifs à Sophiane HAMBLI., eux, ont été récupérés dans le bureau de l’adjointe opérationnelle à la DNRED. Ils datent de plusieurs mois avant son arrestation. Selon nos informations, cet indicateur de l’OCRTIS faisait l’objet d’une attention toute particulière de la part des douaniers. Il y est notamment décrit comme « supervisant depuis sa prison de Nancy l’importation de quantité importante de résine de cannabis entre le Maroc et la France ». Sophiane HAMBLI. est présenté comme « le boss du trafic européen de résine de cannabis », capable d’importer « plusieurs tonnes par semaine ».
Les douaniers ont-ils voulu faire tomber le si précieux indic de leurs rivaux de l’OCRTIS ?
Les mêmes documents laissent ainsi entendre qu’un aviseur (informateur) des douanes est impliqué dans la chute du « tonton » des policiers de l’OCRTIS…
Une arrestation qui n’est pas sans conséquence puisqu’il semble désormais acquis qu’elle a mis à mal le démantèlement d’un vaste réseau d’importation de résine, piloté depuis le Maghreb par un certain Moufid BOUCHIBI,, un autre « baron de l’or vert » multimillionnaire…
Sollicité, l’avocat de Sophiane HAMBLI., M e Joseph Cohen-Sabban précise que « les douanes ont volontairement porté atteinte à une opération de police en inventant purement et simplement, sur procès-verbal, les circonstances de la découverte de cette drogue à Paris. J’ai, d’ailleurs, déposé plainte contre les douanes quant au caractère mensonger de leurs déclarations ».
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FRANCE 🇲🇫 : l’argent sale est partout assurément
Les enquêteurs de la Gendarmerie avaient trouvé dans les locaux de l’Échelon de la DNRED du Havre près de 800 000 euros, dont 740 000 dans une valise et 40 000 dans un fauteuil. Aviseur international avait à l’époque fait un article sous le titre :
Les relations de François Thierry de l’OCRTIS et de son apporteur d’affaires, Sofiane Hambli, intéressaient au plus haut point Erwan Guilmin, le directeur de la DOD (la Direction des opérations douanières) qu’il n’hésita pas à faire saisir une cargaison de plus de 7 tonnes de cannabis…appartenant à Hambli, n’imaginant pas le cataclysme qu’il allait provoquer. A la suite de cette saisie, l’enquête, comme c’est la coutume, fut confiée à l’OCRTIS qui fut dessaisi quelques jours plus tard et pour cause, puisque la cargaison était sous contrôle de François Thierry…et le dossier fut refilé aux gendarmes! Entre ces cousins policiers et douaniers des régaliennes chargés de la lutte contre les stups, c’est la mésentente depuis des décennies et toutes les vilenies dont se rendirent coupables les policiers contre la DNRED seraient trop longues à détailler ici. Policiers et douaniers n’étant pas réellement des amis, et ces derniers ayant trop souvent subi les attaques des policiers qui n’hésitaient jamais à chasser le douanier plutôt que les trafiquants… De perturber les opérations que menaient François Thierry ne pouvait que réjouir les ‘superdouaniers’ de la DOD! Sauf que… pour s’engager dans ce type d’opérations, il faut, comme on dit vulgairement, avoir le cul propre. Pas de bol, Erwan Guilmin n’avait pas le cul propre!
Et tout ce qui arrive, ce renvoi de six hauts gradés de la DNRED en correctionnelle par la juge Aude Buresi, est donc la conséquence logique de la suffisance d’Erwan Guilmin, la conséquence logique des règles élémentaires de sécu qu’il ne s’appliquait pas et la conséquence logique de son ambition dévorante due sans doute au fait qu’en tant qu’énarque, il se sentait au dessus de la loi, entrainant alors avec lui tous les egos surdimensionnés qui l’entouraient.
Les gendarmes méthodiquement vont donc effectuer des perquisitions légales et là, lors de l’une d’elles, à l’échelon DOD du Havre, ils trouvent un gros paquet de biffetons…800.000 euro! Pascal Schmidt, explique sérieusement que l’argent appartient à un certain Zoran Petrovic…
Quatre mois plus tard, douze personnes ont été placées en garde à vue, dont Pascal Schmidt, le responsable de la DOD du Havre, et plusieurs supérieurs hiérarchiques. Tristement, quelques semaines après la perquisition, un adjoint de Pascal Schmidt se suicidera sur son lieu de travail.
Pour la justice, ces hauts gradés « ont enfreint la loi dans l’unique but de réaliser des saisies avantageuses pour l’image médiatique de la DNRED mais sans aucun résultat concret sur le plan de la lutte contre la contrebande« , c’est la conviction de la juge Aude Buresi et du parquet et donc dans son ordonnance du 11 mai, la juge Aude Buresi a décidé de faire juger Jean-Paul Garcia pour « détournement de fonds publics par négligence ». La magistrate, conformément au réquisitoire du parquet de Paris, estime qu’il « est resté sourd aux multiples alertes » de ses services, permettant ainsi la collaboration et la rémunération de Zoran Petrovic, l’informateur au cœur de l’affaire, pourtant sur liste noire depuis 2009. Mais il est bon de se poser la question
Jean Paul Garcia et l’ancien patron de la Direction des opérations douanières (DOD) au Havre, Pascal Schmidt, seront les deux principaux prévenus du procès, accusés d’être la cheville ouvrière de ces importations de marchandises contrefaites, et seront aussi jugés pour « corruption » et « blanchiment ».
La juge ordonne également un procès pour Vincent Sauvalère, ex-numéro 2 de la DNRED et pour son successeur Erwan Guilmin. Son adjointe à l’époque des faits, Magalie Noël sera également jugée. Tous trois ainsi qu’un responsable régional seront jugés, notamment, pour « complicité » des importations frauduleuses, « escroquerie en bande organisée » et « détournement de fonds publics ».
La marchandise frauduleuse déclenchant les poursuites et à l’origine de l’affaire judiciaire, n’était qu’un bidonnage à la mode douanière d’une saisie d’une cargaison de café, d’un poids total de 43 tonnes, qui avait été « découverte » le 3 juillet 2015 dans un camion et un hangar, officiellement sur la base d’un renseignement recueilli par les super-douaniers de la DOD de la DNRED.
La honte, ils montaient des opérations bidons pour faire croire qu’ils étaient super rencardés … c’est plus facile!
A Bercy, on s’était même fendu d’un communiqué triomphant : »Une première sur le territoire national »…. Là aussi, quand il s’agit d’exister médiatiquement, tous, ministres en tête, sont de bons clients!
Vincent Sauvalère était en poste à Bruxelles…à l’OLAF plus précisément, le machin anti-fraude de l’Europe. Vincent Sauvalère venait de la DOD (Direction des Opérations Douanières de la DNRED) et c’est l’énarque Erwan Guilmin qui l’avait remplacé.
Ça commence bien cette histoire, sauf que, sauf que ces grands spécialistes des opérations douanières avaient trouvé la solution pour se faire « mousser »( c’est bon pour le déroulement de carrière), en organisant, avec un comparse recruté pour ses connaissances dans le monde obscur des trafics en tous genres, des opérations bidons, voire des trafics qu’ils couvraient.
Tout a une fin, même quand on s’estime au dessus des lois.
Dans un rapport de synthèse d’octobre 2017 deux juges d’instruction, Aude Buresi et Clément Herbo, qui enquêtaient sur ces brillants satrapes de Bercy, ont écrit :
« Nos investigations font ressortir, pour chaque affaire douanière, une implication incriminante de l’aviseur (Zoran Petrovic), et matérialisent une complicité du commandement de la Direction des opérations douanières (DOD) dans les schémas d’importation de marchandise de fraude», tout en soulignant «la participation active de Zoran Petrovic à de multiples trafics». Très loin, donc, des «dysfonctionnements localisés» avancés au début de l’enquête ouverte au pôle financier de Paris, à la suite d’une saisie particulièrement suspecte en juillet 2015.
Dans le cadre de cette procédure, un document classé «secret défense» a même été caviardé par l’énarque menteur Erwan Guilmin pour dissimuler à la justice le véritable statut du trafiquant indicateur.
Suspicions
Ancien parachutiste de l’armée serbe reconverti dans l’import-export, Zoran Petrovic a été condamné plusieurs fois pour vols et séjours irréguliers depuis son arrivée en France, en 1992.
«Tamponné» par la Brigade de répression du banditisme à la fin des années 90, il collabore ensuite avec plusieurs services de police et de renseignements, très intéressés par sa connaissance du milieu yougoslave et ses connexions dans les Balkans.
Vincent Sauvalère
En novembre 2008, par l’intermédiaire d’un autre informateur, le Serbe est approché par Vincent Sauvalère, qui vient de prendre la tête de la Direction des opérations douanières (DOD), la principale division opérationnelle de la DNRED. D’abord affecté au groupe «stups», Zoran Petrovic permet d’initier un premier dossier portant sur un chargement de 700 kilos de cocaïne, mais l’affaire périclite rapidement. Peu de temps après, son nom est associé à une autre affaire de drogue, baptisée «Hard Rock Cafe», qui lui vaudra d’être mis en examen pour «trafic de stupéfiants».
Véronique Degerman
Lors d’une réunion au parquet de Paris, la vice-procureure de la République, Véronique Degermann, exprime son «ras-le-bol» mais accepte que la DNRED continue à travailler avec Zoran Petrovic, à condition qu’il oublie les stups.
Toujours cornaqué par Vincent Sauvalère, l’aviseur se rapproche alors du groupe «cigarettes», dont il était jusqu’ici un objectif important en raison de sa proximité avec un des principaux réseaux chinois de contrebande. «Là, Sauvalère nous dit que Zoran est quelqu’un d’envergure, et que nous avons tout intérêt à en faire un aviseur plutôt qu’une cible», a expliqué l’ancien responsable du service aux magistrats. Une importante affaire de cigarettes est alors réalisée avec le parquet du Havre mais, à nouveau, des doutes apparaissent sur les véritables intentions de l’indic. «Je sentais qu’il y avait des choses bizarres qui se passaient autour de cette source sans pour autant les identifier précisément», confiera Roger Combes, alors chef de la DOD de Paris, tout en précisant avoir eu pour «ordre» de travailler avec le Serbe en dépit de ses suspicions.
Peu de temps après, des menaces de mort proférées par Zoran Petrovic contre l’un de ses agents traitants, vont finalement conduire le service à s’en séparer.
«Je crois vraiment que nous avons tout intérêt à nous débarrasser, une fois pour toutes, d’un partenaire devenu bien trop instable», écrit Roger Combes dans un mail d’octobre 2009.
Officiellement, «Z» est blacklisté dans la base centrale des sources, comme le veut la procédure. Ce qui ne va pas empêcher Vincent Sauvalère de continuer à le faire travailler en s’affranchissant de toutes les règles d’usage. Il faut comprendre..c’est tellement facile de se la péter pour des résultats bidons ! Beau tremplin pour Bruxelles !
Embrouilles administratives
Rattaché successivement aux antennes de Bordeaux et de La Rochelle afin de diversifier les juridictions référentes, Zoran Petrovic est finalement positionné à l’antenne du Havre. Il a désormais deux agents traitants : le nouveau patron de la DOD du Havre, Pascal Schmidt, et l’inévitable Vincent Sauvalère dont l’adjointe, Magalie Noël, est également dans la combine. Le grand patron de la DNRED, Jean-Paul Garcia, aurait eu une «connaissance exhaustive» de tous les dossiers réalisés grâce à Zoran Petrovic, s’est il fait enfler par ces forcenés du résultat!
Jean-Paul Garcia
Pour mieux brouiller les pistes, quatre nouvelles immatriculations sont attribuées à Zoran Petrovic, créées sur la base de vrais faux papiers d’identité dont l’enquête n’a pas encore permis de déterminer l’origine. Une de ces identités est exclusivement utilisée pour les affaires de contrefaçons, une autre pour les cigarettes et une troisième pour les armes. Pendant au moins six ans, le Serbe va ainsi servir de pivot aux principales affaires douanières. Pour la seule année 2013, sur 181 tonnes de cigarettes saisies par les douanes, plus de 105 tonnes sont passées par le port du Havre. Le reste se répartit principalement entre les antennes de Bordeaux et de La Rochelle, elles aussi rencardées par le célèbre aviseur.
Un business parfaitement rodé. «Mon rôle était toujours le même,raconte le Serbe en garde à vue. Je devais assurer l’entrée de la marchandise sur le territoire et l’emmener jusque dans l’entrepôt situé au Havre. Tout cela a été fait sous le contrôle des douaniers, du début à la fin.» A chaque fois, le modus operandi est identique : un nom de société existante est pris au hasard et désigné comme destinataire de la marchandise. Une fois la marchandise arrivée au port du Havre, les cargaisons transitent ensuite par des entrepôts contrôlés par la DNRED. L’antenne du Havre avait «la maîtrise totale de la logistique», insiste Zoran Petrovic. Selon nos informations, des équipes de douaniers étaient régulièrement réquisitionnées pour escorter les cargaisons du Serbe jusqu’à leur destination finale.
« Au cours de ces opérations clandestines, les agents avaient ordre de leur hiérarchie de couper leurs portables et d’utiliser des téléphones d’emprunt, comme de vulgaires dealers. »
«En toute amitié»
Pour chaque conteneur saisi, Zoran Petrovic était rémunéré au moins 20 000 euros par l’administration douanière.
Mais les véritables bénéfices étaient réalisés sur la marchandise qu’il importait par ailleurs en toute tranquillité. Des dizaines de tonnes de cigarettes de contrebande ont ainsi inondé le marché sans être saisies, en dépit de nombreuses alertes, avec la » bénédiction » des magouilleurs de la DOD.
En février 2015, les autorités américaines avertissent leurs homologues français de l’arrivée de plusieurs conteneurs de cigarettes. Trois mois plus tard, c’est l’attaché douanier à Dubaï qui signale la présence d’un conteneur. Aucun n’est contrôlé.
Mais régulièrement, en vertu du deal avec la DNRED, ces livraisons donnent lieu à une saisie spectaculaire.
Comme ce 20 juillet 2015, dans l’Aisne, lorsque les douaniers de Laon interceptent plus de 9 tonnes de cigarettes de marque Che et Richman dans un poids lourd immatriculé en Croatie. Le communiqué triomphal est encore visible sur le site des douanes. «Cette nouvelle saisie est le résultat d’une stratégie globale de protection de l’espace national», s’y félicitent les gabelous.
Le grain de sable
Mais le système va finir par dérailler. Le 3 juillet 2015, la DNRED réalise une saisie record : 43,3 tonnes de café contrefait découvert dans un semi-remorque et un entrepôt à Argenteuil (Val-d’Oise). En une seule prise, les douaniers sont passés de 30 % à 45 % de leurs objectifs annuels. Mais là encore, l’affaire a été montée de toutes pièces par «Z» qui, en contrepartie, a bénéficié de l’absence de contrôle par les douaniers du Havre de six conteneurs de cigarettes de contrebande, soit environ 70 tonnes. «Le café n’était qu’un leurre permettant à la DNRED d’afficher une belle saisie en volume de marchandise contrefaite alors qu’elle n’était que la contrepartie d’une absence de contrôle des importations réalisées et organisées par Zoran Petrovic » soulignent les magistrats.
Le » Boomerang «
En décembre 2016, (à la suite de la saisie de cannabis Bd Exelmans (affaire Francois Thierry et Sofiane Hambli), l’OCRTIS est dessaisi du dossier au profit de la Gendarmerie et…) lors d’une perquisition à l’échelon DNRED du Havre, les gendarmes découvrent près de 800 000 euros en espèces dans le bureau de Pascal Schmidt, un des agents traitants de Petrovic.
Le parfum de corruption est d’autant plus tenace que les enquêteurs mettent aussi la main sur une montre Chopard au domicile du douanier. En garde à vue, «Z» fini par reconnaître que la tocante venait bien de lui. «Le fait d’offrir une montre à Pascal Schmidt, ce n’est pas de la corruption pour moi, s’est-il justifié. C’est un cadeau en toute amitié.»
Interrogés plusieurs fois, les principaux responsables se sont renvoyés la balle, mettant en avant les objectifs chiffrés et la pression du résultat. «Nous étions d’accord pour dire que ces objectifs quantitatifs étaient déconnectés de la réalité du trafic de cigarettes sur le territoire national, et que de fait ils nous obligeaient à orienter nos sources sur le trafic de cigarettes», a expliqué Magalie Noël, évoquant les «pressions de la Direction générale».«Les objectifs contrefaçons et cigarettes étaient en augmentation constante et ne pouvaient pas être atteints sans une saisie de conteneurs», a abondé Vincent Sauvalère. Soupçonnés d’avoir couvert les activités de «Z» pendant des années, ils ont été mis en examen, entre autres, pour «escroquerie en bande organisée», «détournement de fonds publics», «faux et usage de faux» et «importation en bande organisée de marchandises contrefaites».
«Manipulation»
Autre cadre épinglé : Erwan Guilmin, le successeur de Vincent Sauvalère à la tête de la DOD, qui a juré ses grands dieux ne jamais avoir été informé de la présence de Zoran Petrovic sur liste noire. «On m’a sans doute berné», a expliqué Guilmin aux juges, allant jusqu’à évoquer une «manipulation». Une version mise à mal depuis par un autre témoignage accablant. Il émane d’un cadre du secrétariat général de la DNRED, chargé de gérer la base centrale des sources et de tenir à jour les enregistrements, les radiations et la fameuse liste noire. Début 2016, le cadre reçoit une réquisition judiciaire du juge Jean Gervillié, qui enquête sur une affaire de stups impliquant Zoran Petrovic «Jean-Paul Garcia [alors patron de la DNRED] m’a demandé sur un Post-it de vérifier une liste de noms, a raconté le témoin. J’ai fait opérer immédiatement par mes services cette vérification et fait rédiger une note classifiée manuelle par un de mes agents. Cette note mentionnait expressément que Zoran Petrovic était sur liste noire.»
La note doit alors être envoyée au service juridique, chargé de la transmettre au juge d’instruction. «Je devais faire porter cette note par un chauffeur sous pli fermé, poursuit le cadre. Mais M. Erwan Guilmin m’a indiqué qu’il se chargeait de l’amener directement. Je n’ai pas pu refuser car il m’en a donné l’ordre.» Le cadre s’exécute. Mais à la suite d’une demande de déclassification, un an et demi plus tard, l’inspection générale des douanes se rend compte que le document transmis à la justice, pourtant classé « secret défense », ne correspond pas à l’original. L’écriture est différente.
Surtout, le nom de Zoran Petrovic n’apparaît plus sur liste noire. Un tour de passe-passe assimilable à une dissimulation de preuves, délit passible de cinq ans de prison. Contactés par Libération, les avocats des personnes mises en cause, toutes présumées innocentes, n’ont pas souhaité réagir.
Depuis, Erwan Guilmin est devenu « Chargé de mission à la sous-direction des politiques sociales – Secrétariat général » auMinistère de l’économie et des finances en janvier 2018.
Introuvable et ne figurant sur aucun listing téléphonique à Bercy, et…
Et à la DG de la Douane française, contactée par Marc Fievet, on ne sait que bredouiller…Alzheimer a frappé grave!
Encore heureux que dans ces affaires le « SECRET DEFENSE » n’a pas été décrété !
Lutte contre le trafic de drogue: «En 2021, les saisies de cocaïne ont doublé», annonce Gabriel Attal
Gabriel Attal a rendu compte du Conseil des ministres ce mercredi 12 janvier. Le porte-parole du gouvernement s’est exprimé sur la lutte contre le trafic de drogue. Il a annoncé qu’«en 2021, les saisies de cocaïne ont doublé».
Pour Rue89, Jean Henri Hoguet ancien patron de la DNRED (1987-1991) a accepté de répondre, par mail, à quelques questions.
Jean Henri Hoguet ancien patron de la DNRED (1987-1991)
Sans fioritures:
Comment expliquez-vous l’absence de soutien des responsables politiques vis-à-vis de Fiévet ?
Les dits « responsables » se sentent éventuellement concernés par les actions qu’ils ont conduites ou autorisées ou qui sont intervenues durant leur mandat, mais rarement pour celles qui sont intervenues des années auparavant. A fortiori lorsque la majorité politique a changé.
Pensez-vous que cette affaire puisse remettre en cause le système des aviseurs ?
Plus qu’un aviseur, Fiévet était un infiltré. Il est clair que ne pas soutenir un infiltré ne peut que tarir le recrutement.
L’aviseur normal ne doit pas s’attendre à une protection particulière. Il donne une information, on l’exploite et si il y a un résultat il sera rémunéré en fonction de celui-ci. Tout ce qu’on lui garantit, c’est de conserver son anonymat.
Marc Fiévet estime que certains de ses signalements n’ont pas débouché sur une intervention des douanes…
C’est vraisemblable et c’est normal. Toutes ces affaires sont internationales, elles mettent en jeu de nombreux services et les informations doivent transiter par des chaines hiérarchiques relevant de plusieurs pays.Vous pouvez ajouter le facteur temps, souvent essentiel, le facteur météo, la chance ou la malchance, pour comprendre que donner une info et réaliser une affaire sont deux choses différentes.
Comment se situe la France, en matière de lutte contre le trafic international ?
En Europe , je crois que nous sommes parmi les gens qui comptent, comme les Britanniques. Il faut tout de même savoir que l’on estime que l’on n’arrête que 5 à 10% de la drogue et qu’il a été jusqu’ici impossible de faire mieux. Beaucoup de pays font plus mal ! C’est le problème de la demande qu’il faudrait traiter, car il est illusoire de croire que l’on règlera la question en jugulant l’offre, ce qui est impossible dans un monde de plus en plus ouvert, avec des États aux motivations souvent antagonistes. Croit-on résoudre l’alcoolisme en supprimant l’alcool ?
Que faudrait-il changer pour accroître l’action des douanes en la matière ?
Le problème ne concerne pas que la douane, mais aussi la police et la gendarmerie. Il faut développer le renseignement aux plans national et international. L’échange de renseignements se heurte à de nombreuses difficultés : égoïsme des services qui travaillent d’abord pour eux mêmes, rivalités entre services, confidentialité des sources, rémunération des indics,etc.
Après le triste exemple Fiévet, il faudrait se donner les moyens d’avoir des infiltrés, de s’en occuper, de leur fournir protection. Ce qui implique des moyens considérables, notamment juridiques. Je doute qu’on en prenne le chemin, car les efforts à consentir ne peuvent être garantis au niveau des résultats à en escompter.
Publié le 09 décembre 2007, par David Servenay
Dans la peau d’un narco infiltré au coeur de la mafiade Marc Fiévet et Oliver-Jourdan Roulot, éditions Hugodoc
Au service de l’État à travers la douane, 1954-1996de Jean-Henri Hoguet, éditions l’Harmattan
Cavaillon : les fusillades se multiplient sur fond de trafic de drogue
Depuis plusieurs semaines, des trafiquants se livrent une lutte acharnée pour contrôler un point de deal très lucratif.
Mercredi 25 août, vers 11h, les policiers sont appelés pour des coups de feu dans la cité du Dr Ayme, rue Vincent Van Gogh. Des tirs provenant d’un véhicule Citroën C3 viennent de viser un point de deal nommé «La Tour», blessant un individu.
La veille déjà, mardi 24 août au matin, des coups de feu avaient été tirés dans cette même cité. Trois individus y ont fait irruption pour viser un jeune homme de 22 ans, connu des services de police. Ce dernier a reçu une balle dans la cuisse. Et ce n’est pas tout. Durant tout l’été, le quotidien de la cité du Dr Ayme a été rythmé par des violences : tirs émanant d’une moto visant un point de deal le 4 août, individus cagoulés brandissant des Kalachnikov le 10, fortes détonations entendues le 11….
C’est la quatrième fois en quelques semaines qu’une fusillade se produit dans le quartier du Docteur-Ayme. Mardi matin, un peu plus tôt, devant le bâtiment M de la rue Vincent-Van-Gogh, une Golf noire fonce en direction d’un groupe de jeunes et canarde. L’arme employée est probablement un pistolet-mitrailleur Uzi, de calibre 9 mm.
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lu dans FRANCE INFO 3
Trafic de drogue : à Marseille c’est « un plan de carrière » que les narcotrafiquants proposent aux jeunes des cités
À Marseille depuis 2012, la magistrate Karine Sabourin déclare:
« Le trafic de stupéfiants ne va pas être éradiqué uniquement par la répression. Il va falloir agir sur tous les plans. Ça commence par l’école, l’éducation, les parents, ça passe par la formation professionnelle, par l’insertion, par l’emploi, ce sont des mesures sociales et économiques qui dépassent largement le cadre judiciaire et le cadre policier.«
Etienne Liebig, éducateur des « GG », estime qu’il y a une vraie nécessité de prendre en charge les jeunes qui quitte l’école pour entrer dans des trafics. Il estime qu’une fois qu’ils passent devant la justice, c’est déjà trop tard.
A Marseille, les réseaux qui se partagent le trafic de stupéfiants sont dominés par « la loi de la violence », avec des clans de plus en plus « professionnels » et lourdement armés, explique la préfète de police des Bouches-du-Rhône, Frédérique Camilleri. Et les victimes sont de plus en plus jeunes, avec des guetteurs parfois à peine adolescents présents sur ces points de deal directement visés par des fusillades.
Dans ces annonces, le garde des Sceaux a notamment évoqué la réforme de la justice pénale des mineurs, qui met notamment en place une procédure de jugement en deux temps et doit permettre une accélération des jugements, le garde des Sceaux a fait part de son « optimisme réaliste »: « Nous serons prêts le 30 septembre pour que les mineurs soient jugés dans des délais rapides et nous espérons bien sûr que cela aura un impact sur la délinquance ».
Un besoin d’éducateur pour éviter le décrochage
Cependant, pour Etienne Liebig, éducateur, ce n’est pas sur ça qu’il faut des efforts pour sortir les jeunes des trafics dans ces quartiers.
“Je trouve que faire des lois sur ces toutes petites quantités, je trouve ça un peu bizarre. Qu’on donne les moyens sur les quartiers aux gens qui sont là pour qu’ils puissent bosser avec les mineurs. Parce que quand on fait du ‘chouffe’ par exemple, ça veut dire qu’on quitte l’école, qu’on commence à se déscolariser. Et aujourd’hui il y a un vrai problème, c’est qu’il y a des quartiers entiers où il n’y a pas d’éducateurs qui peuvent continuer à suivre les jeunes qui se déscolarisent.
Tant que l’enfant n’a pas fait une connerie et n’est pas allé en justice, on ne peut pas le suivre. Il faut des éducateurs de rue, qui sont là en prévention, par exemple quand ils sont absents plus de trois jours à l’école, on signale. Parce que soit il a eu un décès dans son cercle proche, soit c’est qu’il est en train de décrocher parce qu’il a un autre intérêt. Et c’est là qu’il faut intervenir, dans la première semaine. C’est beaucoup plus difficile de ramener le gosse dans le droit chemin une fois qu’il a pris des habitudes et qu’il se dit, c’est bon l’école, c’est fini”
Il y a quarante ans, le juge Pierre Michel était tué de trois balles dans le centre de Marseille. Bête noire des héritiers de la French Connection, cet homme était alors la terreur des barons de la drogue. Dans les rangs de la police et de la justice, le souvenir de cet assassinat est encore très présent. Depuis, les méthodes de travail des enquêteurs ont changé, mais celles des trafiquants aussi, qui ne cessent de fabriquer de nouvelles substances et d’inventer de nouveaux modes de commercialisation.
Violences, corruption, santé… : l’ OFAST pointe cinq menaces du trafic de drogue
Selon l’office antistups, le trafic de drogue représente une menace pour l’Etat en valorisant un contre-modèle et en exploitant les « vulnérabilités sociales »
Violences, valorisation de contre-modèles, corruption, santé, environnement : l’Office français de lutte anti-stupéfiants (Ofast) a présenté mercredi les cinq principales menaces du trafic de drogue, qui génère quelque « 21 000 » emplois en France.
Chargé de combattre le trafic de stupéfiants, déclaré comme un combat prioritaire par Emmanuel Macron, l’Ofast a élaboré un « état de la menace » visant à mieux « s’adapter aux stratégies des trafiquants ». Ce document sera prochainement transmis aux partenaires de l’office mais n’est pas diffusé au grand public.
Cinq « grandes menaces » ont été identifiées et présentées mercredi par la cheffe de l’office, la contrôleure générale Stéphanie Cherbonnier, lors d’une conférence de la police judiciaire et de l’Institut des hautes études du ministère de l’Intérieur (IHEMI) sur la criminalité organisée en France.
Règlements de comptes
Première menace identifiée, « la montée en puissance des violences liées au trafic », a indiqué Mme Cherbonnier, en rappelant que 80 % des règlements de comptes sont liés au trafic de stupéfiants. Le trafic représente aussi une menace pour l’Etat, en valorisant un contre-modèle, en exploitant les « vulnérabilités sociales » avec le recours à des « mules » ou des « nourrices », et en favorisant la corruption « publique et privée », a-t-elle noté.
Les gendarmes au dessus de tous soupçons
Autre menace, la corruption d’agents publics, selon Mme Cherbonnier qui distingue trois catégories. Les agents qui « maîtrisent les flux », à l’instar des dockers, mis en cause dans plusieurs récentes affaires. Ceux qui peuvent « faciliter le sort des trafiquants » : policiers, douaniers, agents pénitentiaires etc. Et les agents « qui contrôlent les territoires », notamment les « agents municipaux » qui peuvent mettre des équipements publics à disposition des trafiquants. Un phénomène que « l’on voit de plus en plus dans les enquêtes », a-t-elle souligné.
Santé et environnement
Quatrième menace identifiée, celle pesant sur « la santé publique », avec des produits stupéfiants « de plus en plus concentrés ». Enfin, la cheffe de l’Ofast a aussi pointé la menace pesant sur l’environnement, avec notamment des atteintes à la biodiversité et l’utilisation de produits chimiques dans la fabrique des stupéfiants.
Le trafic de drogue, marqué par « une production mondiale et européenne particulièrement soutenue », représente environ trois milliards d’euros de revenus chaque année en France, a rappelé Mme Cherbonnier.
Avec « 4 000 points de deal » recensés en France, il génère l’équivalent de « 21 000 emplois » et seuls « 95 millions d’euros » ont été saisis lors des enquêtes, a-t-elle ajouté.
Depuis 4 ans, environ 100 tonnes de cannabis et plus de 10 tonnes de cocaïne sont saisies chaque année en France, a-t-elle encore dit.
« Les trafiquants ne gagneront pas et les policiers et les gendarmes qui sont en deuil aujourd’hui auront les moyens de continuer de lutter contre ces trafics« , a déclaré Gérald Darmanin, ajoutant que « le trafic des stupéfiants c’est vraiment la mère des batailles contre la délinquance, c’est celle qui provoque des cambriolages, des agressions sur la voie publique, des morts sur la route« .
« Je ne peux pas accepter de baisser les bras »
Pour le ministre, c’est cette « hyper-présence » des policiers et des gendarmes déployés pour lutter contre ces trafics qui provoquent « une instabilité chez les trafiquants qui répondent […] et je crois que le drame d’Avignon est l’une de ces réponses ».
« Je ne peux pas accepter de baisser les bras », a ajouté le ministre de l’Intérieur.
Dans une note établie en février par la cellule analyse et recoupements du centre de coopération policière et douanière franco-belge, les autorités belges ont ainsi avisé leurs homologues françaises que la police néerlandaise avait identifié plusieurs groupes criminels ayant recours à What3Words pour faciliter les livraisons et les réceptions de drogue.
« Les services de police judiciaire [des Pays-Bas], est-il indiqué, attirent notre attention, ayant remarqué lors de surveillances techniques que des organisations criminelles ont détourné le dispositif. Lors de conversations ou mails surveillés, des rendez-vous sont passés avec précision en employant uniquement trois mots de la conversation courante ».
L’intérêt des trafiquants ? En utilisant des mots du langage courant, d’un usage quotidien, ceux-ci peuvent déjouer écoutes et surveillances des services spécialisés et compliquer singulièrement la collecte de preuves. « Une conversation ou un SMS évoquant des termes parfaitement banals pour évoquer une livraison de drogue peut difficilement incriminer des truands », avance une source policière.
L’appli What3Words n’est que le nouvel avatar d’une pratique déjà ancienne des narcotrafiquants, qui ont toujours eu à cœur de préserver la confidentialité de leurs échanges.
Vous utilisez peut-être le mot-dièse #Annecy sur le réseau social Twitter pour chercher de l’information ou admirer des photos de la petite Venise des Alpes. Mais depuis plusieurs mois, en tapant #Annecy, vous aurez plutôt tendance à trouver… des tweets de vente de cannabis et autres cachets peu légaux.
Ces annonces pullulent. Différentes villes de France et même de l’étranger sont aussi identifiées. Ces tweets étant à la vue de tous, et bien sûr des plus jeunes, nous avons voulu voir s’il était si facile de se procurer ces drogues à Annecy via ces plateformes. Et le constat est sans appel…
International informant: Quand, en septembre 2007, un avion appartenant à la CIA s’est écrasé au Mexique et l’on a découvert qu’il transportait plus de 4 tonnes de cocaïne, qu’avez-vous pensé ?
Marc Fievet :
Lorsque j’ai lu cette news, j’ai immédiatement pensé que malgré les années qui passent, les gouvernements et les dirigeants des grands services de renseignements utilisaient toujours les mêmes méthodes pour trouver des fonds.
Comment ne pas se souvenir d’Oliver North du temps de Bush père et d’Air America au Vietnam, pour ne citer que ces deux exemples qui sont tombés dans le domaine public. Ayant travaillé pour la DEA et ayant pu constaté le manque total d’éthique morale des fonctionnaires que j’ai rencontrés, je ne suis pas étonné de ce type de transport par ces avions occupés à plein temps pour « faciliter » le « travail » de la CIA ou…
L’Office anti-stupéfiants a permis l’identification de près de 4 000 points de deal, 450 ont été démantelés, mais « Entre connaître des points de deal et conduire des opérations visant à leur démantèlement, ce sont deux étapes différentes, c’est un processus compliqué« , a rappelé Stéphanie Cherbonnier.
Corinne Cleostrate – DNRED
L’objectif de l’Office anti-stupéfiants (Ofast) est de permettre « une meilleure coordination des acteurs chargés de la lutte contre les stupéfiants« , a expliqué à franceinfo sa cheffe Stéphanie Cherbonnier, mercredi 17 mars. Cet office, recomposé en février 2020, a pour but de mener des opérations anti-drogue, notamment pour « éradiquer les points de deal ».
QUID de l’incapacité de nos cyber-services pour supprimer les milliers de propositions de stups, d’armes et d’offres pédocriminelles ?
QUID de l’implantation des nouveaux points de vente ?
QUID du contrôle efficace possible dans nos ports maritimes ?
QUID de l’embouteillage des services judiciaires ?
QUID de l’économie souterraine qui alimente des quartiers défavorisés ?
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EXTRAITS
de
l’interview cocorico !
Par Jean-Michel Décugis et Damien Delseny
Il y a neuf mois vous avez fait de la lutte contre le trafic de drogue une priorité. Quel est votre bilan ?
Nous sommes en train de regagner le terrain. Et c’est sans précédent. Nous menons la bataille sur deux fronts : l’offre et la demande. L’offre, avec la lutte contre les trafics internationaux, les grossistes et tous les points de deal que nous avons recensés et ciblés, mais aussi en travaillant sur la demande, avec les consommateurs et les amendes forfaitaires délictuelles (AFD) pour usage de stupéfiants (NDLR : 200 euros et une inscription au fichier des antécédents judiciaires).
Cela signifie que la demande reste forte ?
Oui. La preuve, c’est que dans une année 2020 marquée par le confinement et le couvre-feu, les saisies de drogue ont été très importantes.
Est-ce lié, selon vous, à la création de l’Office anti-stupéfiants, l’OFAST ?
Il y a tout un dispositif. Avant, les services travaillaient en silo, l’ OFAST, voulu par le président de la République, c’est la task-force au service d’une mobilisation générale anti-drogue, une DEA (la Drug Enforcement Administration aux Etats-Unis) à la française. Dans chaque département, désormais, une cellule du renseignement opérationnel sur les stupéfiants coordonne l’action. Cela a contribué à démanteler 12622 réseaux l’an dernier.
Vous aviez recensé en septembre 3952 points de deal en France, combien ont été démantelés ?Quatre cent cinquante. Et nous allons accélérer la cadence. Justement, ces attaques contre la police vous les attribuez à la lutte contre le trafic de drogue ?Il y a un lien évident entre le trafic de drogue et la violence. Mais pas seulement contre les forces de l’ordre.Vous pensez aux règlements de compte et aux rixes entre bandes ?En tout cas, tous les règlements de compte commis pendant l’été étaient en lien avec le trafic de drogue, à l’exception des épisodes violents survenus à Dijon avec la communauté tchétchène. C’est une inquiétude et, en même temps, la conséquence du travail mené par la police sur le terrain. Il y a aussi les armes ?
Les dealers se sont beaucoup armés aussi. A titre d’exemple, en novembre 2019, quand on démantelait un trafic, 8% des personnes interpellées étaient porteuses d’armes à feu. Aujourd’hui, c’est 22%. C’est la preuve d’une militarisation du trafic de drogue.
Y a-t-il toujours une loi du silence dans ces quartiers ?De moins en moins, et je m’en réjouis. C’est tout l’intérêt de la plate-forme de signalement mise en place (moncommissariat.fr et la brigade numérique de la gendarmerie). Cela veut-il dire que les méthodes des trafiquants s’adaptent à la conjoncture ?Entre mars et juin, période de confinement, le trafic s’est effondré. Notamment en raison de l’arrêt du trafic aérien et de la limitation de la circulation routière. Mais, en réalité, ce trafic s’est transformé avec le développement de la livraison à domicile. On a vu arriver des plates-formes sur les réseaux sociaux comme sur Snapchat pour passer les commandes et, ensuite, des livraisons avec scooters, motos ou même voitures. Il y a aussi les livraisons par voie postale.Votre action vise aussi les consommateurs. Grâce aux AFD, les amendes forfaitaires délictuelles, peut-on dresser une cartographie précise de cette consommation, et un profil des clients ?J’ai demandé une analyse plus fine de cette question. Il y a d’abord une consommation de proximité par des habitants de ces quartiers populaires. Mais il y a aussi une population plus bourgeoise qui consomme et qui, elle, se fait livrer à domicile. La consigne que j’ai donnée, notamment à la préfecture de police de Paris, c’est aussi d’être présent dans les quartiers plus « huppés » pour contrôler ces livraisons à scooter ou moto. Arrêtons d’accepter la consommation mondaine de la drogue.Dans votre guerre contre le trafic, vous comptez aussi sur les élus ?Nous allons proposer aux 100 maires les plus concernés de travailler étroitement avec nous. Parce que nous avons besoin d’eux aussi pour un travail plus social, afin de sortir certains consommateurs de leurs addictions, de travailler sur la re scolarisation. Dans les écoles parmi les plus touchées, nous allons renforcer, avec Jean-Michel Blanquer, la vidéoprotection et les contrôles aux abords.Pour lutter contre ces équipes très organisées, il faut aussi du matériel. Où en est-on de l’utilisation des drones ?Cela va être débattu cette semaine devant le Sénat dans le cadre de l’examen du projet de loi sur la sécurité globale. Pour l’instant, faute de cadre législatif, ils sont au garage. L’occupation des halls d’immeuble se poursuit même durant le confinement ou le couvre-feu…C’est un délit, mais il est difficile à réprimer puisque personne ne témoigne. Donc nous allons mettre en place en octobre, là aussi, un système d’amende forfaitaire, ce qui permettra de verbaliser mais aussi d’inscrire ces personnes contrôlées au fichier des antécédents judiciaires et ainsi de mieux identifier ceux qui travaillent comme petites mains dans les réseaux.A Paris, la consommation de crack reste un problème récurrent…Le problème du crack, c’est qu’il engendre une très forte dépendance. Les effets sur la santé physique et mentale sont dévastateurs et la détérioration de ceux qui consomment est rapide et souvent inéluctable. C’est une toxicomanie qui touche particulièrement des personnes fragilisées déjà, venant des classes populaires et parfois une population immigrée clandestine. L’intervention et le rôle de la police sont très compliqués. Il y a des saisies et des revendeurs arrêtés tous les jours, mais c’est une drogue très facile à fabriquer. Il faut travailler avec le corps médical et social des villes touchées pour pouvoir faire un accompagnement qui ne soit pas que policier.Vous parlez de prévention. Votre plan de bataille comporte-il un volet préventif ?Oui, et nous devons être plus efficaces sur la prévention. Nous n’avons pas encore gagné la bataille pour expliquer que la drogue, c’est vraiment de la merde. Le Premier ministre a donné son accord pour lancer une vaste campagne de communication sur le sujet. Il n’y en a pas eu depuis le début des années 1980. Il faut démontrer la nocivité absolue des stupéfiants dans le décrochage scolaire, dans les maladies psychologiques, dans les violences conjugales, dans les accidents de la route. La drogue n’est pas un produit sympathique. La drogue, c’est la mort.
Étant tous égaux devant la loi, merci de signer la pétition pour un contrôle dépistage de drogues sur l’ensemble de nos élus faiseurs de lois, des décideurs, des douaniers, des policiers, des gendarmes et des magistrats
Dans les années 90, l’Albanie frappée par une grave crise économique était déjà affaiblie par la guerre en Yougoslavie. De nombreux jeunes Albanais considéraient le trafic de drogue comme le seul moyen de sortir de ce réseau de pauvreté et de corruption.
Depuis le pays est devenu le premier narco-État d’Europe. Et ceci en dépit du fait que l’Albanie est membre de l’OTAN et est sur le point de négocier son adhésion avec l’UE.
Dès le début des années 2000 de jeunes adolescents furent envoyés en Angleterre, en Allemagne, en Belgique en France, en Italie et aux Pays-Bas et, sous l’étiquette de réfugiés, s’implantèrent dans ces différents pays avec l’aide des services d’accueil à l’enfance. Ces jeunes gens devenus adultes et bien intégrés ont permis la mise en place de « cellules dormantes », disponibles pour toutes opérations de narcotrafic ou de vente d’armes.
Dans un rapport, VICE s’est entretenu avec deux trafiquants de cocaïne d’une banlieue délabrée de la capitale albanaise, Tirana.
Ils venaient de rentrer d’un voyage en Allemagne. Comme beaucoup de leurs collègues, Artin et Luli sont passés du cannabis à la cocaïne. Cela rapporte plus d’argent et le matériel est facile à obtenir. Ils gagnent environ 20 000 euros s’ils apportent un kilo de cocaïne dans les pays riches d’Europe. Et le marché se développe: « Il faut faire le tour de l’Allemagne, de l’Italie ou de l’Angleterre si l’on veut réaliser quelque chose ici. La cocaïne est un vrai travail», déclare Artan.
Le trafic de drogue en Albanie a une longue histoire
Entre-temps, le pays est devenu le premier narco-État d’Europe. Selon la définition du Fonds monétaire international, un narco-État est un pays «dans lequel toutes les institutions légitimes sont imprégnées de la puissance et de la richesse du trafic de drogues illicites».
Les exemples habituellement donnés sont le Venezuela, la Guinée-Bissau et l’Afghanistan, mais certains pays européens font aussi partie de la liste comme l’Albanie entre autres.