Aviseur International renseigne sur la problématique de la drogue, du narcotrafic et sur les politiques mises en œuvre par les différents Etats. ———- CONTACT par email: ns55dnred@outlook.fr ou WhatsApp: 33 (0) 6 84 30 31 81 Suivez @MarcFievet sur TWITTER
‘Aviseur international’ ne reprendra pas, cette année, l’ensemble des articles et communiqués de l’ensemble de nos régaliennes et des services de communication de nos différents ministères.
Tous ne pouvant nous informer que d’une progression des saisies qui ne correspond qu’a l’explosion du trafic destiné à satisfaire des consommateurs chaque jour plus nombreux.
Les méthodes et politiques mises en œuvre ne sont pas à la hauteur des enjeux sociétaux du futur puisque seules la prohibition et l’aggravation des sanctions sont retenues pour lutter contre ce fléau.
En 2004, Le député Jean-Luc Warsmann présentait, dans un rapport remis au ministre de l’intérieur, 44 mesures pour améliorer la lutte contre le trafic des stupéfiants. Selon ce rapport il précisait qu’il était nécessaire de renforcer les moyens de lutte en amont sur les routes de la drogue, qu’ il’ faudrait également mutualiser davantage les moyens de lutte entre les pays européens et généraliser les enquêtes sur le patrimoine et les ressources des trafiquants.
Le rapport préconisait également de construire un dispositif de confiscation des avoirs résultants du trafic de stupéfiant en France comme à l’étranger. Enfin, le rapporteur estimait nécessaire de modifier les indicateurs d’activité de la lutte contre le trafic de stupéfiants.
Ça c’était en 2004 et depuis….les lobbyistes des régaliennes n’ont eu qu’une seule idée en tête, assurer aux services des résultats toujours en progression et rendus plus faciles du seul fait de la loi du marché.
Comment lutter efficacement contre les drogues ?
Lors de la session extraordinaire qui s’est tenue du 19 au 21 avril 2016, l’Assemblée générale des Nations unies a acté l’échec de la « guerre contre les drogues ». Conçue pour réduire drastiquement l’offre de stupéfiants, la mobilisation d’importants moyens militaires et policiers n’a en effet pas produit les effets escomptés. On espérait que la contraction de l’offre se traduirait par une hausse des prix et une diminution de la qualité susceptibles de décourager la consommation de drogue. C’est le contraire qui s’est produit : les prix des stupéfiants ont baissé alors même que leur concentration en principes actifs augmentait.
“La mise en œuvre de politiques associant prohibition et répression a produit d’importants dommages collatéraux.”
Le coût de la « guerre contre les drogues » est par ailleurs sans rapport avec la taille du marché concerné : 1 000 milliards de dollars sont dépensés chaque année pour lutter contre le narcotrafic, dont le chiffre d’affaires annuel est estimé à 300 milliards de dollars. La mise en œuvre de politiques associant prohibition et répression a enfin produit d’importants dommages collatéraux allant de la hausse spectaculaire des incarcérations aux États-Unis à l’augmentation rapide des contaminations par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) en Russie et dans les pays d’Europe de l’Est.
Afin de limiter les ravages liés aux stupéfiants, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une nouvelle approche faisant de la préservation de la santé et de la sécurité des individus le principal objectif des politiques de contrôle des drogues. Elle a ainsi rompu avec la « ligne dure » qui s’était progressivement imposée sous l’influence des États-Unis.
Lutte contre le trafic de drogue: «En 2021, les saisies de cocaïne ont doublé», annonce Gabriel Attal
Gabriel Attal a rendu compte du Conseil des ministres ce mercredi 12 janvier. Le porte-parole du gouvernement s’est exprimé sur la lutte contre le trafic de drogue. Il a annoncé qu’«en 2021, les saisies de cocaïne ont doublé».
Chargé de mission auprès de Dominique Strauss-Kahn, ministre de l’Économie et des Finances, à qui Fievet avait écrit de sa prison canadienne de Renous, François Auvigne avait envoyé Messieurs Gatard de Marseille et Roux de Washington DC pour convaincre Fievet de Plaider coupable au Canada en faisant préciser que l’on arrangerait sa situation dès son retour en France
François Auvigne, lorsqu’il devint le Directeur général de la Douane française , a démontréune couardise consternante en refusant d’assumer les engagements pris auprès de Marc Fievet par les dirigeants de la DNRED et par les envoyés douaniers venus rencontrer Fievet au Canada sur sa demande,. Ces faits confirment que chez ces gens-là, l’honneur n’existe pas .
Pour Rue89, Jean Henri Hoguet ancien patron de la DNRED (1987-1991) a accepté de répondre, par mail, à quelques questions.
Jean Henri Hoguet ancien patron de la DNRED (1987-1991)
Sans fioritures:
Comment expliquez-vous l’absence de soutien des responsables politiques vis-à-vis de Fiévet ?
Les dits « responsables » se sentent éventuellement concernés par les actions qu’ils ont conduites ou autorisées ou qui sont intervenues durant leur mandat, mais rarement pour celles qui sont intervenues des années auparavant. A fortiori lorsque la majorité politique a changé.
Pensez-vous que cette affaire puisse remettre en cause le système des aviseurs ?
Plus qu’un aviseur, Fiévet était un infiltré. Il est clair que ne pas soutenir un infiltré ne peut que tarir le recrutement.
L’aviseur normal ne doit pas s’attendre à une protection particulière. Il donne une information, on l’exploite et si il y a un résultat il sera rémunéré en fonction de celui-ci. Tout ce qu’on lui garantit, c’est de conserver son anonymat.
Marc Fiévet estime que certains de ses signalements n’ont pas débouché sur une intervention des douanes…
C’est vraisemblable et c’est normal. Toutes ces affaires sont internationales, elles mettent en jeu de nombreux services et les informations doivent transiter par des chaines hiérarchiques relevant de plusieurs pays.Vous pouvez ajouter le facteur temps, souvent essentiel, le facteur météo, la chance ou la malchance, pour comprendre que donner une info et réaliser une affaire sont deux choses différentes.
Comment se situe la France, en matière de lutte contre le trafic international ?
En Europe , je crois que nous sommes parmi les gens qui comptent, comme les Britanniques. Il faut tout de même savoir que l’on estime que l’on n’arrête que 5 à 10% de la drogue et qu’il a été jusqu’ici impossible de faire mieux. Beaucoup de pays font plus mal ! C’est le problème de la demande qu’il faudrait traiter, car il est illusoire de croire que l’on règlera la question en jugulant l’offre, ce qui est impossible dans un monde de plus en plus ouvert, avec des États aux motivations souvent antagonistes. Croit-on résoudre l’alcoolisme en supprimant l’alcool ?
Que faudrait-il changer pour accroître l’action des douanes en la matière ?
Le problème ne concerne pas que la douane, mais aussi la police et la gendarmerie. Il faut développer le renseignement aux plans national et international. L’échange de renseignements se heurte à de nombreuses difficultés : égoïsme des services qui travaillent d’abord pour eux mêmes, rivalités entre services, confidentialité des sources, rémunération des indics,etc.
Après le triste exemple Fiévet, il faudrait se donner les moyens d’avoir des infiltrés, de s’en occuper, de leur fournir protection. Ce qui implique des moyens considérables, notamment juridiques. Je doute qu’on en prenne le chemin, car les efforts à consentir ne peuvent être garantis au niveau des résultats à en escompter.
Publié le 09 décembre 2007, par David Servenay
Dans la peau d’un narco infiltré au coeur de la mafiade Marc Fiévet et Oliver-Jourdan Roulot, éditions Hugodoc
Au service de l’État à travers la douane, 1954-1996de Jean-Henri Hoguet, éditions l’Harmattan
Violences, corruption, santé… : l’ OFAST pointe cinq menaces du trafic de drogue
Selon l’office antistups, le trafic de drogue représente une menace pour l’Etat en valorisant un contre-modèle et en exploitant les « vulnérabilités sociales »
Violences, valorisation de contre-modèles, corruption, santé, environnement : l’Office français de lutte anti-stupéfiants (Ofast) a présenté mercredi les cinq principales menaces du trafic de drogue, qui génère quelque « 21 000 » emplois en France.
Chargé de combattre le trafic de stupéfiants, déclaré comme un combat prioritaire par Emmanuel Macron, l’Ofast a élaboré un « état de la menace » visant à mieux « s’adapter aux stratégies des trafiquants ». Ce document sera prochainement transmis aux partenaires de l’office mais n’est pas diffusé au grand public.
Cinq « grandes menaces » ont été identifiées et présentées mercredi par la cheffe de l’office, la contrôleure générale Stéphanie Cherbonnier, lors d’une conférence de la police judiciaire et de l’Institut des hautes études du ministère de l’Intérieur (IHEMI) sur la criminalité organisée en France.
Règlements de comptes
Première menace identifiée, « la montée en puissance des violences liées au trafic », a indiqué Mme Cherbonnier, en rappelant que 80 % des règlements de comptes sont liés au trafic de stupéfiants. Le trafic représente aussi une menace pour l’Etat, en valorisant un contre-modèle, en exploitant les « vulnérabilités sociales » avec le recours à des « mules » ou des « nourrices », et en favorisant la corruption « publique et privée », a-t-elle noté.
Les gendarmes au dessus de tous soupçons
Autre menace, la corruption d’agents publics, selon Mme Cherbonnier qui distingue trois catégories. Les agents qui « maîtrisent les flux », à l’instar des dockers, mis en cause dans plusieurs récentes affaires. Ceux qui peuvent « faciliter le sort des trafiquants » : policiers, douaniers, agents pénitentiaires etc. Et les agents « qui contrôlent les territoires », notamment les « agents municipaux » qui peuvent mettre des équipements publics à disposition des trafiquants. Un phénomène que « l’on voit de plus en plus dans les enquêtes », a-t-elle souligné.
Santé et environnement
Quatrième menace identifiée, celle pesant sur « la santé publique », avec des produits stupéfiants « de plus en plus concentrés ». Enfin, la cheffe de l’Ofast a aussi pointé la menace pesant sur l’environnement, avec notamment des atteintes à la biodiversité et l’utilisation de produits chimiques dans la fabrique des stupéfiants.
Le trafic de drogue, marqué par « une production mondiale et européenne particulièrement soutenue », représente environ trois milliards d’euros de revenus chaque année en France, a rappelé Mme Cherbonnier.
Avec « 4 000 points de deal » recensés en France, il génère l’équivalent de « 21 000 emplois » et seuls « 95 millions d’euros » ont été saisis lors des enquêtes, a-t-elle ajouté.
Depuis 4 ans, environ 100 tonnes de cannabis et plus de 10 tonnes de cocaïne sont saisies chaque année en France, a-t-elle encore dit.
« Les trafiquants ne gagneront pas et les policiers et les gendarmes qui sont en deuil aujourd’hui auront les moyens de continuer de lutter contre ces trafics« , a déclaré Gérald Darmanin, ajoutant que « le trafic des stupéfiants c’est vraiment la mère des batailles contre la délinquance, c’est celle qui provoque des cambriolages, des agressions sur la voie publique, des morts sur la route« .
« Je ne peux pas accepter de baisser les bras »
Pour le ministre, c’est cette « hyper-présence » des policiers et des gendarmes déployés pour lutter contre ces trafics qui provoquent « une instabilité chez les trafiquants qui répondent […] et je crois que le drame d’Avignon est l’une de ces réponses ».
« Je ne peux pas accepter de baisser les bras », a ajouté le ministre de l’Intérieur.
« Des quantités de cocaïne sans précédent entrent dans l’UE en provenance d’Amérique latine, générant des bénéfices de plusieurs milliards d’euros »
De surcroît, la pureté de la cocaïne ainsi acheminée est désormais au plus haut niveau jamais atteint dans l’UE
« Le trafic de cocaïne alimente des structures criminelles qui se servent de leurs énormes ressources pour infiltrer et saper l’économie de l’UE, les institutions publiques et la société« , relève encore Europol.
L’Office anti-stupéfiants a permis l’identification de près de 4 000 points de deal, 450 ont été démantelés, mais « Entre connaître des points de deal et conduire des opérations visant à leur démantèlement, ce sont deux étapes différentes, c’est un processus compliqué« , a rappelé Stéphanie Cherbonnier.
Corinne Cleostrate – DNRED
L’objectif de l’Office anti-stupéfiants (Ofast) est de permettre « une meilleure coordination des acteurs chargés de la lutte contre les stupéfiants« , a expliqué à franceinfo sa cheffe Stéphanie Cherbonnier, mercredi 17 mars. Cet office, recomposé en février 2020, a pour but de mener des opérations anti-drogue, notamment pour « éradiquer les points de deal ».
Madame la directrice générale de la Douane française Isabelle Braun-Lemaire sera-t-elle comme son prédécesseur lointain l’énarque – IGF François Auvigne et tous ses successeurs qui ont refusé d’assumer les engagements pris par l’administration qu’elle dirige ?
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En France, dans la bibliothèque du Sénat
Elise Lucet : Invité de Pièces à conviction, Michel Charasse, bonsoir…
Michel Charasse : Bonsoir. Elise Lucet : Vous êtes l’ancien ministre du budget de 1988 à 1992 et sénateur du Puy de dôme, c’est la raison pour laquelle, nous sommes exceptionnellement au Sénat pour réaliser cet interview…Euh, vous ne souhaitez pas parler de, de l’affaire Marc Fievet…Est-ce que je peux vous demander quels étaient vos rapports, lorsque vous étiez ministre du budget avec ces aviseurs, je crois que vous avez souhaité les rencontrer, pourquoi ? Michel Charasse : Lorsque je suis arrivé au ministère du budget en mai…juin 88 , l’administration des douanes dont l’une des fonctions importantes est de lutter contre tous les trafics …de drogue, d’argent, euh, contre-façon..etc. prenaient par an à peu près 5 tonnes de drogue. Lorsque j’ai quitté le ministère le 2 octobre 1992, nous étions à 35 tonnes par an. C’est à dire multiplier par 5, par 7 pardon… Elise Lucet : Ouais ! Michel Charasse : En, en un peu plus de quatre ans………..Vous pensez bien que tout ceci a nécessité une organisation Elise Lucet:Honhon ! Michel Charasse : Ou une réu.. Ou .une réorganisation….Bien entendu ce n’est pas moi qui est tout inventé, mais j’ai donné à la douane beaucoup de moyens…avec l’argent du contribuable, pour en faire une véritable arme contre les trafiquants et notamment les trafiquants de drogues… Elise Lucet : Et parmi ces armes, il y avait les aviseurs Michel Charasse : Et parmi ces armes il y avait la collecte de renseignement et dans l’ensemble des renseignements, il y avait bien entendu les renseignements fournis par les aviseurs… Elise Lucet : Beaucoup ? Michel Charasse : Des aviseurs plus nombreux, mieux organisés, des relais mieux organisés par l’intermédiaire des , des, des correspondants que la douane pouvait avoir à l’étranger sous couverture planquée ou officielle, attachés douaniers dans les ambassades etc. etc…Donc bien entendu, on a dû beaucoup, enfin beaucoup a été dû aux renseignements… Elise Lucet : Ouais ! Michel Charasse : Et c’est d’ailleursparce que l’affaire a pris une ampleur importante pendant le temps où j’étais au ministère, en particulier avec la technique de ce que l’on appelle les livraisons contrôlées, c’est à dire l’infiltration de nos aviseurs ou quelques fois de douaniers d’ ailleurs, dans les réseaux de drogue … Elise Lucet : Ouais ! Michel Charasse : Et de fonctionnaires donc, de la douane, dans les réseaux de drogue..Euh, qui a conduit à… justement un incident grave. ..Euh…entre 90 et 92, qui s’est retrouvé devant le tribunal de Dijon, puisqu’à l’époque la législation française n’autorisait pas la livraison contrôlée,…le code pénal Elise Lucet : Vous parlez des quatre douaniers qui ont été incarcérés. Michel Charasse : Voilà, donc il y a eu l’affaire de Dijon et ces douaniers ont failli être condamné et ..euh, ils ne l’ont pas été que parce que d’une part j’ai fait voter la légalisation des livraisons contrôlées….Comme je l’ai déclaré un jour, on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre, Elise Lucet : Oui Miche Charasse : Quand on fait la guerre on fait la guerre… Elise Lucet : Ouais… Michel Charasse :On ne fait pas la guerre avec le, avec le code pénal dans la poche ou avec des prières ou la bible ou le portrait de Mahomet. Elise Lucet ; Donc si on veut coincer des trafiquants, il faut utiliser leurs méthodes ! Miche Charasse : Donc, très bien euh…Il faut utiliser leurs méthodes, il faut aller les chercher là où ils sont. Elise Lucet : Honhon. Michel Charasse : Vous savez ce sont des tueurs, je parle pas du petit, du petit merdeux, du petit dealer, du pauvre gamin… Elise Lucet : Non, non, on parle des Locatelli, des gens comme ceux qu’on a vu dans le reportage. Michel Charasse:Etc… je parle, voilà, des gros. Ce sont des tueurs ! Par conséquent, on va pas attraper les tueurs en leur récitant des cantiques. Elise Lucet : Alors, on en vient à la situation actuelle, si vous le voulez bien… Michel Charasse : On tire d’abord et on discute après………………………. Elise Lucet :……………….Euh, on va en venir à la situation actuelle si vous le voulez bien… Michel Charasse : J’ai sur ce plan là, quand on a affaire à des tueurs, une notion de l’Etat de droit qui est assez flexible… Elise Lucet :.Michel Charasse, pour terminer, on a bien compris que vous ne vouliez pas parler du dossier de Fievet, mais est-ce qu’il y a en France … des aviseurs de la douane et là je parle pas forcément du moment où vous, vous y étiez, qu’on a laissé tomber… Michel Charasse : ……………..A mon époque, je n’ai pas entendu dire qu’on avait laissé tomber qui que ce soit… Elise Lucet : Donc, on laisse pas tomber les aviseurs ? Michel Charasse :………Mais, on laisse tomber personne …Il faut laisser tomber personne. Lorsque vous êtes engagé dans une bataille….Euh, et ben…Euh…Euh, vous faites le nécessaire pour sauver tous vos soldats… Elise Lucet : C’est pas ce que Fievet a l’air de penser… Michel Charasse : (6 secondes de silence).Chacun pense ce qu’il veut, moi je vous dis simplement que quand on voit les résultats qu’on voit, il faut bien que…euh, l’administration des douanes soit soutenue par son ministre et qu’elle soutienne tous ceux qui collaborent, fonctionnaires ou non à ses activités. Elise Lucet : Michel Charasse, merci d’avoir répondu à nos questions.
INFO TF1/LCI – Tueurs à gages, livreurs, gros bras… les nouvelles succursales des trafiquants de drogue
Extrait de l’article paru le 1er février 2021
DE PLUS EN PLUS PRO
Ce constat, très surprenant, vient d’être dressé par la police judiciaire française dans une note interne rédigée le 18 janvier dernier par le Service d’information, de renseignement et d’analyse stratégique sur la criminalité organisée (Sirasco), que nous avons pu consulter. « Cela illustre la porosité entre groupes criminels« , explique un fin connaisseur du milieu. « Cette sous-traitance n’est pas de bon augure« .
Dans une récente note confidentielle que TF1 s’est procurée, la police judiciaire française s’alarme de la professionnalisation constante des narcotrafiquants, constituant des filières spécialisées pour la vente comme pour les règlements de comptes. De quoi rendre la lutte contre le trafic de stupéfiants plus complexe.
L’aide de prestataires spécialisés dans l’acheminement
Le phénomène s’observe d’abord à travers la sous-traitance du transport de stupéfiants. Les réseaux font de plus en plus appel à des prestataires spécialisés dans l’acheminement – par la route, la mer ou les airs – du cannabis, de la cocaïne ou des drogues de synthèse. L’équation des trafiquants est simple : cloisonner pour réduire les risques d’arrestation.
Des vendeurs et des guetteurs recrutés
Pour améliorer un peu plus encore le maillage de leur territoire, les dealers s’improvisent également Directeurs des ressources humaines. Depuis peu, les voilà capables de recruter des vendeurs ou des guetteurs, là encore totalement étrangers, à leur groupe. Du jamais vu jusqu’alors.
Tueurs à gages et mercenaires ultra-violents
Conquérir et reconquérir des territoires. Devenir toujours plus riches et puissants. L’appétit des « barons » du stup est illimité. Et passe souvent par l’usage de la force. « Le recours à des individus sous contrat par des narcotrafiquants pour éliminer leurs concurrents s’est amplifié » note la police judiciaire.
« 88 tonnes de cannabis, 11,5 tonnes de cocaïne et 1 tonne d’héroïne », ce sont les premiers chiffres des saisies de drogue réalisées en 2020, livrés ce matin par Gérald Darmanin, qui restent très élevés pour le ministre de l’Intérieur et proches de ceux des années précédentes, malgré le contexte de la crise sanitaire.En clair tout baigne, alors qu’au bas mot, plus de 1.000 tonnes de haschich ont été consommé en France durant la même période, plus de 150 tonnes de coke et pas moins de 10 tonnes d’héroïne.
Les dernières données disponibles en termes de niveaux de consommation des drogues illicites en France proviennent de l’enquête Baromètre santé 2017qui précisait que le cannabis restait de très loin la substance illicite la plus consommée, aussi bien chez les adolescents qu’en population adulte, avec au total 18 millions de personnes à l’avoir déjà essayé et 45 % des individus âgés de 18 à 64 ans.
Alors, est-ce normal de mobiliser nos FDO dans un combat sans fin, en brisant la vie de toutes celles et ceux qui auront été et seront verbalisés, alors que ce sont pour la quasi totalité des citoyens respectables ? Assurément NON!
Pourquoi ne pas faire subir un test à tous les régaliens et à tous nos élus, aux artistes qui finissent toujours par nous dire qu’ils ont consommé, à nos animateurs des médias comme à tous nos dirigeants performants ? Allez Gérald, encore une petit effort, il suffira d’un décret, et hop, tous les citoyens sans test de contrôles anti-drogue seront verbalisés.
Il y a quelques semaines Aviseur publiait ces articles:
L’Office anti-stupéfiants est compétent en matière de lutte contre la production, la fabrication, l’importation, l’exportation, le transport, la détention, l’offre, la cession, l’acquisition ou l’emploi illicites de stupéfiants, contre les opérations de blanchiment liées au trafic de stupéfiants et contre l’usage illicite de l’une des substances ou plantes classées comme stupéfiants.
En liaison avec l’ensemble des administrations concernées, l’Office anti-stupéfiants est chargé de l’évaluation de la menace liée aux trafics de stupéfiants.
Pour accomplir cette mission, l’office, dans le cadre de la législation applicable, centralise, analyse, exploite et communique aux services de la police nationale, de la gendarmerie nationale, des douanes et droits indirects, ainsi qu’aux autres administrations et services publics de l’Etat toutes documentations et données statistiques, en lien avec le service statistique ministériel de la sécurité intérieure, relatives à son domaine de compétence.
Dans le cadre de la législation applicable, les services de la police nationale, de la gendarmerie nationale, des douanes et droits indirects, ainsi que les autres administrations et services publics de l’Etat susceptibles d’apporter leur concours à l’office lui adressent, dans les meilleurs délais, les informations relatives à son domaine de compétence dont ils ont connaissance.
Pour les infractions qui relèvent de sa compétence, l’office, dans le cadre de la législation applicable, adresse, aux services de la police nationale, de la gendarmerie nationale, des douanes et droits indirects, et aux autorités judiciaires, toutes indications utiles à l’identification ou à la recherche des délinquants ainsi que, sur leur demande, tous renseignements nécessaires aux enquêtes dont ils sont saisis.
L’Office s’est substitué au 1er janvier 2020 à l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Octris) et à la Mission de lutte anti-drogue (Milad).
Responsable(s)
Cheffe de l’Office anti-stupéfiants
Stéphanie CHERBONNIER, contrôleuse générale des services actifs de la police nationale – 33 (0)1 49 27 49 27
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Adjoint à la cheffe de l’Office anti-stupéfiants
Samuel VUELTA-SIMON – 33 (0)1 49 27 49 27
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Déléguée de la directrice générale au pôle stratégie
Laurence LARHANT, administratrice des douanes et droits indirects (sur la photo derrièreFabienne Debaux) – 33 (0)1 49 27 49 27
Une nouvelle arme de lutte contre les trafiquants de drogue, le partage d’informations
Le préfet Didier Lauga a dévoilé l’entité devant voir le jour à Nîmes au groupement de gendarmerie du Gard mais qui rassemblera tous les acteurs de la lutte contre le narcobanditisme : SRPJ, section de recherches, Sûreté départementale (DDSP), Douanes et police aux frontières.
Analyser, partager, exploiter le renseignement en matière de trafic de stupéfiants.
C’est sous ce triptyque que les services de l’État ont présenté ce mardi 13 octobre, un nouveau dispositif pour lutter plus efficacement contre les trafiquants de stupéfiants. Le préfet Didier Lauga a dévoilé l’entité devant voir le jour à Nîmes au groupement de gendarmerie du Gard mais qui rassemblera tous les acteurs de la lutte contre le narcobanditisme : SRPJ, section de recherches, Sûreté départementale (DDSP), Douanes et police aux frontières.
Réponse de Marc Fiévet, suite à la polémique autour du tournage de Gibraltar, dans son intégralité
Bonjour à toutes et à tous, je m’appelle Marc Fievet, je suis l’homme qui a inspiré le film « GIBRALTAR » après la parution de mon livre « L’AVISEUR ».
Suite aux vidéos mises en ligne sur Allociné (celles d’Abdel Raouf Dafri et Julien Leclercq) et la controverse soulevée, j’estime nécessaire d’apporter quelques précisions supplémentaires sur le film produit par Dimitri Rassam et réalisé par Julien Leclercq, avec dans le rôle de Marc Duval, Gilles Lelouche, dans le rôle de l’officier recruteur des douanes françaises et agent traitant, Tahar Rahim et dans le rôle du narco – considéré comme le Copernic du narcotrafic mondial par Roberto Saviano dans son dernier livre Zero, zero, zero – Riccardo Scamarcio. Surprise dans ce livre de Saviano qui consacre plus de 50 pages à Claudio Pasquale Locatelli, aucune trace de moi, certainement modification des faits souhaitée par les autorités italiennes et américaines. Bizarre! Vous avez pensé bizarre, comme c’est bizarre!
L’AVISEUR
Le scénario initial tiré du livre « L’Aviseur » que j’ai écrit, et qui a inspiré l’écriture par Abdel Raouf Dafri, du scénario auquel j’ai participé et pour lequel j’ai signé un contrat de consultant, n’a pas été respecté par le réalisateur et ne correspond en rien à ce qui devait être tourné…
–Comment aurais-je pu accepter d’être présenté comme ce Marc Duval, tenancier d’un « bar à tapas » de troisième zone, incapable de faire marcher son business et s’entêtant toutefois à garder un voilier qu’il n’était pas capable d’assumer financièrement ?
–Comment aurais-je pu accepter que le réalisateur Julien Leclercq tourne des scènes qui n’ont strictement rien à voir avec la réalité de mon vécu ?
–Comment aurais-je pu accepter de voir sali le rôle que j’ai joué auprès des autorités régaliennes et des ‘opérations undercover’ des services de lutte contre le narcotrafic ?
J’ai rencontré le réalisateur Julien Leclercq pour la première fois lors de la projection privée à laquelle j’ai assisté, accompagné de mes avocats, le 15 juin 2013. Je lui ai immédiatement demandé pour quelles raisons la scène de ma rencontre avec le ministre Michel Charasse ne figurait pas dans le film (alors qu’elle se trouvait dans le scénario d’Abdel Raouf Dafri)? Après un bafouillage, il m’expliqua que c’était une question de coût !
Fichtre, tourner une scène dans un bureau avec un ventru à bretelles fumant le « Cohiba » aurait au moins démontré la volonté politique des actions d’infiltration. Mais c’était trop cher ! Ce sera l’unique rencontre que j’aurais eu avec ce « grand » professionnel.
Pourtant, si l’on en croit les propos de Christian Gatard :
Christian Gatard (le douanier joué par Tahar Rahim) interviewé par Ouest France le 7 octobre 2013:
« Marc Fiévet a été très productif et très professionnel en matière de renseignements. Il travaillait de manière rigoureuse avec une production dense, riche et intéressante sur les individus et les mouvements de bateaux. Il a rencontré plusieurs fois le ministre, Michel Charasse, et les Douanes lui ont même financé l’achat d’un restaurant près de Marbella.
Notre coopération opérationnelle a duré six ans et malheureusement il a été arrêté par les Britanniques, à la demande des Canadiens.
À la question « Pourquoi a-t-il été arrêté ? » : « Au fil du temps, il s’est infiltré dans les réseaux et a été, entre autre, en relation avec un gros baron de la drogue, Claudio Locatelli. Il a participé à de nombreuses opérations, notamment six tonnes de cocaïne au Canada. Bien que les Britanniques aient profité des renseignements de Marc Fievet, ils avaient une dent contre lui au sujet d’une livraison de cocaïne pour l’IRA qui n’avait pas eu lieu et ils l’ont « flingué ». Grâce à lui, on les avait informés de cette livraison, ils étaient très intéressés, ils espéraient arrêter des membres de l’IRA et ont donné des instructions précises. Marc Fievet devait attendre en pleine mer la livraison par avion, en provenance du Vénézuela. Mais, dans la zone concernée, les Américains ont procédé inopinément à des contrôles renforcés et le largage n’a donc pas eu lieu. Après un mois d’attente, Marc Fievet est reparti et les Anglais ont été très désappointés. Cet épisode est d’ailleurs relaté dans le film de manière déformée. Après son arrestation, il n’a pas été soutenu par la France. Il aurait peut-être pu bénéficier d’une remise de peine suite à son rapatriement du Canada, deux ans après sa condamnation, mais le directeur général des douanes avait changé ainsi que le ministre. »
Que pensez-vous du film ? « Il est assez violent. Heureusement, ces meurtres n’ont pas existé ! Il y a des invraisemblances. On me fait faire des contrôles en Espagne alors que c’est impossible. Il y a des choses aménagées par rapport à la réalité. Je n’ai pas un mauvais rôle, mais le film ne retrace pas les nombreux échanges qu’on a eus avec Marc Fievet. J’ai toujours des contacts avec lui et une certaine admiration, car il fallait du courage pour faire ce qu’on lui demandait. »
Interrogé à mon tour le 18 octobre 2013 par Ouest France
Comment avez-vous rencontré Christian Gatard ? « J’étais en recherche d’emploi, il m’a contacté par téléphone puis nous nous sommes rencontrés à Gibraltar. J’ai accepté de travailler pour les douanes car c’était une activité d’observation dans laquelle je pensais pouvoir m’intégrer et obtenir des résultats. J’estimais que j’étais en capacité de donner le change afin d’éviter le danger et de pouvoir passer au travers des suspicions et de la paranoïa des narco-trafiquants. Nous avions des résultats exceptionnels. Cela a bien marché jusqu’à un changement de politique en mars 1993. Nicolas Sarkozy devenu ministre du budget du gouvernement Balladur a donné pour directive de supprimer toutes les actions d’infiltration, mais moi, j’étais déjà infiltré dans l’organisation dirigée par Claudio Locatelli, baron de la drogue.
le cargo MELOR
Les responsables des douanes avec lesquels j’étais en relation ont été mutés. À l’époque, je naviguais sur un bateau, financé à 50 % par les douanes françaises et pour le reste par des narco-trafiquants anglais. N’étant pas informé de cette nouvelle orientation politique, j’ai continué mon activité et fin juin 1993, j’ai organisé à l’hôtel Meurice un rendez-vous avec deux financiers d’un trafic de quatre-vingts tonnes de cannabis. J’ai avisé Christian Gatard pour que soit mis en place un dispositif afin de les identifier. La direction parisienne a refusé de mettre à disposition des hommes pour soutenir l’équipe nantaise et le dispositif a échoué. (C’était Joseph Le Louarn qui dirigeait la DNRED et qui a tout fait pour entraver mon action.)
Quelles ont été vos relations avec Christian Gatard ? « Christian Gatard me disait d’être prudent, mais j’étais axé sur la culture du résultat et infiltré à un niveau tel que je ne pouvais plus reculer. Je me suis retrouvé sous la coupe de Locatelli qui m’a mis à l’abri avec ma famille à un moment où j’étais menacé ; les douanes françaises que j’avais sollicitées m’avaient laissé tomber. Christian Gatard a ensuite été muté à Marseille et a reçu l’ordre de ne plus suivre mon affaire. Il a cependant été sollicité par sa hiérarchie pour se rendre au Canada après mon arrestation pour me dire que je devais plaider coupable, que je serai après rapatrié en France et qu’on solliciterait une grâce présidentielle. Quand je suis rentré, l’énarque, inspecteur des finances François Auvigne, directeur général des douanes à l’époque, a refusé d’intervenir et d’assumer la continuité du service de l’État.
De son côté, Michel Charasse, que j’avais rencontré cinq fois, n’est pas intervenu auprès de Jacques Chirac pour que je sois gracié. Ce sont eux les deux responsables. Christian Gatard ne m’a pas laissé tomber, on a travaillé ensemble pendant six ans et je ne vois pas pourquoi je lui en voudrais. On se rencontre de temps en temps et c’est toujours un plaisir, même si cela provoque chez moi un retour d’adrénaline et me renvoie des années en arrière. »
Que pensez-vous du film Gibraltar ? « Il ne reflète pas du tout la réalité, ce n’est pas mon histoire. Je passe pour une vieille tâche. On oublie les relations politiques, il n’y a plus d’adoubement. La chronologie n’est pas du tout respectée et (lors de la promo de sortie du film faite par Gilles Lellouche) Je suis présenté par les médias comme un narco-trafiquant repenti, ce qui est faux. » Au début, j’ai eu un contrat de coscénariste et j’ai participé aux quatre premiers scénarios (il y en a eu sept). Après j’ai été écarté et je n’ai plus eu de nouvelles. Je n’ai pas été approché par Julien Leclercq, le réalisateur, ni par Gilles Lellouche qui joue mon personnage.
Comment aurais-je pu approuver le rôle du personnage censé me représenter, tel que le joue Gilles Lelouche, alors même que ce dernier s’est refusé à toute rencontre avec moi, arguant du fait qu’il ne voulait pas être « subjugué » ou « déçu ».
Un acteur, pour moi, lorsqu’il joue le rôle d’un individu bien réel qui a inspiré un scénariste, doit respecter le profil de celui qu’il incarne à l’écran. Et s’il a la chance que ce dernier soit vivant et qui plus est consultant sur le film, le minimum semble au moins qu’il accepte de passer quelques jours avec lui sur le tournage. Au lieu de cela, et c’est Gilles Lelouche lui-même qui le précisera lors d’une interview le 7 septembre 2013 avec Charlotte Bouteloup (Télématin-France 2), il réécrivait les dialogues et revoyait la mise en scène avec Tahar Rahim lors des soirées à l’hôtel, pendant le tournage en Andalousie. L’acteur a donc arrangé le scénario et les dialogues à sa façon, avec l’aval du prétendu réalisateur.
Dans ces conditions, les états d’âme de Gilles Lelouche sont surprenants.
Alors, pourquoi ce film qui ne représente en rien la réalité ? C’est la question que je me pose et que je pose à Dimitri Rassam !
Pourquoi avoir changé le scénario, le titre du film et le nom du personnage principal ? J’ai appris de la bouche même d’Abdel Raouf Dafri (qui le tient de Dimitri Rassam avec lequel il a eu une conversation téléphonique assez houleuse à ce sujet) que le changement de mon nom en Marc Duval venait d’informations transmises à SND (le distributeur du film) par un agent de la DST (La Direction de la Surveillance du territoire était un service de renseignements du ministère de l’Intérieur, au sein de la Direction générale de la Police)… Ce mystérieux agent aurait informé la société SND que je serais un individu sulfureux… Et qu’il valait mieux changer mon nom. Dafri n’en a pas cru un mot, s’est brouillé définitivement avec le producteur et le réalisateur et a tourné le dos au film, 8 jours avant le début du tournage. Personnellement, je pense qu’il vaut mieux en rire quand on sait que la DST n’existait déjà plus à l’époque de la mise en chantier du film, car remplacée par la DCRI (Direction centrale du Renseignement intérieur) au 1er juillet 2008, et que la postface de mon livre, « Infiltré, au coeur de la mafia », fut écrite par un ancien patron de la DST !
Plusieurs polices européennes ont collaboré pour mettre la main sur des milliers de données criminelles récupérées sur EncroChat, un réseau de communication chiffré. L’investigation, révélée en fin de semaine, a permis près d’un millier d’arrestations.
Amorcée en 2017, l’enquête débute lorsque des smartphones Android utilisant le moyen de communication sécurisé « EncroChat » sont détectés. Rapidement les autorités françaises et néerlandaises appuyées par les agences de police Europol et Eurojust ont débuté des investigations techniques afin de comprendre le fonctionnement et l’étendue de l’utilisation de cette solution de communication.
Utilisé par plus de 60 000 utilisateurs, Encrochat fonctionne via des serveurs installés en France pour des utilisateurs éparpillés dans le monde entier. L’utilisation du service nécessitait un téléphone entièrement modifié pour être ensuite agrémenté d’une messagerie instantanée chiffrée.
Écoutez Crim’Sous Cric – La chronique de Crim’HALT, l’association qui démonte le crime organisé.
Crim’Sous Cric, le podcast radio mensuel sur le crime organisé proposé par l’association Crim’HALT. Chaque 1er samedi du mois, le podcast « La république inaltérable » du @MondeModerne
Un nuevo informe sobre el estado de los estupefacientes en la región revela cómo los máximos históricos de narcotráfico van de la mano con el aumento de la violencia, los esfuerzos por acabar con esta lacra y los desafíos que supone a nivel mundial, entre ellos el uso del lado oscuro de internet, a través de la llamada red oscura o dark web.
El cultivo de cocaína en América del Sur se ha duplicado entre 2013 y 2017, al tiempo que la violencia vinculada a la droga ha aumentado, especialmente en Brasil, Colombia y Venezuela, país este último en el que ha aparecido una nueva red informa de narcotráfico conocida como el Cartel de los Soles”, según revela el último informe 2019 de la Junta Internacional de Fiscalización de Estupefacientes.
La superficie total destinada al cultivo ilícito de la planta de coca en América del Sur creció de las 120.600 hectáreas en 2013 a un récord histórico de 245.000 en 2017.
Al mismo tiempo, el estudio estima que la fabricación ilegal mundial de cocaína también alcanzó un nuevo máximo histórico de 1976 toneladas en 2017, impulsada principalmente por el aumento de la fabricación de cocaína en Colombia.
Pese a la disminución del 1,2% del cultivo ilícito de la planta de coca en Colombia, Luis Alberto Otárola, miembro de la Junta de la Junta definió este problema como “muy complejo y grave”.
“No olvidemos que América del Sur es responsable de la producción total de la hoja de coca, pasta base y clorhidrato de cocaína en todo el mundo. Toda la red y las mafias que se originan para trasladar este producto a Europa y, sobre todo a América del Norte ha corrompido a funcionarios y está implicada con la poca predisposición para combatir esta situación en sistemas corruptos”.
Además, ha creado una economía ilegal que se enfrenta a dos problemas.
“Uno, existe una sofisticación en el envío de estos productos, recordemos las incautaciones que se han realizado de minisubmarinos que utiliza el narcotráfico, se han detectado avionetas que van a África, avionetas que permanentemente hacen una ruta del norte de Sudamérica hacia Honduras y El Salvador y de ahí a América del Norte; y también los problemas de violencia social que esto genera. En el informe confirmamos que el 33% de los homicidios mundiales ocurren en América Latina y el Caribe, lo que la convierte en una de las regiones más violentas del mundo”.
El estudio indica que en el Brasil, Colombia y Venezuela la tasa de homicidios es superior a la media regional de 22 por 100.000.
Hay que mejorar la coordinación ente países
Otárola destacó que trabajan codo a codo con los Gobiernos para tratar de apoyarlos en los grandes esfuerzos que la Junta, conocida por sus siglas como JIFE, ha detectado para enfrentar este tema.
“La gran preocupación que tiene JIFE en estos momentos es el crecimiento en la superficie de coca ilegal en los países de la región andina. ¿Por qué? Porque también se ha incrementado la producción potencial de cocaína a un récord histórico de casi 2000 toneladas, según nuestras mediciones”.
Destacó que estas aproximadamente 2000 toneladas se reparten al resto del mundo creando un serio problema internacional.
“Lo que nosotros creemos es que los países también tienen en este momento que mejorar la coordinación y la medición. Hay un país de la región andina que no está midiendo la superficie ilegal de coca generando algunos problemas para elaborar un informe conjunto sobre la región andina. Pero en la perspectiva que hemos trabajado recomendamos que se retome la iniciativa y el modelo de desarrollo alternativo, integral y sostenible que en el caso de Perú ha funcionado muy bien en los últimos años y que tiene que replicarse en las regiones de Sudamérica”.
JIFE
Luis Otárola Peñaranda, abogado miembro de la Junta Internacional de Fiscalización de Drogas.
Las rutas de la cocaína
La gran mayoría de estas 2000 toneladas va del mercado colombiano hacia los Estados Unidos donde se detectó una alta pureza de la cocaína, con el consiguiente aumento de los precios y un rebrote del consumo debido a su alta sofisticación.
Otra gran parte se destina al mercado europeo a través de los puertos africanos o directamente a los muelles del viejo continente, principalmente en Holanda y España.
“Y de la cocaína que sale de Perú y baja desde Colombia por el río Amazonas también se proyectan como países de tránsito por Guyana y Venezuela. También tenemos datos que estaría saliendo ingentes cantidades de este producto hacia Europa por esta ruta: Brasil, Guyana, Venezuela”.
Según el experto, los mayores envíos se producen por vía marítima adheridos a mercancías aparentemente lícitas ya que es más barato.
Venezuela y el “Cartel de los soles”
El informe señala que “en los últimos años, los grupos delictivos organizados han transportado grandes cantidades de drogas ilícitas a Europa y los Estados Unidos desde Colombia, pasando por la República Bolivariana de Venezuela”.
Para controlar ese tráfico, según el documento, en particular el de cocaína a través de Centroamérica con destino a los Estados Unidos, los grupos delictivos organizados controlan los puertos marítimos y utilizan aeronaves ligeras, con las que realizan vuelos ilegales.
A continuación, revela que “hay indicios de que, en la República Bolivariana de Venezuela, los grupos delictivos han logrado infiltrarse en las fuerzas de seguridad gubernamentales y han creado una red informal conocida como el ‘Cártel de los Soles’ para facilitar la entrada y salida de drogas ilegales”.
A este respecto, Otárola indicó que las fuentes de la Junta son “confiables y verificadas”.
“Es uno de los casi 900 párrafos de nuestro informe en el que, efectivamente, se recoge el problema de tránsito en Venezuela y la probable infiltración de una red informal en los sistemas de seguridad. Eso es lo que ha informado la JIFE. Se lo ha alertado también a los Estados que guardan relación con este tema y lo que nosotros conversamos con los Estados es una cooperación reservada”.
El experto indicó que, antes de su publicación comparten el informe con todos los Estados y, posteriormente , se producen reuniones bilaterales con muchos de ellos donde trabajan para mejorar algunos temas detectados en sus estudios anuales.
“Con Venezuela hubo una reunión en Viena y esa reunión la JIFE la mantiene en reserva porque solo es de interés para los Estados y nuestra institución”, dijo.
El problema de las pandillas en América central
En América Central y el Caribe, la JIFE observa dos problemas concretos: que forma parte de una zona de tránsito, en especial de cocaína en dirección a los Estados Unidos y la carencia de una estructura de programas de atención de los grupos delictivos organizados, como las bandas locales.
“Las pandillas locales y los grupos delictivos siguen explotando la subregión de Centroamérica y el Caribe como zona de tránsito y, dado que el tráfico de cocaína sigue siendo la fuente de ingresos más lucrativa, se intensifica la competencia, sobre todo en los segmentos jóvenes, para controlar los mercados y para incentivar el consumo de otras sustancias como los opioides y las drogas duras”.
Sin embargo, indicó que la noticia alentadora de la subregión fueron las grandes incautaciones de cocaína en Costa Rica o Panamá, o las más de 13 toneladas aprendidas en El Salvador en 2018, cuando se produjo la mayor confiscación subregional.
Por otro lado, el estudio señala que la mayoría de los países de la región de Centroamérica y el Caribe no recopilan sistemáticamente datos sobre el consumo de drogas ni sobre la disponibilidad de sustancias fiscalizadas para fines médicos y que es necesario que establezcan sistemas y procesos para hacerlo.
El especialista indicó que la JIFE trabaja básicamente con fuentes oficiales de los Estados y con instituciones dedicadas al estudio de fiscalización de estupefacientes.
“En América Central, efectivamente, no se ha podido contactar con cifras oficiales. Existe un desfase en cuanto a la información o no está actualizada o no ha sido trabajada adecuadamente”.
Aclaró que hay un esfuerzo de la Comisión Interamericana para el Control del Abuso de Drogas de la Organización de los Estados Americanos (CICAD) “por articular los observatorios de drogas de América Central y el Caribe”, pero que la información sobre este tema es limitada y no está estandarizada a nivel regional.
Otros datos destacados fueron:
El consumo de opioides con fines médicos y el de sustancias sicotrópicas
continúan siendo bajos en la mayoría de los países de Centroamérica
El consumo de drogas, en particular de cannabis, parece incrementarse en todos los países de la región
La mayoría de los países de Centroamérica y el Caribe no recopilan sistemáticamente datos sobre el consumo de drogas ni sobre la disponibilidad de sustancias fiscalizadas para fines médicos. Se destaca la necesidad de establecer sistemas y procesos para captar datos
La crisis de los opioides en América del Norte
Pese a la ligera disminución del número total de muertes por sobredosis registrada en los Estados Unidos en 2018, la crisis de los opioides de América del Norte sigue siendo motivo de preocupación.
Aunque durante 2018 las muertes relacionadas con los opioides sintéticos, como el fentanilo, aumentaron; las relacionadas con los opioides semisintéticos, como la oxicodona, disminuyeron.
Además, el informe indica que tanto en Estados Unidos como en Canadá la heroína es fácil de obtener y que aumentó el número de organizaciones delictivas involucradas en el mercado ilícito de esta sustancia.
Asimismo, aumentó la disponibilidad y demanda de cocaína en Estados Unidos y Canadá.
La red oscura y el tráfico de drogas, un futuro problema mundial
En América del Norte, el tráfico de drogas en línea a través de redes anónimas sigue agravando las crisis de uso indebido de drogas y sobredosis.
Otárola destacó que hay una red internacional de tráfico de drogas que viene usando la Red Oscura (Dark web) donde las grandes corporaciones del narcotráfico internacional “minimizan la seguridad” para el tráfico y han conseguido hacer “más eficiente” la llegada del producto y “la penalización del traslado de este”.
“Cada día se pueden inventar hasta uno o dos sustancias distintas. Las legislaciones de los Estados no son lo suficientemente rápidas como para ingresar a las listas prohibidas o controladas de diversas sustancias (…) en ese contexto, las criptomonedas vienen circulando en estas redes oscuras y hace muy difícil la persecución judicial de tráfico de drogas”.
La JIFE destaca en su informe que las autoridades estadounidenses han creado un Equipo Conjunto de Control de Venta de Opioides en la Web Oscura “en las que se persigue el delito, pero también las cuentas de internet de estos traficantes que requiere una especialización de la policía”.
Otárola indicó que es un delito que cuenta con dos características específicas: es transnacional y que, por su propia naturaleza, tiene mucha facilidad para evadir los controles policiales de los Estados.
“Creemos que en los próximos años esto se podría convertir en un problema mundial, si es que no se establecen las estrategias y la cooperación internacional para tener una visión común y una capacitación a las autoridades policiales de los países que sufren este problema”.
Otros aspectos destacados en América del Norte:
El Plan Nacional de Desarrollo de México 2019–2024 prevé una reforma de las políticas en materia de drogas y la ampliación del tratamiento de la drogadicción.
Los grupos delictivos organizados de México también podrían haber encontrado un nuevo método para sintetizar metanfetamina a partir de sustancias químicas no fiscalizadas.
Las medidas de legalización y despenalización del cannabis se extienden por América del Norte.
Avec la participation de Michel Charasse, l’ancien ministre du Budget, de l’ancien directeur de la DST, Yves Bonnet, de l’ancien directeur de la DNRED jean Henri Hoguet et de l’ancien ministre Azouz Begag.
Afin de réagir contre le discours de banalisation et de légalisation du cannabis qui est actuellement relayé par certains députés (en marche, socialistes et communistes) et par la presse, l’UNI lance une pétition pour alerter et mobiliser les français contre cette légalisation.
Pour nous c’est tout réfléchi, « au niveau européen » comme en France : la drogue est un danger pour notre jeunesse. Troubles psychologiques, décrochage scolaire, isolement social, … aucun calcul politique, aucune argumentation économique ne sauraient cacher la vérité.
La toxicité du cannabis, tant psychique que physique, a été maintes fois démontrée. Elle n’est d’ailleurs plus contestée dans le milieu médical. Pourtant, de nombreux lobbys favorables à sa légalisation investissent de gros moyens de communication pour faire croire que cette drogue est un produit anodin.
La consommation de cannabis chez les jeunes induit, en effet, de lourdes conséquences en termes d’échec scolaire. Démotivation, absentéisme, inattention ou incapacité à accomplir les tâches : le cannabis fait peser une lourde menace sur l’avenir de nos jeunes ainsi que sur leur santé physique et mentale.
La consommation de cannabis implique également des comportements de passivité excessive ou au contraire de violence avec de graves répercussions sur les vies professionnelles et familiales des consommateurs. De plus, ces dernières années le nombre d’accidents sur les routes, liés à la consommation de cannabis, à fortement augmenté.
L’argument selon lequel une légalisation du cannabis entraînerait automatiquement une diminution du trafic est quant à lui parfaitement démagogique : la délinquance, par principe, recherche les zones de non-droit et le trafic ne ferait que se déplacer sur d’autres drogues ou d’autres marchandises illégales.
Enfin, Jean Costentin, Docteur en médecine et Professeur de Pharmacologie à l’Université de Rouen, explique que le THC, contenu dans le cannabis, modifie aussi les gènes.
« Dès lors, les individus en âge de procréer qui consomment du cannabis, exposent leurs gamètes (spermatozoïdes, ovules) aux effets du THC. Leurs futurs enfants verront leurs récepteurs D2 accumbiques être moins nombreux et moins efficaces ; pour ressentir le même niveau de plaisir qu’un individu n’ayant pas subi cette modification épigénétique, ils auront besoin de les solliciter plus intensément, en recourant à des drogues et en augmentant régulièrement leurs doses. » (https://www.ceru.fr/spip.php?article200#kWzhCBuFmuHFp1U8.97)
En conclusion, un libre accès au cannabis des individus en âge de procréer favoriserait la toxicomanie de leurs enfants.
Une légalisation du cannabis ferait peser un grave danger sur notre société et sur la jeunesse.
Contre la légalisation du cannabis, je signe et je fais signer la pétition de l’UNI.
Aviseur international bénéficiait jusqu’alors d’un référencement par le moteur de recherche Google sur les mots repris régulièrement dans ce blog d’informations régulières sur la drogue et le narcotrafic.
Douane française, DNRED, Drogue, narcotrafic, hachis, cocaïne, cannabis, héroïne… ETC.ETC.
J’ai le regret de constater qu’aujourd’hui, Google a décidé de m’écarter du système de référencement automatique.
C’est même en la matière la dépense publique la plus lourde (511 millions d’euros) devant le coût sanitaire.
Plus de 130 000 personnes sont interpellées chaque année pour en avoir consommé, selon l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants.
Roberto Gonzalez Franco de Los Mochis, lié au cartel de Sinaloa, est parmi les 22 prévenus arrêtés mercredi 5 juin dernier pour leur rôle dans un trafic d’héroïne et de fentanyl
La drogue était acheminée de Mexico à New-York
Roberto Gonzalez Franco de Los Mochis est accusé de trafic de drogue avec deux autres personnes.
L’agent spécial de la DEA de New York, Raymond Donovan, en charge de l’enquête, précise que le fentanyl est la menace la plus mortelle qui pèse sur les population à travers le monde, ajoutant que cette affaire est précieuse parce qu’elle permet d’analyser avec précision les mécanismes d’opération et de transport du cartel de Sinaloa. On apprend « qui amène l’héroïne, le fentanyl, et la mort jusqu’aux portes des consommateurs new-yorkais”.
Les Etats-Unis ne sont pas les seuls victimes
Cette organisation opère aussi en Colombie, au Panama, au Pérou, au Paraguay, au Brésil, en Argentine et en Europe. Selon Donovan ; “Grâce à cette enquête, nous avons sauvé des vies; nous avons intercepté 22,6 kilogrammes de fentanyl avant même qu’elle n’atteigne la rue”.
En décembre 2009, Harouna Touré et Idriss Abdelrahman, des passeurs du nord du Mali, ont franchi les portes du Golden Tulip, un hôtel d’Accra, la capitale du Ghana. Ils étaient là pour rencontrer deux hommes qui leur avaient offert l’opportunité de gagner des millions de dollars en transportant de la drogue à travers le Sahara. Touré portait un dashiki et Abdelrahman des guenilles et un turban, qui cachait une partie de son visage. Ils ont donné un pourboire aux gardes à l’entrée et ont salué Mohamed (un radical libanais) dans le hall d’entrée. Mohamed les a conduits dans une chambre d’hôtel pour rencontrer David, trafiquant de drogue et membre des Forces armées révolutionnaires de Colombie, ou FARC. « Hola Colombiano », a lancé Touré en entrant. Abdelrahman, qui voulait appeler David « 007 » en espagnol, s’est trompé et a dit « 477 » à la place. David, qui portait un pull à manches courtes et un bermuda, a ri et leur a offert des bouteilles d’eau.
Crédits : DEA
Touré et Abdelrahman venaient de Gao, une ville reculée et aride du nord du Mali qui est depuis longtemps utilisée comme plaque tournante de produits de contrebande, des immigrants aux cigarettes. Ces dernières années, la région a aussi été le théâtre de conflits violents entre plusieurs groupes de nomades insurgés, y compris les membres d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Au cours de mois de contacts téléphoniques et de rendez-vous, David et Mohamed ont répété à Touré que les FARC avaient 30 000 guérilleros en guerre avec les États-Unis, et qu’ils souhaitaient travailler avec al-Qaïda, organisation avec laquelle ils partageaient cet ennemi commun. « Ce sont nos frères », a dit Mohamed. Et d’ajouter : « Nous avons la même cause. » Touré a alors expliqué qu’il avait des liens avec l’organisation : il était à la tête d’une compagnie de transport et fournissait, en échange de la protection de ses camions, de la nourriture et du carburant à Al-Qaïda.
Pourtant, David restait sceptique. Il devait s’assurer que l’entreprise de Touré était à la hauteur de la mission. Les FARC, pour qui ce marché est synonyme d’enjeux considérables, étaient prêts à payer Touré et Abdelrahman à hauteur de 3 000 dollars le kilo, en commençant par un premier trajet test où ils devraient transporter 50 kilos de drogue vers Melilla, une ville autonome espagnole située sur la côte nord-ouest de l’Afrique. Des chargements dix fois plus conséquents suivraient si le premier voyage se déroulait sans accro, a précisé David. « Si tu as fini, c’est à mon tour de parler », lui a répondu Touré. Il a dit à David et Mohamed qu’il était fatigué de tout ce « blabla ». Il avait des ouvriers tout le long du circuit de contrebande, qui s’étendait du Ghana au Maroc. Abdelrahman, que Touré avait présenté comme chef de la milice malienne, a indiqué qu’il avait engagé un chauffeur entretenant des liens avec Al-Qaïda. Ces derniers avaient aussi soudoyé un haut gradé de l’armée malienne, qui les aiderait à traverser la frontière sans être contrôlé. David était rassuré. « Je veux qu’on continue de travailler ensemble, car nous ne faisons pas ça pour l’argent – nous faisons ça pour notre peuple », a-t-il dit. Deux jours plus tard, Touré et Abdelrahman sont retournés au Golden Tulip pour collecter leur premier paiement. Oumar Issa, un ami de Gao qui était aussi impliqué dans leur plan, attendait dans un deuxième hôtel pour recevoir sa part. Au lieu de cela, les trafiquants se sont retrouvés nez à nez avec les policiers ghanéens.
Il s’est avéré que David et Mohamed n’étaient pas des trafiquants de drogue mais des informateurs infiltrés de la Drug Enforcement Administration (ou DEA, l’Agence américaine de lutte contre les drogues).
Quelques jours plus tard, Touré, Abdelrahman et Issa ont été remis à la DEA et jetés dans un jet privé avant de s’envoler pour New York, où ils ont été traduits en justice devant un tribunal fédéral. Les trois trafiquants ont été inculpés — en vertu d’une disposition peu connue du Patriot Act datant de 2006 — pour narco-terrorisme, un crime commis par des délinquants violents, qui ont un pied dans le terrorisme et l’autre dans le trafic de drogue. À l’annonce des charges, Preet Bharara, l’avocate américaine du District sud de New York, a déclaré : « À mesure que les terroristes s’impliquent dans le trafic de drogue, ils nous fournissent davantage d’opportunités de les neutraliser et de supprimer les financements destinés à leurs futures actions. » Cette affaire est la première pour laquelle la disposition sur le narco-terrorisme a été utilisée contre Al-Qaïda. Les suspects correspondent précisément à ce profil hybride de délinquants, pour lequel la loi, qui ne nécessite pas que les activités incriminées se soient déroulées aux États-Unis, a été créée.
Michele Leonhart, qui était directrice de la DEA à l’époque des faits, a renchérit : « Les arrestations d’aujourd’hui sont une nouvelle preuve du lien direct entre des organisations terroristes dangereuses, parmi lesquelles Al-Qaïda, et les trafics de drogue internationaux qui alimentent leurs activités. »
Tandis que l’affaire des Maliens poursuivait son cours, ses défauts sont toutefois devenus évidents. Les prévenus apparaissent davantage comme des hommes malchanceux que comme des criminels endurcis, des amis d’enfance qui pensaient que les informateurs de la DEA les rendraient riches. « Ils nous mentaient. Et nous leur mentions nous aussi », m’a confié Touré depuis la prison. La juge Barbara Jones, qui a supervisé les dernières étapes de la procédure, a déclaré : « Il n’y a aucune implication des suspects ou des infiltrés… ni dans les activités d’Al-Qaïda ni dans celles des FARC. » Un autre juge a vu, quant à lui, autant de problèmes avec le statut qu’avec la valeur de l’affaire. « Le congrès a adopté une loi qui tente de relier le monde entier », me dit-il. L’enquête est encore aujourd’hui citée par la DEA comme un exemple des exploits américains en matière de sécurité nationale. Depuis que les mesures sur le narco-terrorisme ont été adoptées, la DEA a poursuivi des dizaines d’affaires qui correspondaient aux crimes prévus par la loi. L’agence, qui a revendiqué des victoires face à Al-Qaïda, le Hezbollah, les talibans et les FARC, a institué le narco-terrorisme au rang de menace prééminente contre les États-Unis.
À chaque succès supposé, la DEA a fait pression sur le Congrès pour faire augmenter ses financements. En 2012, Michael Braun, anciennement chef des opérations de l’agence, a, lors de son témoignage devant les parlementaires américains, fait état des liens entre les terroristes et les trafiquants de drogue : « Après 37 années passées dans la police et le secteur de la sécurité, croyez-en ma parole, ils parlent sans aucun doute affaires et partagent les enseignements de leurs expériences. »
Le trafic de drogue finance-t-il le terrorisme ?
C’est sans doute vrai. Dans de nombreuses régions, notamment en Colombie et en Afghanistan, il existe des preuves probantes de la collaboration entre terroristes et barons de la drogue.
Mais un examen approfondi des affaires poursuivies par la DEA a révélé de nombreuses similitudes avec le cas des Maliens. Lorsque ces poursuites ont été intentées, les seuls éléments de preuve d’un lien entre le trafic de drogue et le terrorisme ont été mis en évidence par la DEA au travers d’informateurs qui étaient rémunérés plusieurs centaines de milliers de dollars pour inciter leurs cibles à participer à des mises en scène de complots narco-terroriste.
La DEA défend vivement l’efficacité de ces opérations d’infiltration, affirmant qu’elles sont un bon moyen pour identifier en amont les criminels qui constituent une menace pour les États-Unis.
Lou Milione, un haut fonctionnaire de l’agence, m’a confié que « l’une des choses dans lesquelles la DEA fait son affaire, c’est le fait que la quasi-totalité de nos enquêtes sont proactives. »
Mais Russell Hanks, un ancien haut diplomate américain, qui avait un accès direct aux cibles de la DEA lorsqu’il officiait en Afrique de l’Ouest, m’a expliqué : « La DEA a fourni à ces hommes tout ce dont ils avaient besoin pour commettre un crime, puis a dit : “Regardez ce qu’ils ont fait.” » Et d’ajouter : « Ce n’était pas du terrorisme ; c’était de la manipulation de personnes fragiles, dans des pays économiquement faibles, afin de faire gonfler le nombre d’arrestations. »
Prêts à tout
Le 11 septembre 2001, lorsque le vol 77 d’American Airlines a percuté le Pentagone, les agents de la DEA ont été parmi les premiers à réagir, se précipitant depuis leur siège, situé à moins de 800 mètres de là. Dans son livre Infiltré, Edward Follis, ancien agent fédéral de la DEA, se souvient comment lui et des dizaines de ses collègues « se sont précipités… pour retirer les corps, mais il n’y avait pas de corps à retirer. »
L’agence avait des avant-postes dans plus de soixante pays à travers le monde, plus que tout autre organisme fédéral de répression. Et elle comptait environ 5 000 informateurs et sources confidentielles. Michael Vigil, qui était la tête des opérations internationales de la DEA à l’époque, m’a expliqué : « Nous avons appelé toutes les sources que nous pouvions trouver, nous avons cherché des informations sur ce qui s’était passé, qui était responsable, et s’il y avait des plans d’une autre attaque imminente. » Il a ajouté : « Depuis la fin de la guerre froide, nous avions vu des signes qui laissaient penser que les groupes terroristes commençaient à dépendre du trafic drogue pour leur financement. Après le 11 septembre, nous étions sûrs que cette tendance allait se propager. »
Mais d’autres agences de renseignement ont vu les sources de la DEA comme de simples trafiquants de drogue – et les trafiquants de drogue ne connaissent rien au terrorisme.
Un ancien enquêteur du ministère de la Justice en charge du blanchiment d’argent m’a dit qu’il n’y avait aucune preuve réelle qui soutienne les affirmations de la DEA. « Ce qu’il s’est passé après le 11 septembre, c’est que de nombreuses ressources – financières — ont été transférées de la DEA vers la lutte contre le terrorisme », dit-il. « L’agence ne veut pas être le parent pauvre dans cette affaire. »
Le narco-terrorisme, m’a dit l’ancien enquêteur, « est devenu un moyen efficace pour la DEA de justifier son existence. »
La Maison-Blanche s’est ainsi avérée plus réceptive aux requêtes de la DEA. Juan Zarate, ancien conseiller adjoint à la sécurité nationale, affirme dans son livre Treasury’s War que le président George W. Bush voulait que « tous les éléments de la puissance nationale » puissent contribuer à l’effort pour « empêcher une autre attaque de frapper nos côtes ». Quelques mois après les attentats du 11 septembre, lors d’un rassemblement d’organisations de lutte contre la drogue, Bush a déclaré : « Il est important que les Américains sachent que le trafic de drogue finance les actes terroristes. Si vous renoncez à la drogue, vous rejoignez la lutte contre le terrorisme en Amérique. »
En février 2002, le Bureau de la Maison-Blanche chargé de la politique nationale de lutte contre la drogue a transformé le message du président en une série de spots de prévention diffusés durant le Super Bowl. Au lieu d’informer sur les dangers liés à l’usage de stupéfiants illicites – du genre « Ceci est votre cerveau sous drogues » —, les publicités mettaient l’accent sur le fait que les drogues aidaient les terroristes à « torturer le père de quelqu’un » ou à « assassiner une famille ». Au cours des sept années qui ont suivi, les ressources financières allouées à la branche internationale de la DEA ont augmenté de 75 %. Jusque-là, la plus grande participation étrangère de l’agence avait été réalisée au Mexique et dans la région andine de l’Amérique du Sud, le plus grand producteur mondial de cocaïne et berceau des guérillas marxiste – dont les FARC en Colombie et le Sentier lumineux au Pérou. Les deux groupes ont émergé dans les années 1960 et au début des années 1970, peu avant les rébellions paysannes. Ils ont commencé à taxer les producteurs et les contrebandiers de coca pour financer leur expansion. La DEA a vu dans ces organisations des exemples de la manière dont les motivations criminelles peuvent empiéter, et même prendre le dessus, sur l’idéologie. À présent, l’agence se concentrait sur l’Afghanistan, qui avait été l’un des plus grands producteurs d’opium dans le monde jusqu’en 2000, date à laquelle les talibans ont déclaré la culture du pavot contraire à l’islam et l’ont aussitôt bannie. Presque immédiatement après la chute des talibans, les agriculteurs du pays ont commencé à replanter du pavot dans leurs champs ; la DEA a averti du fait que les nouvelles cultures pouvaient devenir une source de revenus pour financer les attaques d’Al-Qaïda. « La DEA a été informée par plusieurs sources que Ben Laden a été impliqué dans le financement et a facilité le trafic d’héroïne », déclarait Asa Hutchinson, l’administrateur de la DEA, lors d’une audition au Capitole en mars 2002.
Crédits : Stratfor
Hutchinson a ainsi cité plusieurs groupes d’insurgés, originaire des pays producteurs de drogue du monde entier, et notamment les FARC, le Sentier lumineux et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en Turquie, dont l’est du pays était depuis longtemps tenu pour être un lieu important du trafic de drogues. L’ancien administrateur a également mentionné des éléments de preuves recueillis par la DEA qui laissent à penser que la zone frontalière entre le Paraguay, le Brésil et l’Argentine – qui abrite une large et prospère communauté de businessmen arabes – est devenue une source de fonds pour le Hamas et le Hezbollah. La DEA, avec le soutien du Congrès, a instauré le Counter-Narco-Terrorism Operations Center (Centre d’opérations de lutte contre le narco-terrorisme), un centre d’entraide pour tout renseignement terroriste glané par ses agents à travers le monde. L’agence a rouvert son bureau à Kaboul, fermé depuis l’invasion soviétique en 1979.
Celle-ci a rassemblé des officiers de police originaires de 19 pays d’Asie et d’Europe pour participer à un projet d’échange d’informations appelé « opération de confinement », qui visait à stopper les flux d’héroïne et d’opium afghans.
En 2004, la plupart des membres d’Al-Qaïda ont fui l’Afghanistan, et l’attention de la DEA s’est tournée vers les talibans, dont les agents pensaient que la drogue – émanant du pays — suivait le même schéma que celui des guérillas telles que les FARC. La DEA a mis au place des réseaux d’informateurs et des opérations d’infiltration visant les trafiquants liés aux insurgés. L’agence, qui n’avait jamais jusqu’alors joué un tel rôle dans une zone de guerre, a eu besoin du soutien de l’armée, qui n’était pas disposée à intervenir. Edward Follis, l’ancien agent de la DEA, m’a confié que la plupart des commandants militaires américains avaient pointé du doigt l’agence, qualifiant son action de « violation intentionnelle et flagrante ». Selon lui, le Pentagone « ne pouvait pas aller au-delà de l’idée de capturer ou de tuer des combattants ennemis ». Plus tard cette année-là, la DEA a porté l’affaire devant John Mackey, conseiller d’investigation républicain au Comité sur les relations internationales de la Chambre des représentants. L’ancien agent du FBI était en charge de la lutte contre la drogue auprès de Henry Hyde, président du Comité et éminent républicain de l’Illinois. Les actuels et anciens employés du Congrès se souviennent que Hyde n’était pas très intéressé par les questions de la lutte contre la drogue, ce qui a laissé à Mackey le champ libre pour prendre les devants. « Vous savez comment fonctionne le Congrès », m’a dit un ancien membre du personnel. « On y trouve des tas d’inconnus non élus qui exercent une influence énorme sur des sujets obscurs. Mackey était l’un d’entre eux. » Sous l’impulsion de Mackey, les législateurs républicains ont fait pression sur le Pentagone pour qu’il soutienne les opérations de la DEA en Afghanistan. Follis raconte que la DEA a reçu des dizaines de millions de dollars de fonds supplémentaires, lui permettant d’augmenter significativement le nombre d’agents dans le pays, qui sont passés de deux à plus de quarante, et de développer ses propres forces spéciales, connues sous le nom de FAST – Foreign-Deployed Advisory and Support Team, les équipes de soutien et de conseil déployées à l’étranger. Elles ont mené à bien des raids sur des bazars à opium et des laboratoires d’héroïne.
Le FAST à l’entraînement
Crédits : DEA
L’agence a également identifié une cible afghane très importante, Haji Bashir Noorzai, un trafiquant d’opium qui entretenait des liens étroits avec le chef des talibans, le mollah Omar. En 2004, le président Bush a placé Noorzai sur la liste des barons de la drogue les plus recherchés de la planète. Mais dans la mesure où la plupart de l’opium et de l’héroïne exportées par Noorzai atterrissait en Europe de l’Est et non aux États-Unis, il était difficile pour la DEA de le poursuivre. Mackey a fait de nombreux voyages avec l’agence en Afghanistan, et a averti le Congrès que des gens comme Noorzai allaient « passer à travers les mailles du filet à moins que nous n’élargissions notre mode de réflexion sur eux ». Début 2005, John Mackey a aidé à rédiger une loi qui conférerait à la DEA le pouvoir de traquer les trafiquants de drogue partout dans le monde, dans le cas où ce trafic serait lié au terrorisme. Lorsque Hyde a présenté le projet de loi, il a tenu à attirer l’attention de ses collègues sur sa portée : « Ce projet de loi établit clairement que, même sans lien direct États-Unis, si ces drogues servent de support ou de soutien à une organisation terroriste étrangère, les producteurs et les trafiquants peuvent – et doivent – être poursuivis pour “soutien matériel au terrorisme”, que les substances illicites soient destinées ou non à entrer aux États-Unis. »
La loi a été adoptée en 2006. Mais des interrogations chez des fonctionnaires du ministère de la Justice sur son application ont retardé d’un an sa mise en place. Certaines autorités se sont inquiétées du fait que des procureurs trop zélés pourraient être tentés d’utiliser la législation sur le narco-terrorisme contre les adolescents toxicomanes arrêtés avec de l’héroïne afghane en leur possession. Follis, qui ne plaisantait qu’à moitié, m’a confié : « Le champ de la loi était si large que vous pouviez inculper un sandwich à la mortadelle. » Cependant, lorsque les fonctionnaires du ministère de la Justice ont proposé d’ajouter des éléments de langage à la loi pour définir plus strictement la notion de terrorisme, Mackey a hésité. « Il n’y a pas besoin de préciser ce que nous entendons par “terrorisme” », a-t-il dit. « Vous le reconnaissez quand vous le voyez. » Dans les années qui ont suivi, la DEA a attiré deux marchands d’armes parmi les plus recherchés du monde, Monzer al-Kassar et Viktor Bout, dans des complots liés à la drogue avant de les arrêter, respectivement en Espagne et en Thaïlande. Un ancien haut fonctionnaire de la DEA m’a expliqué que, malgré le fait que Kassar et Bout n’avaient pas été accusés de narco-terrorisme, l’autorisation élargie dont bénéficiait la DEA pour enquêter lui a donné les moyens de poursuivre les trafiquants. David Raskin, ancien procureur principal du District sud de New York, a salué ces arrestations. « Ce ne sont pas les trafiquants de drogue à proprement parler », a déclaré Raskin à propos de Bout et Kassar. « Mais c’étaient manifestement des mauvaises personnes. Et la DEA a reculé ses limites. »
En 2008, la DEA faisait partie de ladite communauté du renseignement des États-Unis, qui regroupe les organismes militaires et civils les plus importants de l’espionnage américain depuis 1981. Michael Braun, qui est largement considéré comme l’architecte du programme afghan, a déclaré aux journalistes : « Au cours des 18 derniers mois, j’ai briefé plus de généraux à trois et quatre étoiles que l’agence n’a pu le faire au cours des 35 dernières années. » Il a ajouté : « Nous observons de plus en plus de connexions qui nous font dire qu’Al-Qaïda est impliqué dans le trafic de drogue. » Certaines des enquêtes de l’agence l’ont conduite en Afrique. Comprenant de larges zones de territoire laissées sans aucun contrôle, un longue histoire de guerres civiles et une montée en puissance des groupes djihadistes, parmi lesquels Boko Haram et AQMI, le continent était perçu par le Département de la Défense comme le nouveau front dans la guerre contre le terrorisme. La DEA a identifié l’Afrique de l’Ouest comme étant un important point de transit pour la cocaïne sud-américaine. Comme en Afghanistan, la plupart des drogues étaient destinées au marché européen. Mais la DEA soutenait que l’argent de ce business finissait dans les mains de terroristes. Lou Milione m’a indiqué que les trafiquants de drogue colombiens qui avaient été arrêtés en Europe de l’Est avaient reconnu avoir transporté, avec l’aide de passeurs arabes, des drogues à travers le Sahara, le long des routes qui chevauchent les territoires occupés par AQMI. « Si quelque chose transitait dans cette région, AQMI devait être impliqué », a déclaré Milione.
Fin 2008, Derek Maltz, qui dirigeait alors la division « opérations spéciales » de la DEA, a été convié à une réunion de hauts dirigeants du Pentagone fraîchement établis en Afrique. « Je ne voulais pas que ces gars-là pensent que j’étais juste un simple agent de la DEA venu pour leur parler des drogues », m’a confié Maltz. « J’étais là pour leur parler d’un problème de sécurité nationale. Et je voulais qu’ils sachent dès le départ que j’en faisais une affaire personnelle. » Maltz, un homme chauve et costaud, a commencé sa présentation par une série de photographies. La première montrait les tours jumelles en flammes. La seconde était une photo de son frère, Michael, ancien membre d’une équipe de sauveteurs parachutistes de l’Air Force, qui faisait un signe de la main fièrement. La troisième photo montrait une ligne d’hélicoptères stationnés sur un aérodrome en Afghanistan. Il y avait un vide là où aurait dû se trouver un hélicoptère – celui de Michael. Il avait été tué en 2003, alors qu’il était en service. « Vous les gars, vous êtes formés pour partir en mission et larguer des bombes sur l’ennemi », a dit Maltz dit à l’assemblée d’officiers. « Mais parfois, c’est impossible. Et c’est là que la DEA entre en jeu. Nous avons d’autres façons de mettre les bad guys hors jeu. »
Des combattants d’AQMI dans le Sahel
Les maîtres du désert
Harouna Touré est né dans un petit village d’éleveurs maliens appelé Bamba, il était le plus jeune des neuf enfants de la famille. Ils vivaient entassés dans un abri composé d’une pièce, faite de bois et de boue. Son père était un ouvrier agricole qui construisait des maisons, des puits et élevait des chèvres. Harouna est allé à l’école pendant quelques années avant de rejoindre son père au travail. Dès qu’il a été assez grand pour conduire, Touré, qui était carré et avait des yeux noirs expressifs, a déménagé à Gao. Il a commencé à travailler avec son frère aîné, Almatar, qui était à la tête d’une flotte de camions qui transportait des marchandises et des personnes à travers le Sahel, une région semi-aride située à la frontière du Sahara qui sépare le sud et le nord Mali. L’endroit grouille d’un commerce non réglementé datant du XVe siècle. Les routes étaient réduites au strict minimum, et conduire 60 kilomètres pouvait prendre une journée entière. « Quand vous arrivez au bout, vous avez mal de la tête aux pieds », m’a raconté Touré. Mais il aimait ça. « Pour moi, c’était amusant parce que chaque jour était différent », dit-il. « Je pouvais rencontrer de nouvelles personnes et voir de nouveaux endroits. » Gao est une ville sordide qui abrite une centaine de milliers d’âmes au bord du fleuve Niger, l’artère principale de la région pendant la saison des pluies. Touré m’a raconté que gérer une entreprise dans le Sahel était, par définition, une activité « presque » légale. Lui et son frère transportaient de la nourriture, du carburant, des matériaux de construction, des cigarettes et des travailleurs bangladais – la plupart d’entre eux arrivés dans le pays sans papiers et sans avoir été contrôlés. Les conducteurs voyageaient dans des convois armés pour se protéger, ainsi que leurs cargaisons, des bandits. Ils devaient aussi payer les militaires, les communautés tribales et les milices ethniques armées qui contrôlaient le territoire le long du chemin. Touré m’a expliqué qu’il n’a jamais eu affaire à al-Qaïda ou à ses agents lors de ses voyages, mais il a traversé le territoire d’autres groupes armés. « Parfois, il fallait leur donner de l’argent, de la nourriture ou du carburant », dit-il. « Si vous ne faisiez pas, vous vous exposiez à de gros problèmes. »
Pendant un certain temps, la situation a souri à Touré. Il a monté une entreprise de construction qui gérait de petits projets au sein des communautés qui bordaient la route des camions. Il employait des dizaines de personnes et gagnait assez d’argent pour voyager jusqu’à Paris et payer le pèlerinage de sa mère à La Mecque. « Je me déplaçais si vite que les gens m’appelaient “le maire” », dit-il. Mais il a accepté de nouveaux chantiers sans avoir été payé pour les précédents, et il s’est endetté. Fin 2008, il avait une femme et deux enfants. En plus de quoi il prenait en charge le traitement de son frère Almatar, devenu diabétique et dont le pied avait été amputé. Au même moment, la DEA a commencé à planifier ses opérations en Afrique de l’Ouest. Parmi les principales cibles de l’agence figurait AQMI, qui avait récemment commis un attentat au bureau des Nations Unies à Alger et avait, à plusieurs reprises, enlevé des touristes étrangers, des diplomates et des journalistes pour obtenir une rançon. Mais les actions de terrain – dans cette région — n’avaient rien de comparable avec celles menées en Amérique latine, où la DEA comptait nombre d’employés sur une zone allant de Tijuana à la Terre de Feu. Les opérations sur le continent africain ont été supervisées en grande partie depuis Rome. L’unité de narco-terrorisme en charge de la région était basée à Chantilly, en Virginie. Et l’agence manquait si cruellement d’agents familiers des dialectes africains qu’a été contrainte de s’appuyer sur des informateurs, rémunérés seulement si leurs renseignements donnaient lieu à des poursuites. (Les porte-paroles de la DEA nient le fait que des indics ont été payés en fonction de leurs informations, et que sa conduite en Afrique était différente de celle qu’elle observait sur d’autres continents.) « Nous avions d’importantes lacunes dans nos connaissances », m’a confié un ancien fonctionnaire de la DEA en charge du renseignement. Pour autant, il ajoute : « Dès que nous avons commencé à faire circuler de l’argent dans la rue, on est passés de 0 à 100 en deux secondes. » Mohamed faisait partie des informateurs payés par la DEA. Les agents me l’ont décrit comme un homme d’affaires libanais qui entretient des liens avec les communautés arabes d’Amérique du Sud et d’Afrique de l’Ouest. Il a reçu plus de 300 000 dollars pour son rôle dans l’affaire des Maliens.
En septembre 2009, une enquête sur un complot indépendant a conduit Mohamed à Oumar Issa, un Malien à la carrure imposante, souriant, les traits anguleux, qui travaillait comme ouvrier agricole et chauffeur dans le port de Lomé, au Togo, une autre plaque tournante du trafic en Afrique de l’Ouest. Mohamed a confié à Issa qu’il cherchait quelqu’un qui pourrait aider un groupe de riches Colombiens à faire transiter de la drogue du Ghana vers l’Espagne en passant par le Mali. Issa a répondu : « Je connais des gens qui ont un pied dans la brousse. » C’est alors qu’il s’est rendu au Mali pour chercher Touré. Les deux hommes étaient amis depuis l’adolescence, mais quand Issa a abordé la question du transport de drogue, Touré a dans un premier temps décliné l’offre. Issa, qui s’était éloigné de l’islam, était connu pour être un alcoolique notoire. Touré ne voulait rien avoir à faire avec la drogue, principalement pour des raisons religieuses. Et il ne pensait pas se sortir sans encombre de la situation proposée par Mohamed. Les contacts de Touré n’étaient pas prêts à traverser le Sahara. Quant à Al-Qaïda, Touré m’a expliqué qu’il n’aurait jamais pu travailler avec eux. « Ils traitent les Noirs comme des esclaves. »
Accra, au Ghana
Crédits : Andrew Lyon
Mais Touré raconte qu’Issa l’a imploré de revenir sur sa décision. « J’ai pensé que si je pouvais me contenter de toucher l’argent, tout irait bien. Je pourrais prendre un nouveau départ », m’a-t-il dit. Il a enrôlé Idriss Abdelrahman, qui vendait des pièces d’automobiles sur un marché en plein air à Gao. Ensemble, m’a expliqué Touré, les trois hommes ont mis au point un système aussi élaboré que celui de la DEA. Alors que les informateurs prétendaient faire partie des FARC, Touré, Issa et Abdelrahman ont également fait mine d’appartenir à un réseau criminel qui entretenait des liens avec Al-Qaïda. D’après Touré, l’objectif était d’amener les trafiquants à leur verser une partie de l’argent avant l’opération, puis de disparaître dans le nord du Mali. Ce dernier précise qu’il était évident que les trafiquants n’avaient jamais mis les pieds au Mali, aussi n’a-t-il pas été très difficile de les berner.
Le 6 octobre 2009, Touré et Mohamed se sont rencontrés pour la première fois, dans une chambre d’hôtel au Ghana. D’après la vidéo de l’enregistrement fourni par la DEA, Mohamed, un homme de grande taille dont la bedaine dépassait de sa ceinture, a sorti une carte et proposé un itinéraire. Touré lui a retiré des mains et il a proposé un autre chemin. Touré a dit à Mohamed que pour ce voyage, la note serait salée. « Il y a des islamistes, des gars barbus ; ils sont dans la brousse », a-t-il expliqué. « Tu dois donner un petit quelque chose à leurs chefs. » Mohamed, qui préférait les appeler « nos frères », a dit : « Laissons-les prendre autant d’argent qu’ils veulent pour baiser les Américains. » Il a ajouté : « Tu paies Al-Qaïda pas vrai ? » Touré a hoché de la tête. « Vous payez tout ça. » Mohamed demandait plus de garanties. Il a dit à Touré qu’il inviterait un chef des FARC à les rejoindre au Ghana s’il ramenait un représentant d’Al-Qaïda. Pour jouer le rôle de David, le chef des FARC, la DEA a envoyé Walter Ramirez, un trafiquant de drogue déjà condamné originaire de Detroit qui travaillait comme informateur pour l’agence depuis près de dix ans. Touré a quant à lui invité Abdelrahman pour jouer le rôle du chef d’une milice affiliée à Al-Qaïda.
L’arrivée de la police ghanéenne
Crédits : DEA
La DEA affirme que, lors des réunions suivantes, les Maliens ont apporté de nombreuses preuves de leurs connexions avec Al-Qaïda. Les retranscriptions sont difficiles à suivre. Pour autant, le sujet d’Al-Qaïda a clairement été évoqué à plusieurs reprises, et souvent par les indics qui cherchaient à obtenir des déclarations pouvant incriminer leurs interlocuteurs. À une occasion, Mohamed a donné l’instruction aux cibles de l’enquête de s’adresser de façon plus agressive s’ils voulaient persuader David de faire le deal. « Je lui ai dit que vous étiez des guerriers », a déclaré Mohamed. « Faites-le sentir quand vous parlez pour que je puisse le répéter. Vous comprenez ? » David a brandi une liasse de billets. « Tu m’as dit que vous aviez besoin d’acheter un camion, n’est-ce pas ? » a-t-il demandé à Touré. « Voilà 25 000 dollars pour que vous puissiez l’acheter. » Mohamed a suggéré que la marque de confiance de David méritait un retour d’ascenseur. « Vous devez connaître notre pouvoir », a déclaré Touré. « Vous devez être au courant nos réseaux. » « C’est ça », a dit Mohamed. « Voilà ce qu’il veut. » Plus tard, il a demandé aux Maliens s’ils étaient vraiment « les maîtres du désert ». Abdelrahman est intervenu : « Nous avons les voitures, le pouvoir et les armes. » Touré a ajouté : « Nous avons des bandes. Nous avons des bases. Nous avons des armes. Nous avons tout. »