FRANCE 🇫🇷 (Assises spéciales): le sort de Robert Dawes est réglé!

Robert Dawes, 46 ans, né à Nottingham, est accusé d’avoir dirigé une opération de contrebande de 1,3 tonne de cocaïne, en France par un vol en provenance du Venezuela en 2013.       

Deux autres Britanniques, nommés Nathan Wheat et Kane Price, sont également accusés de trafic, ainsi que trois Italiens qui seraient liés à la Camorra, le présumé syndicat du crime basé à Naples.

Accusé d’être l’un des importants trafiquants de drogue en Europe, Dawes a été arrêté en 2015 dans sa  somptueuse villa située sur la Costa del Sol, en Espagne.
L’arrestation fait suite à une opération internationale initiée par la National Crime Agency (NCA) britannique, qui a révélé un réseau de responsables européens corrompus et des failles de sécurité ayant de graves conséquences pour le terrorisme.

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L’OCRTIS, une des agences françaises de lutte contre le narcotrafic, était dans le coup en tant que « bagagistes corrompus » à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle à Paris pour intercepter 31 valises contenant de la cocaïne appartenant à des passagers «fantômes» arrivant du Venezuela.

Des éléments de preuve indiquant que Dawes et ses collaborateurs britanniques avaient organisé l’envoi à l’aide de téléphones cryptés ont été trouvés.

Nathan Wheat, qui aurait utilisé le pseudonyme de Marcus, a organisé une réunion à la Tour Eiffel avec des agents français de l’OCRTIS, pour donner des instructions pour que la cocaïne soit livrée en quatre lots de 300 kilos. Le premier chargement qui est sorti sans encombres de l’aéroport a été intercepté à la frontière allemande et tous les suspects ont été arrêtés en France en 2013, à l’exception de Robert Dawes.

La chasse au Boss de l’opération a ensuite commencé sérieusement dans le cadre d’une opération conjointe de la NCA et de la police espagnole. Son arrestation en Espagne a été considérée comme le plus grand succès de la NCA depuis sa création en 2013 par Theresa May, alors secrétaire à l’intérieur.

François Thierry qui a comparu en tant que témoin au jugement de Robert Dawes a noyé le poisson par un long discours sur la méthodologie policière de l’OCRTIS en refusant de répondre aux questions des avocats de la défense. Pourtant, la vérité sur cette opération aurait permis de mieux comprendre cette affaire puisque François Thierry, ancien responsable de l’agence française OCRTIS, était aux manettes! Sofiane Hambli, un important narcotrafiquant, qui était la caution morale de François Thierry dans cette opération, a refusé de témoigner invoquant le fait qu’il n’avait pu prendre conseil auprès de son avocat!

Depuis, François Thierry a été soupçonné de complicité de trafic de drogue et a perdu sa qualité d’OPJ (officier de police judiciaire). Robert Dawes, de son coté, aurait accusé un représentant d’un cartel colombien d’avoir fait passer de la drogue en contrebande dans la plupart des aéroports et ports européens en utilisant un réseau de fonctionnaires corrompus…

Les sentences devraient être prononcées vendredi 21 décembre.

Ce sera l’hiver à coup sûr pour Robert Dawes!

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ITALIE (Mafia): Roberto Saviano remis en cause par Vincenzo De Luca

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Roberto Saviano à Rome, le 28 mai 2015 (TIZIANA FABI/AFP)

En Italie, un politicien accuse Saviano d’« inventer » la mafia

Flora Zanichelli
Journaliste
Publié le 12/06/2015 à 12h43

Cette semaine, dans l’hebdomadaire de droite italien Panorama, on pouvait lire cette déclaration de Vincenzo De Luca, élu de gauche (PD), fraîchement élu président de la région Campanie :

« Je crois que Roberto Saviano a de grands mérites mais aussi une grande limite. Il est en train de tomber amoureux de son personnage et de son image. Parfois, on a l’impression qu’il a besoin d’inventer la Camorra, même quand elle n’est pas là. Sinon, il serait au chômage. »

Roberto Saviano, auteur du livre-phénomène « Gomorra », publié en 2006 et qui raconte la criminalité organisée à Naples et dans la Campanie, a immédiatement réagi sur son site :

« Je ne veux même pas perdre mon temps à expliquer à De Luca ce que signifie vivre sous protection. Je me limiterai à lui rappeler que la Camorra encercle la Campanie, que Mafia Capitale a mis au jour un système qui n’importe où ailleurs aurait déjà fait sauter la classe dirigeante, qu’il existe des quartiers entiers à Naples qui sont le décor d’enquêtes réalisées à partir d’écoutes téléphoniques, loin d’être inventées par un auteur de romans noirs. »

La mafia n’est pas du folklore

Quand Roberto Saviano a écrit « Gomorra », il a décrit un système, il a donné des noms. Il n’était pas connu alors, il faisait son enquête dans son coin, au péril de sa vie. Le succès de son livre l’a projeté dans une nouvelle dimension. On lui a ouvert les plateaux télévisés, les revues, les médias. On a dit qu’il était adulé puis décrié puis adulé et décrié de nouveau. « Roberto Saviano est un pédant, Roberto Saviano est un donneur de leçons. »

Sa médiatisation est à la fois le prix de sa survie et de son calvaire. Faut-il, pour s’en convaincre, lister les noms des journalistes morts pour avoir dénoncé la mafia ? Peppino Impastato, Giancarlo Siani, Ilaria Alpi pour n’en citer que quelques-uns.

La mafia n’est pas du folklore, la mafia est une terrible réalité en Italie. J’ai vu des gens pleurer pour la mafia. J’ai vu des gens devenir fous. J’ai vu la solitude et la peur qui tord le visage de ceux qui dénoncent au péril de leur vie et de celle de leurs proches. Les menaces qui pleuvent. Comme cet entrepreneur à qui on a dit : « Tes enfants ne rentreront pas ce soir. » Ou cet autre qui a dû fuir après qu’on a tiré sur son frère et incendié sa maison, de nuit, alors qu’il dormait avec son épouse. Un homme qui vit barricadé dans une maison, sous l’œil de dizaines de caméras dont il sait très bien qu’elles n’empêcheront rien le jour où la mafia aura définitivement signé son arrêt de mort.

Je lis les articles de Giovanni Tizian, qui a été le premier à dénoncer la présence de la mafia en Emilie-Romagne. J’admire profondément Lirio Abbate, qui connaît comme personne la mafia calabraise.
De Luca a piétiné Saviano

J’aimerais qu’on les entende, que leurs voix résonnent toujours plus fort parce que sans eux, il n’y aurait que le silence. Et le silence est déjà une victoire pour la mafia. Aujourd’hui, dans Panorama, De Luca a voulu vider de sa substance un écrivain qui ne vivra plus jamais libre. Comme si Saviano ne respirait que pour la gloire et l’argent. Il l’a piétiné et avec lui, les centaines d’anonymes qui trouvent encore l’extraordinaire courage de dire non au crime organisé. Des centaines d’anonymes dont bon nombre vivent dans la région dont De Luca est lui-même président. J’ai d’ailleurs une question bête : comment peut-on minimiser l’importance de la mafia quand on vit dans un de ses royaumes ?

Aujourd’hui, j’aimerais que De Luca s’exprime avec autant de ferveur et d’assurance sur Mafia Capitale, sur les infiltrations mafieuses auxquelles aucun des grands chantiers italiens ne semblent échapper aujourd’hui : Expo, Mose, autoroute Salerno-Reggio Calabria. J’en oublie sans doute.

J’aimerais qu’il dénonce les collusions entre politiques et mafieux, entre administration et mafia. J’aimerais qu’il ait le courage de prendre position contre cette menace perverse, insidieuse, malade qui bafoue des milliers de citoyens et gangrène un pays depuis des décennies. Mais je sais déjà qu’il ne le fera pas.

Flora Zanichelli
Journaliste

source: http://blogs.rue89.nouvelobs.com/storitalia/2015/06/12/en-italie-un-politicien-accuse-saviano-d-inventer-la-mafia-234669

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La ‘Ndrangheta, entre tradition et modernité

Les Carabiniers ont arrêté Francesco Vottari suite au meurtre de six Calabrais dans la ville allemande de Duisburg. (Reuters)

Les Carabiniers ont arrêté Francesco Vottari suite au meurtre de six Calabrais dans la ville allemande de Duisburg.

(Reuters)

Grâce au trafic de cocaïne et à sa capacité à profiter de toutes les opportunités offertes par la mondialisation, la ’Ndrangheta est devenue la plus puissante des organisations criminelles italiennes.

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Interview avec Francesco Forgione, ancien président de la Commission parlementaire antimafia.

Si, depuis quelques années, la ’Ndrangheta de Calabre (région du sud de l’Italie) se retrouve sous le feu des projecteurs, c’est notamment grâce aux travaux de la Commission parlementaire antimafia de la XVe législature (avril 2006 – avril 2008), présidée par Francesco Forgione. Depuis, l’Europe a dû se faire à l’idée que cette organisation ne concerne plus seulement la péninsule.

Dans son libre Mafia Export. Comment la ‘Ndrangheta, Cosa Nostra et la Camorra ont colonisé le monde (2009), Francesco Forgione dépeint une situation assez préoccupante. Les mafias italiennes – et tout particulièrement la ‘Ndrangheta – évoluent désormais à leur aise aux quatre coins du monde, gèrent des trafics et des capitaux colossaux qui sont un vrai cancer pour l’économie.

Pour l’ancien député de Refondation communiste, les pays européens et la Suisse devraient commencer à sérieusement songer à l’unification des règles antimafia et à l’introduction de mesures décisive pour le séquestre et la confiscation de leurs biens.

Interview.
swissinfo.ch: Comment la ‘Ndrangheta a-t-elle fait pour devenir aussi forte, jusqu’à évincer Cosa Nostra (mafia sicilienne) et la Camorra (mafia napolitaine) de la liste des organisations criminelles les plus puissantes?

Francesco Forgione: Elle a tiré profit de deux de ses caractéristiques. Elle s’est d’abord appuyée sur la grande émigration calabraise dans le monde. Elle a transformé cette émigration en une véritable colonisation des territoires. A la différence des autres organisations, lorsque les Calabrais de la ‘Ndrangheta arrivent quelque part, ils ne se contentent pas seulement de recycler leur argent, mais ils y mettent en place leurs structures en constituant des noyaux organisés qui sont reliés stratégiquement à la Calabre.

La seconde caractéristique est la capacité qu’a eue la ‘Ndrangheta de vivre cachée. Elle n’a jamais défié l’Etat italien, jamais commis de massacres comme avec Falcone et Borsellino (les juges antimafia assassinés avec leur escorte en 1992 par Cosa Nostra, ndlr), jamais menacé des politiciens importants. Les classes dirigeantes et le monde de l’information ont aussi leur part de responsabilité, car ils n’ont jamais voulu la voir.

Tout cela a permis à la ‘Ndrangheta d’accumuler les capitaux, d’augmenter sa force sans être véritablement contrée et de saisir les opportunités offertes par la mondialisation.
swissinfo.ch: Lesquelles?

F. F. : Il y en a au moins deux. La première fut la possibilité de déplacer des capitaux de part et d’autre de la planète en temps réel et sans contrôles. La seconde fut la transition du marché de l’héroïne, qui avait été pendant des décennies une exclusivité des Siciliens, vers celui de la cocaïne. Les Siciliens n’étaient pas prêts à ce changement, tandis que la ‘Ndrangheta s’est profilée comme le grand négociant international, surtout dans les trafics entre l’Amérique du Sud et l’Europe.

La ‘Ndrangheta a ainsi pu acquérir une grande puissance, non seulement au niveau criminel, mais également au niveau économique et financier.

 La suite:

http://www.swissinfo.ch/fre/la–ndrangheta–entre-tradition-et-modernit%C3%A9/32544100

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