FRANCE (Montauban): Résine ou cocaïne, clients et dealers ne manquent pas

Les dealers approvisionnent volontiers mais détestent les impayés.
Les dealers approvisionnent volontiers mais détestent les impayés.

Une nuit de début septembre près de la gare de Montauban. Tout est calme quand deux explosions secouent le quartier. Les vitres du bar «Le Longchamp» volent en éclats. L’incendie provoqué par des cocktails Molotov détruit entièrement l’établissement. L’enquête confiée par le parquet de Montauban au service régional de la police judiciaire se poursuit aujourd’hui et les policiers toulousains soupçonnent «une histoire liée au trafic de drogue». En effet la veille, le frère du patron du «Longchamp» avait été impliqué dans une rixe. Raison évoquée pour cette explication musclée ? Une dette sur fond de trafic de drogue.

«Aujourd’hui la drogue est partout. Elle se consomme autant à Montauban qu’à Toulouse ou Mazamet, Auch ou Cahors, affirme un enquêteur spécialisé. Chaque coin a ses équipes, plus ou moins organisées. Souvent de gros consommateurs qui dealent pour éviter de trop dépenser. Et qui fournit ? Les cités de Toulouse, aux Izards comme au Mirail, sont capables d’approvisionner en résine de cannabis comme en cocaïne et leurs leaders détestent les impayés.

«Des acheteurs qui sont arrêtés avec 2 ou 3 kg de résine le week-end à Toulouse, c’est tout sauf inhabituel. Maintenant dans ce milieu, les arnaques sont très courantes. Il vaut mieux éviter d’arriver sans savoir où l’on met les pieds», avertit un policier.

La culture de plein champ progresse

Certaines équipes arrivent également à se débrouiller sans l’aide des Toulousains. Depuis déjà plusieurs années, la culture de la marijuana a quitté les balcons ensoleillés pour progresser plein champ ou sous serre, à la campagne. «Les brigades des zones rurales découvrent régulièrement des pieds», prévient un officier de la gendarmerie. Avec parfois des installations techniquement très développées et qui sont «poussées» par des sites internet qui proposent aussi bien les graines que les explications très techniques pour parvenir à une récolte au moment le plus «opportun» en termes de qualité.

Mais au-delà de cette culture «dont la quantité progresse ce qui permet aussi de contrer la mauvaise qualité de certaines résines arrivée du Maroc», souligne un spécialiste, des équipes «locales» sont capables d’organiser leurs propres systèmes de livraisons sans forcement passer par les filières toulousaines.

26 kg dans ses bagages

L’Espagne n’est pas bien loin et les trafiquants de la péninsule, dont pas mal de «truands» français partis travailler au soleil, proposent tous les produits à des prix rapidement très compétitifs. «La résine et la cocaïne se trouvent assez facilement. Les quantités dépendent des capacités d’investissement», glisse sourire aux lèvres un témoin très affranchi.

La semaine dernière, les policiers en contrôle juste après la frontière espagnole ont intercepté un jeune toulousain de 19 ans qui rentrait chez lui avec 26 kg d’herbe de marijuana. Officiellement pour 2 500 €, il avait accepté cet aller-retour entre les bords de la Garonne et le parking d’un bordel de la Jonquera. Son voyage s’est arrêté au Boulou. Hier, malgré ses larmes, les juges du tribunal correctionnel de Toulouse l’ont condamné à trois ans de prison ferme ; son ami, soupçonné d’avoir conduit la voiture ouvreuse visiblement peu efficace, a lui été puni de deux ans de détention malgré ses dénégations répétées.

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