« Je mây rendrai [Ă DubaĂŻ, NDLR], câest prĂ©vu dans un mois un mois et demi, on doit sans doute encore amĂ©liorer notre coopĂ©ration policiĂšre et judiciaire, mais on nâa aucune raison de penser que ça ne se fera pas positivement », disait GĂ©rald Darmanin, le 1er mars dernier, rĂ©pondant aux questions des journalistes aprĂšs une confĂ©rence de presse destinĂ©e Ă dresser le bilan â positif â de la lutte contre le trafic de drogue en France en 2022.
Car sur place, les narcos peuvent investir, blanchir et mettre Ă lâabri la manne dĂ©mentielle amassĂ©e grĂące au trafic : lâĂ©mirat nâest pas regardant sur la provenance des fonds. DubaĂŻ est Ă©galement un endroit calme, loin des rĂšglements de comptes des citĂ©s, oĂč les barons de la drogue français nâencourent aucun risque pour leur vie. Ils peuvent aussi, depuis quelques annĂ©es, y croiser leurs « homologues » nĂ©erlandais, italiens, colombiens, au point quâun « super cartel » a Ă©tĂ© dĂ©mantelĂ© Ă lâautomne dernier.
Cinq mois ont passĂ© depuis cette promesse. Le ministre de lâIntĂ©rieur ne sâest toujours pas rendu aux Emirats arabes unis afin de « tarir la source des malheurs », selon son expression. Aucun dĂ©placement sur place nâest prĂ©vu dans son agenda. Et aucune des tĂȘtes de rĂ©seaux interpellĂ©es Ă DubaĂŻ, devenu le refuge des narcotrafiquants français, nâa Ă©tĂ© extradĂ©e vers la France depuis cette dĂ©claration. Pire, certains, visĂ©s par des notices rouges dâInterpol et interpellĂ©s sur place, ont Ă©tĂ© remis en libertĂ©.
Coopération au point mort
La coopĂ©ration entre les deux pays, pourtant essentielle Ă la lutte contre le trafic de stupĂ©fiant en France dont GĂ©rald Darmanin a fait « la mĂšre de toutes les batailles », est au point mort et les autoritĂ©s françaises prĂ©sentes sur place tirent la sonnette dâalarme.
La prĂ©sence dâautoritĂ©s françaises sur place a permis de resserrer les liens avec la police locale, et de procĂ©der Ă plusieurs arrestations. Sauf que ces arrestations, dont le ministĂšre de lâIntĂ©rieur français se fĂ©licite, sont autant de coups dâĂ©pĂ©e dans lâeau. « A ce jour, aucun de ces narcotrafiquants nâa Ă©tĂ© extradĂ© vers notre pays et plusieurs procĂ©dures Ă lâencontre dâindividus particuliĂšrement actifs et dangereux ont mĂȘme Ă©tĂ© abandonnĂ©es par les autoritĂ©s Ă©miriennes invoquant Ă lâappui de leurs dĂ©cisions des prĂ©textes plus ou moins fallacieux », constatent les rĂ©dacteurs de la note.
A plusieurs reprises, les magistrats Ă©miratis ont indiquĂ© ne pas avoir reçu dans les formes les demandes dâextradition. Plusieurs personnes interpellĂ©es ont donc Ă©tĂ© libĂ©rĂ©es, et ne sont plus susceptibles de faire lâobjet dâune nouvelle demande dâextradition par la France avant leur Ă©ventuelle condamnation (en leur absence donc) dans lâHexagone. Soit pas avant plusieurs annĂ©es. ContactĂ© par « lâObs », le ministĂšre de la Justice français affirme pourtant avoir toujours transmis les dossiers complets et dans les dĂ©lais impartis.
« Impuissance de la France »
Les magistrats peuvent-ils ĂȘtre corrompus ? Le systĂšme judiciaire des Ă©mirats est-il rĂ©tif Ă toute coopĂ©ration avec la France ? Ces remises en libertĂ© reprĂ©sentent un « signal fort dâimpunitĂ© envoyĂ© par les Emirats arabes unis Ă nos narcotrafiquants qui sâinstallent en nombre Ă DubaĂŻ continuant depuis lâĂ©mirat Ă organiser et gĂ©rer trafics de stupĂ©fiants, blanchiment dâargent, et assassinats dans les citĂ©s françaises », dĂ©plore la note.
« Lâimpuissance de la France Ă faire rentrer ces criminels est un trĂšs mauvais message envoyĂ© aux âpetits caĂŻdsâ de ces mĂȘmes citĂ©s qui dĂ©fient lâEtat dans des zones de non droit de plus en plus nombreuses », Ă©crivent les rĂ©dacteurs.
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