GUERRES : amphétamines et autres drogues au programme, mais c’est pas nouveau

C’est SLATE qui nous apprend que selon le rapport du RUSI (Royal United Services Institute for Defence and Security Studies), ces troupes de fortune et d’infortune sont envoyées au front, en petits groupes, avec pour ordre de perturber les lignes ukrainiennes encore et encore, «jusqu’à être tués». Sous l’effet des amphétamines, ces hommes font preuve d’une obstination absolue, ne craignent absolument pas le danger ou les blessures, et se donnent donc à 100% en se croyant inarrêtables. Jusqu’à ce qu’ils soient arrêtés.

Supérieurs sous influence

Un peu plus tôt en juillet, un soldat russe en captivité avait révélé à CNN que du côté du commandement aussi, la consommation de drogues battait souvent son plein, et que ses propres supérieurs avaient pris d’importantes quantités d’anti-douleurs avant de donner des ordres absurdes et suicidaires à leurs soldats.

Cette stratégie d’une tristesse absolue n’est hélas pas inédite, comme l’explique Mick Ryan, ancien major général de l’armée australienne, qui raconte à Insider avoir été témoin de pratiques similaires. C’était en 2000, à la frontière du Timor oriental. «Il n’y a rien de nouveau. Envoyer des troupes sous l’influence de drogues, c’est en fait plutôt commun dans l’histoire militaire», commente-t-il.

L’armée russe envoie au casse-pipe des soldats drogués jusqu’à l’os

Repéré par Thomas Messias

La guerre sous amphétamines.

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Rien de bien nouveau

La Première Guerre mondiale (1914-1918) vit l’apparition de la cocaïne sur la ligne de front. Il est impossible d’estimer le nombre de soldats qui en prenaient de manière récréative pour calmer leurs nerfs, et le nombre de ceux à qui la drogue était fournie pour améliorer leurs performances, mais la guerre laissa des centaines de vétérans accros à la cocaïne. La cocaïne fut utilisée, par exemple, par les pilotes allemands et français, par les soldats canadiens, par les corps d’armée australiens et néo-zélandais et par les fantassins britanniques. Les puissances de l’Axe tout comme les pays alliés étaient fournis par l’industrie néerlandaise (Nederlandsche Cocaïne Fabriek) qui, grâce à la guerre, devint le plus gros producteur mondial de cocaïne. L’armée britannique fit usage de la « Marche Forcée », une drogue composée de cocaïne et d’extrait de noix de kola, qui avait déjà été utilisée avec succès lors de longues et éprouvantes expéditions polaires [ 11][11]« Forced March », http://www.cocaine.org/forcedmarch.htm, page…. L’auto-prescription était répandue, la cocaïne se révélant être un soutien efficace dans les tranchées, et les pharmaciens de Londres commercialisaient par voie postale des kits médicaux contenant de l’héroïne et de la cocaïne, les vendant comme « des cadeaux utiles pour vos amis sur le Front [ 12][12]V. Berridge, « Drugs and Social Policy : The Establishment of… ». Suite à une panique morale grandissante en Grande Bretagne, la cocaïne finit par être perçue comme l’instrument d’une opération de subversion allemande. Ainsi, la loi sur la Défense du Royaume (Defense of the Realm Act) de Juillet 1916 interdit la vente sans prescription de cocaïne et de produits à base d’opium au personnel militaire.

La Seconde Guerre mondiale

La drogue de prédilection durant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) fut les amphétamines. Le Troisième Reich fut le pionnier de l’utilisation militaire de la méthamphétamine. Dès les premiers mois de la guerre en Europe, la Wehrmacht consomma des quantités massives de meth sous la forme d’une « pilule d’attaque » nommée Pervitin, testée auparavant par les Allemands comme stimulant de combat pendant la Guerre civile en Espagne (1936-1939) [ 14][14]L. Iversen, Speed, Ecstasy, Ritalin: The Science of…. D’avril à décembre 1939, la compagnie Temmler fournit 29 millions de comprimés à la Wehrmacht et à la Luftwaffe. D’avril à juin 1940, durant la conquête des Pays-Bas, de la Belgique, du Luxembourg et de la France, les forces allemandes consommèrent plus de 35 millions de pilules de Pervitin et de sa version modifiée, l’Isophan. La méthamphétamine se présentait aussi sous la forme de barres chocolatées (Fliegerschokolade pour les pilotes et Panzerschokolade pour les divisions blindées) ou d’injections [ 15][15]N. Rasmussen, On Speed : The Many Lives of Amphetamine, New…. La meth joua donc un rôle significatif dans le succès de la Blitzkrieg. De nombreux soldats devinrent toxicomanes et furent approvisionnés par leurs familles, qui achetaient de la Pervitin sur le marché noir. Mais les Allemands ne tardèrent pas à découvrir les effets secondaires de la meth (gueule de bois, mauvaise condition physique le jour d’après, pics de nervosité et d’agressivité, augmentation des accidents et suicides, addiction) et à en limiter la consommation. En décembre 1940, le nombre de pilules consommées passa de 12,4 millions à 1,2 millions par mois [ 16][16]H. Nöldecke, « Einsatz von leistungssteigernden Medikamenten…. Cette politique de restriction ne connut cependant qu’un succès partiel, car les conditions particulièrement difficiles de la campagne de Russie (initiée en juin 1941) supposaient un supplément de dopage pharmacologique. D’une manière générale, la pharmacologie joua un rôle crucial, bien que largement passé sous silence, dans l’effort de guerre allemand, en particulier durant la phase initiale du conflit. Nicolas Rasmussen résume ce constat dans une formule particulièrement limpide : « Le Blitzkrieg allemand s’est appuyé autant sur la puissance des amphétamines que sur celle des machines. [ 17][17]Rasmussen, On Speed, p. 54. »

La Grande Bretagne, les États-Unis et le Japon leur emboîtèrent le pas et finirent eux aussi par administrer des amphétamines à leurs troupes. On estime ainsi la consommation des cachets de Benzedrine (amphétamine) par les soldats britanniques à 72 millions de cachets environ [ 18][18]Rasmussen, On Speed, p. 71.. La drogue était abondamment fournie aux pilotes, mais aussi aux soldats de l’infanterie. À titre d’exemple, le général Bernard Montgomery délivra le 23 octobre 1942 plus de 100 000 pilules à la 8e armée, juste avant la bataille d’El Alamein.

Les médecins états-uniens n’arrivaient pas à prouver que l’amphétamine améliorait la performance au combat, mais comme elle permettait de soutenir le moral des troupes et de prolonger leur éveil, près de 15 % des soldats états-uniens en consommèrent régulièrement. En 1942, on distribua les cachets de Benzedrine (plus couramment appelés « bennies ») dans les kits d’urgence délivrés aux troupes de bombardiers, pour ensuite élargir leur diffusion en 1943 à toute l’infanterie. Au total, les soldats états-uniens consommèrent au minimum 250 millions de pilules de Benzedrine (certaines estimations avancent le chiffre de 500 millions de cachets) [ 19][19]Rasmussen, On Speed, p. 84..

Dans le cas du Japon, les stimulants (appelés senryoku zokyo zai : motiver l’esprit de bataille) n’étaient pas seulement distribués aux soldats mais aussi aux civils dont le travail contribuait à l’effort de guerre (les pilules d’amphétamine furent notamment commercialisées en 1941 sous le nom de Philopon – de philo « amour » et ponos « travail » [ 20][20]M. Kato, « An Epidemiological Analysis of the Fluctuation of…). L’armée impériale administra des cachets connus sous le nom de Nekomo-Jo (les yeux du chat) mais aussi des injections de meth. Des « pilules d’assaut » (Totsugeki-Jo/Tokkou-Ko), composées d’amphétamine et de thé vert en poudre, furent distribuées aux kamikazes sur le départ de leur mission finale [ 21][21]A. Satō, « Methamphetamine Use in Japan After the Second World…. Suite à la défaite du Japon, des stocks colossaux de meth entrèrent sur le marché civil et furent distribués principalement par la mafia japonaise (yakuza), ce qui déclencha la première épidémie de consommation de drogues de 1945 à 1955.

La Guerre froide : Corée, Viêt-Nam et Afghanistan

Bien que les États-Unis aient dopé leurs troupes lors de la Seconde Guerre mondiale, c’est seulement au moment de la guerre de Corée (1950-1953) que la prescription de stimulants fut légalisée, avec la généralisation de l’usage de Dexedrine (dextroamphetamine) [ 23][23]Rasmussen, On Speed, p. 192.. Pour la première fois, les soldats se sont vus administrer des injections d’amphétamines et eurent un accès direct à la methamphétamine. Cette utilisation massive du speed par l’armée n’avait rien d’extraordinaire : dans les années 1950, aux Etats-Unis, les amphétamines étaient considérées presque comme des vitamines. Les militaires s’auto-administraient eux-mêmes des produits stupéfiants, et après la découverte des effets intensificateurs de l’héroïne sur la meth, ils commencèrent à s’injecter un mélange de ces deux drogues connu sous le nom de « speedball ». La guerre du Viêt-Nam (1965-1973) est parfois considérée comme la première véritable « guerre pharmacologique », car la consommation de substances psychoactives par les militaires y a atteint des proportions inquiétantes. Selon le Ministère de la Défense, en 1968, près de 50 % des soldats états-uniens déployés au Viêt-Nam consommaient des drogues ; en 1970, ce taux atteint 60 %, et, en 1973, l’année du retrait des USA du Viêt-Nam, près de 70 % d’entre eux étaient des utilisateurs de drogues. En 1971, 50,9 % fumaient de la marijuana, 28,5 % utilisaient des drogues dures (principalement de l’héroïne et de l’opium), et 30,8 % d’autres produits psychoactifs [ 24][24]G. Lewy, America in Vietnam, Oxford, Oxford University Press,…. Les militaires gobaient du speed à grande échelle. La prescription standard de l’armée (20 mg de dextroamphetamine pour 48h de disponibilité au combat) était rarement respectée. En 1971, un rapport de la Commission Parlementaire états-unienne sur la Criminalité révèle que, de 1966 à 1969, les forces armées des États-Unis ont consommé 225 millions de comprimés d’amphétamines, principalement de la Dexedrine[ 25][25]Iversen, Speed, Ecstasy, Ritalin, p. 72.. Ce qui représentait, par personne, selon les sections de l’armée : 21,1 comprimés dans l’armée navale, 17,5 dans l’aviation militaire et 13,8 dans l’armée de terre [ 26][26]Rasmussen, On Speed, p. 190.. Pour réduire l’impact de la guerre sur la santé mentale des soldats, le Ministère de la Défense eut recours à des sédatifs et à des neuroleptiques (par exemple la Thorazine [chlorpromazine]). Du fait de cet usage généralisé de produits psychotropes associé à une large présence de psychiatres sur le front, le nombre de cas de trauma post-combat fut exceptionnellement bas. Alors que le taux de décompensations psychiques s’élevait, pendant la deuxième guerre mondiale, à 10 %, au Viêt-Nam il dégringola pour atteindre seulement 1 %. Cependant, les drogues ne permirent pas de prévenir les conséquences négatives des combats sur le long terme, et des années plus tard, une véritable épidémie de traumatismes de guerre se développa parmi les vétérans.

En s’appuyant sur une série d’entretiens avec des soldats, Lee N. Robins a pu identifier les substances psychoactives que les militaires s’auto-administraient le plus fréquemment durant la guerre du Viêt-Nam : alcool (consommé par 92 % des personnes interrogées), marijuana (69 %), héroïne (34 %), opium (38 %), amphétamines (25 %), et barbituriques (23 %) [ 27][27]L. N. Robins, The Vietnam Drug User Returns : Final Report,…. On estime qu’en 1969, 30 % des soldats fumaient de la marijuana avant leur déploiement, tandis que 60 % en consommaient durant leur temps dans l’armée. La mise en place de mesures anti-marijuana par l’état-major eut pour conséquence une augmentation de la consommation d’héroïne, une drogue qui était alors, au Viêt-Nam, peu chère et extrêmement puissante (94 à 98 % de pure « neige » fumable). Au printemps 1971, quelque 10 à 25 % des soldats étaient dépendants à l’héroïne. En guise de réponse au problème que représentaient les vétérans toxicomanes retournant chez eux, le Ministère de la Défense imposa un programme d’analyse d’urine obligatoire connu sous le nom grotesque d’« opération flot doré » (« Operation Golden Flow »). Seuls les soldats dont les analyses étaient négatives étaient autorisés à rentrer. Ceux dont les urines contenaient des traces de produit devaient passer par une phase de désintoxication par méthadone de 5 à 7 jours dans des centres situés dans les baies de Long Binh et Cam Ranh. Les militaires dont le second test était négatif pouvaient retourner aux USA. Les soldats (ou « GIs ») dont les tests présentaient deux fois de suite des traces de produit (1 000 à 2 000 cas par mois) étaient exclus des rangs de l’armée (« libérés ») et renvoyés chez eux [ 28][28]P. Brush, « Higher and Higher : Drug Use Among U.S. Forces in…. Vécue par les vétérans comme une maltraitance brutale, cette « libération » déshonorante empirait souvent leur problème d’addiction. L’importante consommation de drogue à laquelle elle a donné lieu est l’une des raisons pour lesquelles la guerre d’Afghanistan (1979-1989) est souvent appelée le « Viêt-Nam soviétique ». Cependant, contrairement aux soldats américains, les militaires communistes ne se sont pas vus administrer les drogues par leur hiérarchie mais les ont consommées de leur propre chef. La guerre a fait l’objet d’une censure soigneuse, il n’existe donc pas de données officielles sur la consommation de drogue, mais on estime qu’au moins la moitié de l’armée communiste d’Afghanistan s’intoxiquait régulièrement (voire 80 % des soldats dans certaines unités) [ 29][29]M. Galeotti, Afghanistan : The Soviet Union’s Last War, London,…. L’alcool, le produit psychoactif traditionnel en Russie, étant cher et difficile à trouver, on lui substitua le haschish, la marijuana, l’opium, l’héroïne, la cocaïne. Le problème était particulièrement inquiétant, car les soldats échangeaient régulièrement du matériel volé de l’armée contre des drogues (ex : pièces détachées, essence, chaussures, vêtements et armes). Pour réguler la question de l’usage abusif de drogues, la durée de l’engagement fut réduite, au milieu des années 80, de 24 à neuf mois [ 30][30]J. K. Cooley, Unholy Wars : Afghanistan, America and… ; cela ne permit pas de contrer la propagation des pratiques de consommation excessive de drogues. Bien que les Mujjahiddin soient souvent, eux aussi, sous l’effet du haschich et de l’opium, ils utilisaient surtout les drogues pour financer leurs activités. Dans l’ensemble, la guerre facilita la culture du pavot à opium, qui, en 1996, fit de la Birmanie/Myanmar le premier producteur mondial d’opium.

Les drogues et les guerres contemporaines

Aujourd’hui, les amphétamines et les tranquillisants sont officiellement utilisés par l’aviation militaire états-unienne (US Air Force) comme moyen de « gestion de la fatigue ». Les pilotes assignés à de longues missions peuvent bénéficier, sous réserve de procédures spécifiques et de contrôles stricts, de « go pills » (Dexedrine) pour les aider à rester concentrés et alertes. Les médecins militaires peuvent les prescrire en prévision de vols de 8 à 10 heures ou plus, qui se passent de nuit ou incluent des changements de zones horaires [ 31][31]Performance Maintenance during Continuous Flight Operations : A….

A leur retour, les pilotes peuvent se voir prescrire des « no-go pills » pour les aider à dormir (des sédatifs comme l’Ambien, le Restoril, ou le Sonata). Par ailleurs, la consommation non-autorisée de substances illégales par le personnel militaire états-unien a doublé entre 1998 et 2005, pour atteindre 5 % de ce public. [ 32][32]P. Von Zeilbauer, « For U.S. Troops at War, Liquor Is Spur to… Nombreux sont ces personnels qui ont développé des addictions aux produits qui leur ont été prescrits par les médecins militaires (souvent des antidouleurs opioïdes comme l’Oxycodon, et des produits psychotropes) et qui ont continué à se les procurer sur des marchés noirs, particulièrement ceux qui fleurissaient en Irak. Certains documents révèlent que des soldats participant aux opérations en Irak et en Afghanistan ont consommé des stéroïdes et abusé de l’alcool, de la cocaïne et du Valium.

La consommation de drogues est en augmentation visible parmi les membres de groupes armés irréguliers comme, par exemple, les armées insurgées d’Irak, les combattants d’Afghanistan, les groupes rebelles d’Ouganda, du Liberia, du Sierra Leone, les militants Tchéchènes, les fractions rebelles de Somalie, les combattants féroces de Daech en Irak et en Syrie, et d’autres groupes anti-occidentaux. Par exemple, les insurgés qui ont combattu les « Marines » états-uniens à Fallujah étaient sans aucun doute sous l’effet d’amphétamines et de crack, comme le prouvent les piles d’aiguilles et de pipes retrouvées ensuite chez eux [ 33][33]T. Perry, « Fallouja Insurgents Fought Under Influence of…. Les dix terroristes de « Lashkar-e-Taiba » qui ont perpétré les attaques mortelles de Bombay en 2008 avaient consommé des stéroïdes, de la cocaïne, et du LSD [ 34][34]« Mumbai Terrorists on Drugs During Attacks », Ebru News, 2….

La drogue connue sous le nom de Captagon ou de fénéthylline est un stimulant largement utilisé par les combattant.e.s de la guerre civile syrienne et par ceux de Daech. Cette drogue synthétique inventée en 1961 est métabolisée par le corps sous la forme de deux produits – amphétamine et théophylline (une molécule du type Xanthine). La Commission des Nations Unies contre la Drogue et le Crime la décrit comme « un stimulant de type amphétamine ». Elle a été un temps prescrite pour traiter l’hyperactivité, la narcolepsie et la dépression mais, à cause de son potentiel addictogène important, elle a été interdite dans la plupart des pays au milieu des années 1980. Largement consommée au Moyen-Orient de manière illégale et dans le cadre de pratiques récréatives, elle est longtemps restée quasiment inconnue ailleurs que dans cette zone du monde.

Le Captagon est une bonne drogue pour le combat. Elle provoque les effets typiques des stimulants de la classe des amphétamines – elle atténue la peur, supprime la douleur, efface la sensation de faim, réduit le besoin de sommeil et donne de la force. On sait que les djihadistes syriens et ceux de Daech en ont consommé de grandes quantités. On dit que cette drogue les transforme en combattants féroces et sans peur, capables de commettre facilement des violences hors du commun, ce pourquoi le Captagon est souvent appelé la « pilule de l’horreur » [ 35][35]« Two Tons of IS Drugs »,…. Les civils kurdes qui se sont échappés de Kobane rapportent que les combattants de Daech sont « sales, avec des barbes hirsutes et de longs ongles noirs. Ils ont avec eux des stocks de comprimés qu’ils prennent sans cesse. Cela semble les rendre encore plus fous » [ 36][36]Cité dans Perlmutter, « ISIS Meth Heads »,…. Les atrocités qu’ils commettent peuvent être expliquées comme le résultat, non seulement de la culture brutale et féroce de l’État Islamique et de son extrémisme djihadiste, mais aussi d’une psychopathie chimiquement induite. Les comprimés de Captagon de contrebande qu’ils prennent sont souvent plus puissants que l’original car ils contiennent de la méthamphétamine, de l’éphédrine et d’autres drogues. Par ailleurs, des témoins racontent que les jihadistes consomment également d’autres psychoactifs : cocaïne, héroïne, et haschisch [ 37][37]Perlmutter, « ISIS Meth Heads ».. En d’autres mots, ils sont sous l’effet de deux drogues : le djihad et les produits stupéfiants. En résumé, les drogues permettent de compenser, dans les armées non professionnelles, l’absence d’entraînement et de discipline typiques des forces armées classiques. Les soldats de ces groupes deviennent plus incontrôlables, ce qui ajoute ainsi de façon significative au chaos de la guerre contemporaine.

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