NARCONEWS (Coke en stock – CCCXXXII) : camions et ultimes magouilles

Avions, bateaux, et aujourd’hui camions : car les trafiquants brésiliens jouent depuis toujours sur les trois moyens de transport, les derniers sillonnant à toute vitesse le pays sur des routes pas encore toutes macadamisées, le plus souvent tirant derrière eux des containers, approvisionnés en coke par les avions et déposés tels quels ensuite sur d’immenses cargos… direction l’Europe, avec Anvers en point de mire principal. Au travers du pays, c’est tout une cohorte de petits appareils qui approvisionnent, et qui s’écrasent, avec un régularité de métronome, trop lourdement chargés la plupart du temps…

Les transporteurs : le pays était sillonné par des camions de coke !

L’homme d’affaires de Pernambouc Valter Paixão Félix dos Santos a été arrêté depuis par la police fédérale. C’est le propriétaire du transporteur Avant Times (ou Avantt) Transportes de Cargas. « A côté de lui, le blog de la  police a confirmé l’arrestation d’Antônio Gilson Ramalho, propriétaire des publications GR. « Valter dos Santos est considéré comme l’une des cibles principales et la deuxième dans la hiérarchie de la branche Pernambouc d’ORCRIM. Selon des sources de PF, son arrestation était une véritable «opération de guerre», avec des véhicules de police entourant tout son immeuble à Boa Viagem. Les habitants se sont même réveillés, effrayés par le mouvement. Sa société de fret, avec une succursale à São Paulo, était chargée de transporter la drogue vers la capitale de Pernambouc, puis de l’envoyer en Europe, de préférence en utilisant le port de Natal, moins visé par la police. L’entreprise millionnaire impliquait deux autres gangs ».

Ce n’est pas la seule entreprise de camions qui est accusée !!!  Lui transportait la drogue vers la capitale de Pernambouc, puis l’envoyait en Europe, de préférence en utilisant le port de Natal; les autres par Recife ou Pernambouc : les camions sillonnaient en tout cas le pays tous chargés de coke ! Problème pour les enquêteurs pour retrouver tout ça : les kilos de coke étaient le plus souvent dissimulés dans des containers réfrigérés (comme ici à droite avec leur moteur incorporé), car ils transportaient surtout des fruits!

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NARCONEWS (Coke en stock – CCCXXXI) : pilotes et caïds arrêtés

Il y a les avions bien sûr, mais aussi les pilotes, derrière ce trafic immense qui ravage tout le Brésil. Certains, on va le voir, sont des beaux cas d’espèce. Comme le sont les trafiquants, parmi lesquels de très jeunes… réputés comme étant les plus violents, sur le modèle des mexicains. On va en décrire un, une sorte de jeune freluquet devenu le second chef du PCC, pas moins, arrêté en bord  de plage d’Ipanema, dans sa villa luxueuse, alors qu’il s’activait surtout à la frontière avec le Paraguay, le pays relais indispensable aux boliviens et aux péruviens.

Les pilotes : hélicoptères et piments, la bonne recette ?

L’une des personnes repérées dans la rafle, en qualité de pilote narco, s’appelle Victor Pessoa. Il a été cité dans le long et excellent reportage TV de Fantastico (Globo) sur la saisie. Il détient l’entreprise Victor André Hoalnda Pessoa de Helicopter Aviation Support Servicos e Comercio Ltda, installée dans le Hangar 23C2 de l’aérodrome « municipal » Augusto de Oliveira Salvação d’Americana, et sa petite piste de 1100 m… , mais ses  24 hangars, étalés le long du même kilomètre !!!

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NARCONEWS (coke en stock – CCCXXX) : les avions saisis l’été 2020

On arrive donc à notre saisie annoncée. Il y a de tout, comme modèles, comme on a affaire à différents groupes et différents aérodromes : des plus petits appareils aux plus grands, c’est fou le nombre d’engins qu’ont utilisé au Brésil les trafiquants. La plus grosse prise étant un Falcon 50, denrée rare dans le secteur, qui mène au final la drogue… en Europe, via un dernier trajet par container le plus souvent !

Un rappel historique pour commencer

C’est l’Etat du Goias qui avait ouvert le bal déjà, fin 2019, en déclarant avoir mis sous séquestre la quarantaine d’avions déjà cités comme liés à João Soares Rocha, avec comme photo d’appui le petit Embraer EMB-711B Coriscoe PT-NRV aperçu ici le 1er septembre 2018 sur l’aérodrome de Canarana. Selon les registres, c’est celui d’Hilario Moacir Herter de Asa Agropecuária Santo Antônio Ltda.

Un petit aérodrome fort discret, visité par une foule de petits engins, dont le PT-WIP, un Embraer EMB-810D Seneca III repeint (ici sa vieille livrée de 2008) qui avait jadis défrayé la chronique du CPI lorsque le 7 mas 2000 vers 13 h il avait dérapé sur la piste de l’aéroport de Pindamonhangaba. L’avion, appartenant désormais à Diego Alonço Dos Reis (aux nombreux ennuis judiciaires), avait glissé sur la piste de l’aéroport de Pinda en blessant sévèrement ses passagers. Il appartenait alors à à la société Cruz de Malta et avait été loué par Dispetro, qui travaillait pour Petroforte dirigé alors par Ari Natalino da Silva. La raison de son atterrissage raté était la pluie, mais aussi.. son chargement trop lourd de cocaïne qui s’était volatilisé, juste après comme par miracle… Trois jours après le passage des députés de la CPI à Campinas, l’ancien directeur du distributeur de carburant Brasil Petro, Hipólito de Oliveira, 48 ans, était abattu de trois coups de feu à Paulínia, le début d’un long dossier mêlant vente de pétrole frelaté, mafia brésilienne et… cocaïne ! Lire ici le détail.  « en moins de dix ans, le distributeur (Petroforte) a donné naissance à plus de 200 entreprises qui, selon l’accusation, constituaient l’une des plus grandes organisations criminelles de l’histoire du pays. Parmi les crimes signalés par le député figurent également l’évasion fiscale, la falsification de documents, la mise sous séquestre, les délits de banqueroute et le détournement d’actifs ». L’aérodrome de Jetaï était le fief narco de l’époque…  A droite c’est l’un des premiers avions utilisé par les trafiquants, le Cessna Skylane PT-JTH (aujourd’hui au Centro De Uro-Nefrologia LTDA). La coke par avion au Brésil c’est une vieille histoire, qui aujourd’hui du Paraguay a rejoint la côte Est : « la police fédérale de Pernambuco a passé deux ans à surveiller les criminels en collaboration avec les autorités internationales, telles que la National Crime Agency (NCA), à Londres, et a révélé que le programme continuait de fonctionner même pendant la pandémie » peut-on lire ici.

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BRÉSIL 🇧🇷 (Coke en stock – CCCXXIX) : des ‘jets’ au pays des magouilles politiques

Au Brésil il y a les trafiquants… et les politiques.  Certains font les deux, comme au Venezuela. Cette fois, on va s’intéresser à un bien étrange cadeau de Lula aux gros industriels, dissimulé sous l’aspect de la relance industrielle du pays : des prêts à taux très bas pour acheter des jets privés, plutôt brésiliens, ceux d’Embraer bien sûr. C’est fou ce qu’ils ont eu comme succès. Et c’est fou aussi comment Lula a voyagé des années en avion privé…

La clinique du Diable

D’autres moyens détournés ne sont pas loin des techniques chères aux trafiquants de drogue. La médecine non plus n’échappe pas à la voracité des voyous et des magouilleurs brésiliens : « l’opération de police civile qui enquête sur des écarts présumés de 50 millions de reais en fraude lors d’audits médicaux entre l’Institut d’assistance aux fonctionnaires de l’État de Goiás (Ipasgo) et l’Institut d’oncologie et d’hématologie de Goiano (Ingoh) a saisi un avion, des voitures de luxe, œuvres d’art et documents à 19 adresses à Goiânia, liées principalement à Ingoh. Au siège de l’institut, les agents ont collecté les médicaments et les dossiers médicaux des patients vus dans les cliniques de la chaîne. Les équipes de police ont également procédé à des mandats de perquisition et de saisie dans les maisons et appartements des dirigeants d’Ingoh et d’anciens dirigeants d’Ipasgo ».

Des tripatouillages informatiques laissaient les comptes clients abonder la clinquante même après l’arrêt des soins, des factures jusqu’à dix fois le montant des autres cliniques, tout était bon pour faire de l’argent. Y compris fourguer des traitements très onéreux inadéquats contre le cancer !

Les policiers étaient remontés jusqu’aux responsables grâce à leurs grosses voitures trop voyantes, comme les mafieux… et un avion : un Beechcraft Baron de 1999 immatriculé PT-OEV, saisi bien sûr lui aussi ! L’avion étant justement au nom de l‘hématologue Edmo Dias Pinheiro.

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Brésil : le torchon brûle entre l’armée et Jair Bolsonaro

Les chefs des trois branches de l’armée brésilienne (terre, mer, air) ont donc démissionné. Visiblement en raison de la démission du ministre de la Défense hier.

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BRÉSIL 🇧🇷 (Coke en stock – CCCXXVIII) : l’été dernier, deux raids fructueux

Le démantèlement du réseau du clan Rocha l’année 2019 (voir épisodes précédents) n’a pas arrêté, loin s’en faut, les vols de cocaïne dans le pays. Un pays immense dans lequel les petits avions circulent un peu comme les trains en Europe, avec des secteurs clés pour le trafic, comme celui des ports à l’Est, ou de la frontière avec le Paraguay qui demeure fort sensible grâce à l’héritage historique du pays de la contrebande en tous genres. L’été 2020, deux grosses opérations policières ont mis fin à deux réseaux importants, pour une trentaine d’avions au total et une infrastructure solide de démantelée, contenant notamment des camions citernes aux parois secrètes destinées à dissimuler la drogue. L’une à la frontière du Paraguay, l’autre sur la côte du côté de Récife et de Sao Paulo notamment.

L’Opération Cavok

Les brésiliens se réveillent au début du mois d’août avec un énième raid policier, déclenché cette fois par le 1er tribunal fédéral de Ponta Porã (Mato Grosso do Sul, ville-frontière dont le pendant au Paraguay s’appelle Pedro Juan Caballero et dans laquelle sévissent des gangs qui se tirent dessus en pleine ville à la mitrailleuse lourde, comme on l’a vu). Le raid fait main basse le 6 août sur pas moins de 23 petits avions circulant vers les pays voisins et en priorité le Paraguay, et les biens des narcotrafiquants, les habituelles voitures de luxe, des fazendas toutes neuves toutes situées dans l’État de Goiás, des saisies évaluées à environ 40 millions de reais au total. La frontière avec le Paraguay a été ciblée en priorité : l’enquête a également compté sur la collaboration du Centre intégré des opérations frontalières de Foz do Iguaçu, la quatrième plus grande ville de l’État du Paran, située à 600 km à l’ouest de la capitale de l’état, Curitiba, qui est reliée par un pont à sa voisine immédiate de Ciudad del Este, un haut lieu des trafics en tous genres, du Centre de recherche et d’enquête de Campo Grande, et de l’ANAC (pour les avions), et a bénéficié de l’assistance  de la Police nationale paraguayenne et du Ministère public du Paraguay. Bref, on a mis le paquet !

Des avions tous venus du Paraguay

Les mandats ont été émis par le 1er tribunal fédéral de Ponta Porã. Le choix du nom lui-même de l’opération est significatif : l’acronyme CAVOK (Ceiling and Visibility OK) est utilisé dans l’environnement aéronautique pour définir une situation dans laquelle il y a de bonnes conditions de toit et de visibilité, c’est-à-dire de bonnes conditions de vol.

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BRÉSIL 🇧🇷 (Bolsonaro, évangélistes et prospecteurs): les trois plaies des indiens d’Amazonie

COKE EN STOCK (CCCXXVI)

Les indiens d’Amazonie sont les victimes de plusieurs choses en réalité : du trafic de cocaïne, eux aussi, car leurs terres sont convoitées pour y établir des pistes d’atterrissages clandestines, des chercheurs d’or et des agriculteurs qui déforestent tous deux à tour de bras, ces derniers pour replanter des aberrations agricoles comme les palmiers, en raison de la mode et de la vogue calamiteuse de l’huile de palme, des évangélistes inconscients du danger que représentent les contaminations, oubliant l’histoire des Mayas ou des Indiens d’Amérique du Nord, enfermés dans leur extrémisme religieux sourd et aveugle et… du gouvernement inepte de Bolsonaro qui n’écoute que les sirènes des grands fermiers racistes ou des industriels véreux…

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COKE EN STOCK : les toutes dernières du 24 mars 2021

Coke en stock (CCCXXVIX) : les avions saisis l’été 2020

On arrive donc à notre saisie annoncée. Il y a de tout, comme modèles, comme on a affaire à différents groupes et différents aérodromes : des plus petits appareils aux plus grands, c’est fou le nombre d’engins qu’ont utilisé au Brésil les trafiquants. La plus grosse prise étant un Falcon 50, denrée rare dans le secteur, qui mène au final la drogue… en Europe, via un dernier trajet …
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Coke en stock (CCCXXV) : les indiens abandonnés

Dans cet immonde trafic qui perdure, les perdants sont toujours les mêmes :  les plus pauvres et les plus défavorisés et, parmi eux, les Indiens de l’Amazonie, laissés pour compte à tous les niveaux de la société brésilienne. Leurs réserves servent d’endroit où construire des pistes clandestines discrètes, et l’absence …
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Coke en stock (CCCXXIV) : retour au Brésil avec un recyclage raté

Retour au Brésil donc, après cette longue incartade en Afrique de l’Ouest et sur les deux derniers mois de l’année 2020:  le Brésil, là où tout a commencé voici quinze ans maintenant. Quinze années d’usage d’avions dont certains capturés à cette époque déjà, et dont on ne sait plus trop …

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FRANCE 🇫🇷 (Drogues) : dans un entretien au Parisien – Aujourd’hui en France, Gérald Darmanin dresse un un bilan positif sur près d’un an d’action contre le trafic de stupéfiants

QUID de la cyber-distribution via Twitter ?

QUID de l’incapacité de nos cyber-services pour supprimer les milliers de propositions de stups, d’armes et d’offres pédocriminelles ?

QUID de l’implantation des nouveaux points de vente ?

QUID du contrôle efficace possible dans nos ports maritimes ?

QUID de l’embouteillage des services judiciaires ?

QUID de l’économie souterraine qui alimente des quartiers défavorisés ?

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EXTRAITS

de

l’interview cocorico !

Par Jean-Michel Décugis et Damien Delseny

Il y a neuf mois vous avez fait de la lutte contre le trafic de drogue une priorité. Quel est votre bilan ?

Nous sommes en train de regagner le terrain. Et c’est sans précédent. Nous menons la bataille sur deux fronts : l’offre et la demande. L’offre, avec la lutte contre les trafics internationaux, les grossistes et tous les points de deal que nous avons recensés et ciblés, mais aussi en travaillant sur la demande, avec les consommateurs et les amendes forfaitaires délictuelles (AFD) pour usage de stupéfiants (NDLR : 200 euros et une inscription au fichier des antécédents judiciaires).

Cela signifie que la demande reste forte ?

Oui. La preuve, c’est que dans une année 2020 marquée par le confinement et le couvre-feu, les saisies de drogue ont été très importantes.

Est-ce lié, selon vous, à la création de l’Office anti-stupéfiants, l’OFAST ?

Il y a tout un dispositif. Avant, les services travaillaient en silo, l’ OFAST, voulu par le président de la République, c’est la task-force au service d’une mobilisation générale anti-drogue, une DEA (la Drug Enforcement Administration aux Etats-Unis) à la française. Dans chaque département, désormais, une cellule du renseignement opérationnel sur les stupéfiants coordonne l’action. Cela a contribué à démanteler 12622 réseaux l’an dernier.

Vous aviez recensé en septembre 3952 points de deal en France, combien ont été démantelés ?
Quatre cent cinquante. Et nous allons accélérer la cadence.
Justement, ces attaques contre la police vous les attribuez à la lutte contre le trafic de drogue ?
Il y a un lien évident entre le trafic de drogue et la violence. Mais pas seulement contre les forces de l’ordre.
Vous pensez aux règlements de compte et aux rixes entre bandes ?
En tout cas, tous les règlements de compte commis pendant l’été étaient en lien avec le trafic de drogue, à l’exception des épisodes violents survenus à Dijon avec la communauté tchétchène. C’est une inquiétude et, en même temps, la conséquence du travail mené par la police sur le terrain.
Il y a aussi les armes ?

Les dealers se sont beaucoup armés aussi. A titre d’exemple, en novembre 2019, quand on démantelait un trafic, 8% des personnes interpellées étaient porteuses d’armes à feu. Aujourd’hui, c’est 22%. C’est la preuve d’une militarisation du trafic de drogue.

Y a-t-il toujours une loi du silence dans ces quartiers ?
De moins en moins, et je m’en réjouis. C’est tout l’intérêt de la plate-forme de signalement mise en place (moncommissariat.fr et la brigade numérique de la gendarmerie).
Cela veut-il dire que les méthodes des trafiquants s’adaptent à la conjoncture ?
Entre mars et juin, période de confinement, le trafic s’est effondré. Notamment en raison de l’arrêt du trafic aérien et de la limitation de la circulation routière. Mais, en réalité, ce trafic s’est transformé avec le développement de la livraison à domicile. On a vu arriver des plates-formes sur les réseaux sociaux comme sur Snapchat pour passer les commandes et, ensuite, des livraisons avec scooters, motos ou même voitures. Il y a aussi les livraisons par voie postale.
Votre action vise aussi les consommateurs. Grâce aux AFD, les amendes forfaitaires délictuelles, peut-on dresser une cartographie précise de cette consommation, et un profil des clients ?
J’ai demandé une analyse plus fine de cette question. Il y a d’abord une consommation de proximité par des habitants de ces quartiers populaires. Mais il y a aussi une population plus bourgeoise qui consomme et qui, elle, se fait livrer à domicile. La consigne que j’ai donnée, notamment à la préfecture de police de Paris, c’est aussi d’être présent dans les quartiers plus « huppés » pour contrôler ces livraisons à scooter ou moto. Arrêtons d’accepter la consommation mondaine de la drogue.
Dans votre guerre contre le trafic, vous comptez aussi sur les élus ?
Nous allons proposer aux 100 maires les plus concernés de travailler étroitement avec nous. Parce que nous avons besoin d’eux aussi pour un travail plus social, afin de sortir certains consommateurs de leurs addictions, de travailler sur la re scolarisation. Dans les écoles parmi les plus touchées, nous allons renforcer, avec Jean-Michel Blanquer, la vidéoprotection et les contrôles aux abords.
Pour lutter contre ces équipes très organisées, il faut aussi du matériel. Où en est-on de l’utilisation des drones ?
Cela va être débattu cette semaine devant le Sénat dans le cadre de l’examen du projet de loi sur la sécurité globale. Pour l’instant, faute de cadre législatif, ils sont au garage.
L’occupation des halls d’immeuble se poursuit même durant le confinement ou le couvre-feu…
C’est un délit, mais il est difficile à réprimer puisque personne ne témoigne. Donc nous allons mettre en place en octobre, là aussi, un système d’amende forfaitaire, ce qui permettra de verbaliser mais aussi d’inscrire ces personnes contrôlées au fichier des antécédents judiciaires et ainsi de mieux identifier ceux qui travaillent comme petites mains dans les réseaux.
A Paris, la consommation de crack reste un problème récurrent…
Le problème du crack, c’est qu’il engendre une très forte dépendance. Les effets sur la santé physique et mentale sont dévastateurs et la détérioration de ceux qui consomment est rapide et souvent inéluctable. C’est une toxicomanie qui touche particulièrement des personnes fragilisées déjà, venant des classes populaires et parfois une population immigrée clandestine. L’intervention et le rôle de la police sont très compliqués. Il y a des saisies et des revendeurs arrêtés tous les jours, mais c’est une drogue très facile à fabriquer. Il faut travailler avec le corps médical et social des villes touchées pour pouvoir faire un accompagnement qui ne soit pas que policier.
Vous parlez de prévention. Votre plan de bataille comporte-il un volet préventif ?
Oui, et nous devons être plus efficaces sur la prévention. Nous n’avons pas encore gagné la bataille pour expliquer que la drogue, c’est vraiment de la merde. Le Premier ministre a donné son accord pour lancer une vaste campagne de communication sur le sujet. Il n’y en a pas eu depuis le début des années 1980. Il faut démontrer la nocivité absolue des stupéfiants dans le décrochage scolaire, dans les maladies psychologiques, dans les violences conjugales, dans les accidents de la route.  La drogue n’est pas un produit sympathique. La drogue, c’est la mort.

SOURCE et l’intégralité de l’interview


Étant tous égaux devant la loi, merci de signer la pétition pour un contrôle dépistage de drogues sur l’ensemble de nos élus faiseurs de lois, des décideurs, des douaniers, des policiers, des gendarmes et des magistrats

Pour signer la pétition

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COKE EN STOCK (CCCXXIII) : des avions, des narcos et…des financiers !

Nous n’avons pas encore épuisé l’abondant réquisitoire du juge Mazzant chargé de l’affaire Debra Lynn Mercer-Erwin, la patronne d’Aircraft Guaranty Group.

Les quatorze premiers cas observés dans le précédent article nous donnent déjà un tableau affolant du tonnage de cocaïne que ces avions « anonymisés » ont amené en Amérique Centrale, en se fournissant pour la plupart au Venezuela.

Avec à la clé des cas pendables comme j’ai pu vous le conter ici depuis des années. Cela rapportait de l’argent, mais ça ne semble pas avoir suffit à l’appétit de la dame, qui en plus, y a ajouté toute une cavalcade financière établie par le juge comme suivant un schéma typique de Ponzi, dans lequel, on le sait, seuls ceux placés (par eux-mêmes) au sommet de la pyramide touchent le gros lot. On aura ravagé des Etats entiers pour le seul goût du lucre !!

Avec le N939RR, notre quinzième cas d’étude retenu par le juge, Villaurrutia avait encore augmenté la dose (si on peut dire) : cette fois c’était un gros bimoteur à réaction, un vieux Gulfstream qui avait joué les avions de brousse à San Andres, dans le Peten. Selon notre juge, « vers le 11 janvier 2017, Texton a acheté le N939RR et l’a enregistré auprès de la FAA sous Texton. Villaurrutia est l’unique propriétaire et président de Texton. Malgré les déclarations de Texton selon lesquelles il était propriétaire de l’aéronef, d’autres entités ont financé et exploité l’appareil. Le 29 mai 2018 ou vers cette date, Villaurrutia a désenregistré l’appareil pour l’exporter vers le Mexique. Le 16 décembre 2019 ou vers cette date, l’aéronef a été saisi au Guatemala avec environ 2 572 kilogrammes de cocaïne » (oui, vous avez bien lui : deux tonnes et demie à bord, un sacré record). « TWA n’avait fait aucun dépôt d’exportation », note le juge. Or, extérieurement il affichait être devenu le XB-PVI !!! On l’avait retrouvé, comme beaucoup d’autres, l’intérieur dévasté et vidé pour faire place à l’énorme chargement de cocaïne, celle-ci ayant été retrouvée à proximité dans deux pick-ups. Son arrivée avait été détectée et filmée de bout en bout par le Cessna-espion de l’armée mexicaine (un Cessna Citation 560 (OT-47B, numéroté FAC5764).

Avec le N990PA, il était revenu à se anciens amours : les jets privés des tous débuts. « Le 9 mai 2018 ou vers cette date, Villaurrutia a acheté le N990PA et l’a enregistré auprès de la FAA sous TWA. Malgré les déclarations de TWA selon lesquelles il était propriétaire de l’aéronef, d’autres entités ont financé et exploité l’aéronef. Le 22 mars 2019 ou vers cette date, l’avion s’est écrasé au Honduras avec un kilogramme de cocaïne à bord et une arme à feu. Le 25 mars 2019, Villaurrutia a désenregistré l’avion en reconnaissant qu’il avait été exporté et avait été détruit. TWA et ses co-conspirateurs n’avaient fait aucune demande d’exportation ».

On reste toujours chez le même avionneur avec le N368AG, ce qui implique le retour vers les vieux Gulfstream, avec cet exemplaire à la décoration fort particulière et fort reconnaissable. « Vers le 2 août 2019, Villaurrutia a acheté le N368AG et l’a enregistré auprès de la FAA sous TWA. Villaurrutia a conclu un accord de sûreté aérienne avec AW Asset Holdings, LLC, une société située à Plano, Texas (dirigée par Francisco Daniel Dauajare). AW Asset Holdings a conclu cet accord avec TWA vers le 2 août 2019. Vers le 2 août 2019, Villaurrutia a déposé une déclaration d’opération internationale pour voler de Wichita, Kansas à Cancun, Mexique. TWA et ses co-conspirateurs n’ont fait aucun des dépôts d’exportation. Le 15 octobre 2019 ou vers cette date, cet avion a été vendu à SMB G-IV IX LLC (de Longwood en Floride).«   L’appareil est resté un mois tout juste chez TWA. La société appartient à Seth Bernstein, d’Alliance Bernstein, une société d’assurance de Nashville, dont 64 % est détenu par l’assureur français AXA !!! On ignore ce qu’en pense son PDG Thomas Buberl…

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MEXIQUE 🇲🇽 (Chetumal – Quintana Roo) : le cimetière des « Hawkers » orphelins

Ce qu’il ressort depuis des mois, c’est que l’essentiel de ce trafic se tient désormais dans un cercle d’à peine 50 km de diamètre, autour de Chetumal, au sud du Quintana Roo, situé stratégiquement aux abords de l’Etat de Belize, là où les jets bourrés de coke ne cessent de se poser depuis des semaines, comme on l’a vu.

Le Guatemala n’étant pas très loin non plus.

A Chetumal, c’est fou ce qu’on trouve comme avions que l’on abandonne, comme ça, comme s’il s’agissait d’une vieille voiture qui refuserait d’avancer…

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USA 🇺🇸 (aéro-narcotrafic) : Debbie Mercer-Erwin, pourvoyeuse d’avions pour le narcotrafic, a été arrêtée

Debbie Mercer-Erwin, une dame bien sous tous rapports, qui pointe au Rotary-Club…

Membre du Rotary Club d’Oklahoma, elle présente tous les aspects d’une personne bien ordinaire et bien insérée dans la vie sociale quand les avions qu’elle vend se retrouvent aux mains de trafiquants notoires et que sa société ne sert qu’à dissimuler leur véritable propriétaire. Aux dernières nouvelles, comme on l’a dit, il y en avait un peu moins d’une centaine sous sa responsabilité directe (et bien plus, dix fois plus, avec l’héritage des avions de Connie Wood).

A Onalaska, où était installé Connie Wood (lire ici sa saga), il y avait déjà plus de 1000 avions d’enregistrés de la sorte qui se partageaient deux boîtes aux lettres seulement. Un joli scandale en perspective ! La création d’un nom d’entreprise fictive coûtait alors à peine 5 dollars…  Pire qu’au Delaware !!!

A droite, Debbie Mercer-Erwin en tenue de détenue…

On comprend son absence de sourire sur cette photo-là : elle risque gros désormais. La perpétuité, annonce-t-on déjà, parmi les options possibles pour son sort…

Le premier document qui avait alerté

Cela fait plus d’un an qu’elle était dans le collimateur de la justice US, dont la lenteur la concernant surprenant, à vrai dire. L’examen de ses transactions depuis 2014 étant sans appel, en effet.

Il faudra un reportage TV bien mené pour que ça change, avec deux hommes dont j’ignore s’ils ont lu les textes parus sur Coke en Stock depuis des années. Un document visible ici de février 2019 cite le cas de ces deux enquêteurs curieux dépêchés par WFAA-TV, une chaîne texane justement (il s’agit Stephen Lynch, député démocrate du Massachusetts, ici à gauche, membre du House National Security Subcommittee, et de Joe Gutheinz, ancien lui-même de la Federal Aviation Administration (FAA)) qui avaient trouvé des éléments fort troublants dans ces registres bidons, qui outrepassent aussi la simple crainte de les voir être utilisés par des trafiquants seulement (la crainte d’un autre 9/11 pointe toujours à l’horizon quand il s’agît d’avions gros porteurs « anonymes »):

Leur verdict avait été très net : « deux des avions enregistrés auprès de la société de fiducie ont été nommés lors d’une enquête fédérale sur une opération massive de trafic de drogue, selon les dossiers du tribunal fédéral déposés en 2013. Voici ce que les officiers de justice fédéraux ont détaillé dans les dossiers judiciaires pour saisir l’un de ces deux avions: il avait été enregistré dans une fiducie en 2012 au nom d’une société mexicaine. Le représentant légal de la société, Fausto Velez Urbina, a été condamné en 2005 pour trafic fédéral de cocaïne et renvoyé au Mexique en 2010. Urbina a acheté l’avion auprès d’un courtier en aéronefs nommé Mauricio DeLeon pour 1,69 million de dollars. DeLeon avait été lié par des enquêteurs à l’ancien chef du Cartel du Golfe Osiel Cardenas-Guillen. Cardenas-Guillen, désormais enfermé dans une prison fédérale aux États-Unis. Il a fondé le très redouté groupe de Los Zetas, composé d’anciens commandos militaires qui ont servi d’assassins impitoyables pour le cartel. Et ce n’est pas tout… (ici à droite l’arrestation le 9 février 2018 de José Maria Guizar Valencia alias Z43,  un des chefs du cartel, avec devant lui et ses acolytes l’impressionnante panoplie d’armes saisies.)

Un fonctionnement qui questionnait

L’article évoquait Onalaska (1764 habitants seulement, aujourd’hui !) de façon provocante, « une ville avec 1000 avions déclarés et pas d’aérodrome« .

L’avion atterri aux mains du cartel avait une histoire intéressante en effet : tout avait commencé il y a un peu plus de quatre ans avec cet appareil… introuvable :  « en 2016, la Drug Enforcement Administration a saisi l’un des avions de la société alors qu’elle enquêtait sur un complot international de trafic de drogue et de blanchiment d’argent, selon des archives déposées devant un tribunal fédéral de New York. L’avion a été saisi lorsque des agents ont arrêté l’un des chefs de file accusés, qui dirigeait une entreprise dans le Nevada. Lynch a déclaré à WFAA qu’une grande quantité d’héroïne avait été saisie avec l’avion. Le véritable propriétaire de l’avion, un ressortissant mexicain, n’a pas été inculpé. Cependant, selon les archives, il a payé plus d’un demi-million de dollars pour récupérer l’avion. « Quelqu’un arrive et est en mesure de récupérer son avion avec 550 000 $ en espèces », a déclaré Lynch (le député démocrate effectuant l’enquête)  « Je veux dire qui fait ça ? Que pensez-vous que l’on  fasse de l’avion maintenant? »… 

« selon les archives de la FAA, Aircraft Guaranty a initialement enregistré l’avion monomoteur à six places en 2013 pour le compte d’un résident de Nuevo Leon (au Mexique). Aircraft Guaranty a transféré le titre de l’avion au véritable propriétaire à la fin de 2017. La société est redevenue le fiduciaire de l’avion en mars 2018. Les défenseurs de l’industrie ont déclaré à WFAA que les exigences strictes en matière de citoyenneté de la FAA peuvent être onéreuses. Selon eux, il peut être difficile pour les sociétés cotées en bourse de déterminer si elles satisfont à toutes les exigences. Pour être considéré comme une entité américaine, le président d’une entreprise doit être citoyen. Les deux tiers de ses dirigeants ou administrateurs doivent également être des citoyens. Soixante-quinze pour cent de ses actionnaires doivent également être des citoyens américains. (…). Nous pensons que les informations mises à la disposition de la FAA aujourd’hui sont suffisantes », a déclaré le journal de la NBAA. La NBAA a également fait valoir dans le «livre blanc» que la législation de Lynch «entraînera des conséquences imprévues et des préjudices potentiels pour l’industrie aéronautique». Lynch se moquait des inquiétudes. Il a déclaré à la WFAA qu’il attendait avec impatience le résultat de deux enquêtes – l’une menée par le les enquêteurs du Congrès, le General Accountability Office, et celle de l’inspecteur général du ministère des Transports – sur la pratique. Le rapport du GAO devrait être publié plus tard cette année. «Tout dépend du résultat net du dollar pour les sociétés de fiducie», a déclaré Lynch. «Ils négocient et exploitent les lois qui existent dans notre pays pour leur gain financier privé. Mais ils mettent le public et la sécurité nationale en danger. » Les résidents d’Onalaska ont déclaré à la WFAA qu’ils n’avaient aucune idée du fait que de nombreux avions étaient enregistrés dans leur ville. «La majorité des personnes qui vivent ici en permanence et qui résident à Onalaska n’ont pas les moyens d’acheter un avion», a déclaré Zachary Davies, un agent immobilier local et père de cinq enfants. L’oncle de Davies, Roy Newport, ancien maire d’Onalaska, pensait que le nombre élevé d’avions immatriculés devait être une erreur. « Quel est le problème ? » Dit Newport. « Je n’achète pas ça. C’est un problème informatique ou quelque chose comme ça. Quel serait l’avantage de les enregistrer ici ? » Ce n’est pas un problème informatique. Et le secret est maintenant révélé… »

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AERO-NARCOTRAFIC (Coke en stock – CCCXVII) : en fin d’année 2020, les crashs ont continué

Malgré la covid, en cette fin d’année 2020 et au début 2021, les accidents d’avions chargés de cocaïne, comme ceux décrits déjà ici cet été, ont continué.

On retrouve la même variété d’appareils et de terrains d’atterrissage, avec le Guatemala en première place, comme la tendance débutée il y a plusieurs mois et décrite ici, (et ici également):  le Mexique toujours aussi représenté en bonne place et on note le retour du Honduras, Belize ne voyant arriver qu’un seul engin… mais de bonne taille puisqu’il s’agit d’un gros Gulfstream II.

Retour sur les derniers mois d’un commerce toujours aussi vivant, avant de repartir étudier le Brésil, où là aussi l’année 2020 a été fort chargée, avec le démantèlement de deux gros réseaux de drogue…

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CÔTE D’IVOIRE 🇨🇮 (Spaghetti connection au Brésil): tous les chemins de la coke mènent à Rome (ou plutôt à Reggio de Calabre)

Quand Sylvain Coué racontait une saisie de coke

Dernièrement nous nous sommes arrêtés en route du Brésil à la Côte d’Ivoire, suite à la parution d’un article retentissant au printemps dernier qui continue à faire des remous dans le pays, car il a clairement montré du doigt comme responsable du trafic de cocaïne dans le pays, un ministre bien en vue, pas moins. On y a découvert une nouvelle filière, en fait, surnommée très vite la « spaghetti connection » car elle était dirigée… par des italiens liés à l’inévitable mafia calabraise. Des italiens qui vont nous faire faire un tour en Afrique du Sud et en Croatie, comme quoi le trafic de coke nous fait beaucoup voyager. Avec au bout, hélas, la menace que toute cette coke serve à alimenter les réseaux terroristes du Sahel, tous plus mafieux les uns que les autres…

Pour nos deux journalistes , Nicholas Ibekwe (qui est nigérian d’origine, il est né dans le bidonville Maroko au sein d’une famille de onze enfants (1) et le belge Daan Bauwens, (2), la cocaïne, désormais, c’est sûr, a bien envahi toute la Côte d’Ivoire, depuis 2012  en commençant par la côte et les rejets intempestifs de la mer de ballots tombés des cargos les véhiculant. En commençant un article au titre un peu trop provocateur par une info douteuse ou mal documentée en fait : »Un matin, elle s’échouait sur la côte, on s’est littéralement fait submerger », dit Babacar, un grand rastafari qui supervise le chantier. « Un bateau d’Amérique du Sud se faisait poursuivre par un bateau de police et le capitaine n’a rien trouvé de mieux à faire que de jeter toute la marchandise par dessus bord. On trouvait des sacs en plastique remplis de coke sur toute la côte de l’Afrique de l’Ouest. Encore aujourd’hui, ça arrive. » Plusieurs personnes du village ont confirmé l’histoire de Babacar mais personne ne parvient à mettre une date dessus. Il se peut qu’il s’agisse des 6 tonnes qui ont été jetées dans l’océan par un bateau bélizien devant la côte marocaine en 1997. Il est fort possible qu’il s’agisse d’un de ces incidents non-signalés ». Seulement voilà : les courants  descendants des Canaries n’auraient pu que difficilement apporter en Côte d’Ivoire cette fameuse cargaison abandonnée par le Duanas et qui s’est répandue sur les plages, allant de Casablanca jusqu’au maximum à la ville de Safi qui est bien plus au Nord du pays également. (en Côte d’Ivoire, les plages du pays sont en effet aussi léchées par un fort courant inverse, d’Est en Ouest, qui s’appelle le courant de Benguela ) ! Bon, toujours est-il que des ballots, il y en a eu, et… beaucoup même. Mais provenant du Maroc c’est nettement moins sûr ! Dans son rapport « COCAINE TRAFFICKING IN WESTERN AFRICA » d’octobre  2007, l’UNDOC l’avait noté  : « selon les forces de l’ordre, la cocaïne est principalement expédiée vers l’Afrique de l’Ouest sur des bateaux de pêche et des cargos. La drogue est généralement dissimulé dans des zones de dissimulation construites spécialement à cet effet dans le cadre du bateau, comme un réservoir d’huile modifié. Ces zones de dissimulation rendent très difficile la détection du médicament sans intelligence spécifique quant à sa localisation. Des saisies de cocaïne ont également été effectuées sur des yachts privés plus petits ». En illustration la photo de l’interception du cargo «Master Endeavour» et les ballots de cocaïne retrouvés dans le châssis du navire par la Marine Nationale, prêts à être balancés à l’eau. « Les saisies effectuées en haute mer nécessitent de longs préparatifs et la perquisition ne peut être effectuée qu’après avoir reçu l’autorisation des autorités du pavillon du navire » y-ajoutait-on : les attraper n’est pas facile, dès qu’il s’agit de relais international, si on veut ne se mettre personne à dos… ci-dessous une saisie record en 2006 sur la côte du Ghana :

Le nom de baptême de la filière « spaghetti » 

Plus intéressante est la suite de leur enquête : « en septembre 2018, 1,2 tonne de cocaïne d’une valeur marchande de 250 millions d’euros a été interceptée dans le port de Santos, au Brésil , à destination d’Abidjan. La drogue était cachée dans des machines de construction lourdes (nota : on en trouvera 8 tonnes au final !!!). Le transport était organisé par la ‘Ndrangheta et la Camorra napolitaine.

 On doit donc y rencontrer Sylvain Coué, l’agent qui avait arrêté en pleine nuit dix-huit suspects de cette opération quelques semaines avant cet entretien (…) Couvert d’une casquette rouge, Sylvain Coué est un cinquantenaire plutôt affable. Il commande des expressos pour tout le monde et commence à raconter » : « J’avais reçu l’info de la police brésilienne qu’il y avait 1,2 tonnes en route pour Abidjan », dit-il à propos de l’opération, « J’avais reçu l’adresse du dépôt où les engins de construction allaient arriver et être démantelés. En même temps j’avais reçu l’info de la police italienne qu’un membre de la ‘Ndrangheta venait d’être envoyé ici. On l’a suivi dès son arrivée et il s’est dirigé directement vers le dépôt de démantèlement au port. La 1,2 tonne allait y être sortie des engins, emballée et envoyée dans des containers vers l’Italie ».

Le surnom des trafiquants inconnus a alors vite été trouvé : « Les propriétaires du dépôt n’appartenaient pas à la « Ndrangheta mais à la Camorra, la mafia napolitaine. Ils tenaient également la pizzeria « Regina Margherita » au centre d’Abidjan. « (ici à droite) « Tout se passait autour de ce restaurant et comme j’avais besoin d’un nom pour l’opération, je l’ai baptisée “The Spaghetti Connection”. Je pensais que ça ferait rire tout le monde. Pizza Connection, French Connection, Italian Connection, ils avaient tous été utilisés auparavant. Ce n’était certes pas un restaurant de spaghetti, mais bon. »  L’homme derrière la coke était en fait « Pépé » (ici à gauche) et c’était en fait le cuisinier de la pizzeria ! Il a été interpellé le 7 juin 2019 en compagnie de 5 compatriotes italiens, d’un franco-turc, et de 3 ivoiriens. « Ils tentaient de faire pénétrer sur le sol ivoirien plus d’une tonne de cocaïne en provenance du Brésil »  note le journal KOACI.

Le spaghetti, c’est universel; on le trouve partout !

A signaler que le procédé de la pelleteuse était classique (3), ils avait déjà été utilisé à plusieurs reprises auparavant comme j’avais pu aussi vous le dire ici. « Un procédé ancien, car en 2006 déjà, lors de l’arrestation puis l’extradition aux USA de Manuel Felipe Salazar-Espinoza, alias “Hoover« , alias encore « el rey de la cocaína », un des rois en effet du marché de la coke coincé par la DEA, on s’était aperçu qu’il avait abondamment utilisé ce procédé pour transborder sa cocaïne de Panama au Mexique, via d’énormes grues dans laquelle avait été dissimulé 1,3 tonne d’un coup (contenu étalé ici à gauche), un record pour l’époque. En 2011 encore, la police  espagnole avaient saisi idem une cargaison de pains de coke dissimulés dans l’embase d’une pelleteuse (ci-dessus à droite).

Un procédé classique, donc, de dissimulation, qui a été réemployé récemment, mais à l’île Maurice, l‘engin provenant cette fois de l’Afrique du Sud ! ! La drogue provenant là aussi au départ de façon surprenante du Brésil (importée par Scomat, une société sise à Pailles) ! Le bateau transporteur étant alors le cargo de type RORO Hoegh Antwerp (qui avait transporté aussi en même temps Mauricio, le premier tram du Metro Express, en venant d’Espagne). Le Brésil mène décidément à tout ! Remarquez, avec le flot d’avions chargés de coke que l’on vient d’étudier (cf ls épisodes précédents) et ceux à découvrir bientôt ici, ce n’est guère étonnant. Ce qui l’est davantage, cette fois, c’est le rôle de l’intermédiaire sud-africain et de l’arrivée également par l’Est du contient (où parvient plutôt l’héroïne afghane) !

A la Réunion aussi, même principe !

Étrange découverte, en effet que cette autre tractopelle brésilienne pleine de coke, qui a mené aussi à une autre affaire, celle de la découverte en juin de 140 kg de cannabis à La Réunion sur la côte Ouest de l’Afrique donc. C’est le journal ExpressMu qui a fait le lien,  qui est assez étonnant, ma foi :  « Retour sur la saisie de 140 kg de «zamal» (la »weed » locale en fait le Cannabis Sativa L ). « Le 1er juin, la police réunionnaise fait main basse sur 140 kg de cannabis à Sainte-Rose. Le skipper du bateau qui devait transporter la drogue vers Maurice a le temps de prendre la fuite et, quelques jours plus tard, l’embarcation est retrouvée à Flic-en-Flac. Plusieurs personnes avec des connexions avec des partis politiques sont interpellées. Les états-majors politiques démentent sur le champ. La police les soupçonne d’être des prête-noms. Mais deux mois plus tard, rien de nouveau n’a été trouvé et l’enquête est au point mort. Sunil Krishna Dowlut, Steve Nicolas Mariette et Damien Jean-Pierre, les trois propriétaires du bateau qui a servi à prendre la fuite pour rejoindre Maurice, ont été arrêtés début juin (nota : Sunil Krishna Dowlut, qui habite Pointe-aux-Canonniers, n’est autre que le fils de Sunil Dowlut, connu à Grand-Gaube dans la gestion de catamarans et surtout pour ses liens politiques). « L’ancien propriétaire du bateau avait aussi été appelé à donner sa version des faits. Après son interrogatoire, cet habitant du Nord avait été autorisé à partir. Cependant, un fait interpelle. Il aurait vendu le bateau pour la somme de reais (bésiliens)  500 000 (79 328 euros) alors qu’il en valait au moins quatre fois plus, selon des sources policières. Ce n’est pas la première fois que cet homme faisait parler de lui. En février, la presse avait fait état de son anniversaire qu’il avait célébré dans le Nord. Lors de la fête, de la drogue avait été mélangée à des amuse-bouches et plusieurs invités estimant qu’ils subissaient les effets d’une overdose avaient dû être transportés à l’hôpital (ici un  autre cas du même genre en Australie). Malgré cela, aucune enquête policière n’avait été initiée. De plus, il se trouve que l’homme en question ne serait pas totalement étranger au controversé couple Agliotti ».  En illustration ici, trois types de bateaux rapides rencontrés à Maurice où ils sont fort appréciés.  Des bateaux d’agrément pouvant devenir au besoin des speed-boats à coke !!!

Un riche couple d’origine italienne mis en cause

Pour mémoire ce n’est pas la première fois que ce couple richissime pourtant bien en vue se retrouvait dans la tourmente, en ayant pris récemment la poudre d’escampette du pays. « Pour rappel, le nom de Glenn Agliotti avait surgi au Parlement le mardi 16 juillet. Adrien Duval, lui-même habitant le Nord, comme ce dernier, avait demandé comment cet homme, condamné pour trafic de drogue en Afrique du Sud, avait eu, du Prime Minister’s Office, son permis de résidence à Maurice. Ce dernier a quitté le pays en compagnie de sa femme Lelani peu après la saisie de cocaïne, comme en faisait part l’express dans son édition du 27 juillet. Le couple Agliotti avait loué une maison à Cap-Malheureux appartenant à l’épouse de l’ancien propriétaire du bateau. Le bâtiment devait abriter la compagnie de Lelani Agliotti, « Style by Bella ». Cette compagnie, spécialisée dans la mode et le design, demeure largement méconnue dans le milieu local. D’ailleurs, le nom de la propriétaire de la maison figure sur les documents d’enregistrement de Style by Bella. « 

Un Agliotti qualifié par le même magazine carrément de… trafiquant, quant il avait voulu relancer la culture du tabac dans l’île :  « Pourquoi ce trafiquant de drogue s’intéresse-t-il à Maurice ? Depuis quelques semaines, dans les couloirs du ministère des Finances, le nom de Glenn Agliotti fait du bruit. Le Sud-Africain semblerait vouloir relancer d’industrie du tabac à Maurice. À l’Hôtel du gouvernement, l’on affirme n’avoir reçu aucune demande d’investissement. Glenn Agliotti, qui a été condamné en Afrique du Sud a, néanmoins, un occupation permit pour rester à Maurice. Ce permis est valide jusqu’en 2021. Dans les milieux concernés, l’on explique que ce permis ne lui a pas été octroyé comme à un investisseur (local). D’ailleurs, il n’habite pas sur le territoire mauricien ». « Sa dernière visite au pays remonte au mois dernier. Néanmoins, au ministère des Finances on laisse entendre que Glenn Agliotti serait en contact avec de hauts cadres de l’hôtel du gouvernement. Et ce, puisqu’il voudrait investir dans l’industrie du tabac. Le hic, cependant, est que Glenn Agliotti n’est pas net. Outre sa condamnation pour trafic de drogue en 2007, il a été impliqué dans le meurtre de l’homme d’affaires Brett Kebble, en Afrique du Sud. (en 2005). Les charges ont été abandonnées en 2010.  » Bref, notre « socialite » courant les salons et les soirées mondaines possédait un passé très sulfureux qu’il avait réussi, visiblement, à faire oublier à tout le monde !!!

Canaries versus Croatie

A noter que l’Afrique du Sud a déjà été cité en 2011 dans la série, en tant que relais entre la Colombie et la Serbie ou le Monténégro… y sévissait aussi le marchand d’armes David Topokh (et William Meaney !). Lire ceci aussi. La filière tout juste de faire reparler d’elle le 20 septembre, avec l’arrestation au large des Canaries  dans les eaux internationales, à quelque 163 km à l’ouest de l’île de La Palma d’un voilier battant pavillon croate, le « Majic” un bel Océanis 46 de 13,68 m, contenant une tonne de cocaïne. A son bord, « trois ressortissants croates. Ils font partie d’une « cellule » du « cartel balkanique spécialisé dans le trafic de drogue sur des voiliers et des yachts« , a indiqué la police dans un communiqué. Le bateau avait en fait l’objet d’un suivi : « dans le cadre de l’opération « Falkusa« , le voilier a été observé depuis son départ du port croate de Sibenik, début 2020. Au mois d’août, il s’était dirigé des îles Canaries vers le sud pour embarquer la cargaison. Plusieurs enquêtes de la Garde civile espagnole ont fait état ces derniers temps d’une « présence toujours plus consolidée » en Galice, dans le sud de la péninsule et sur les îles Canaries, de membres des bandes criminelles de l’Albanie, du Monténégro, de la Croatie et de la Bosnie, « responsables de nombre des importations de cocaïne en Europe » Les fameux galiciens, j’en ai aussi déjà parlé ici. On remarque que, fait inhabituel, le voilier était venu chercher la drogue aux Canaries, où elle avait donc été apportée d’abord. Par voie maritime.. ou aérienne ? On ne sait. Les trafiquants auraient eu en réalité d’autres projets « plus classiques » au départ : « en raison de la pandémie mondiale de COVID-19, l’équipage du «Majic» a été soumis à plusieurs contrôles et inspections sanitaires dans différents ports des Caraïbes », selon la police espagnole. Cela a gâché leurs projets de chargement de drogue, de sorte que le bateau a navigué vers les îles Canaries et a descendu la côte ouest-africaine, où des groupes criminels locaux ont chargé le navire de paquets de cocaïne alors qu’il se trouvait dans les eaux internationales. » Ce qui nous donnerait un chargement vers le Sahara Occidental, voire la Mauritanie… ou le Sénégal !

Tous les chemins de la coke mènent à Rome (ou plutôt à Reggio de Calabre)

L’un des intérêts de l’enquête explosive repose sur un cliché étonnant : celui de policiers italiens munis de simples pelles en train de dévaster un jardin de Reggio de Calabre, tout à la pointe de la botte italienne. « fin mars, le chef de la mafia Rocco Molè (25 ans) s’est fait coincer lorsque la brigade des stup italienne a trouvé une demi-tonne de cocaïne à Reggio de Calabre, en campagne. Une partie était cachée dans des granges et une autre était enterrée à un mètre sous terre. Le Clan Molè est l’une des branches les plus puissantes de la ‘Ndrangheta, de la mafia calabraise et l’une des organisations criminelles les plus élaborées du monde. Mais alors que presque toute l’Italie était immobilisée à cause de la pandémie, la ‘Ndrangheta ne savait plus comment répandre la cocaïne à travers l’Europe et des erreurs ont été commises. »

Le clan Molé est surtout connu pour le dénommé… « Mommo » (avec deux « M »,aucun lien avec Ghostofmomo, rassurez-vous), chef de la ‘Ndrangheta de Calabre qui purge actuellement plusieurs peines de prison  à perpétuité. C’est le fils et l’héritier d’Antonio Molè, le chef historique de ‘Ndrangheta de la région de Gioia Tauro. « Le clan a au moins cent ans d’histoire », selon Mommo Molè dans une conversation faite sous écoute. « Les frères Molè, Girolamo, Domenico et Rocco (celui du jour donc) ont repris les rênes du clan de leur père ». « Le clan Molè était allié à leurs proches des Piromalli ‘ndrina , également de Gioia Tauro. On les appelle souvent une seule organisation, le clan Piromalli-Molè. Ils ont une emprise de fer sur de nombreuses activités économiques de la région, en particulier sur le port maritime de Gioia Tauro, le plus grand terminal à conteneurs de la Méditerranée ». Voilà aussi qui nous mène au trafic d’armes, donc !!! Et à l’affaire de l’Otterloo, et a Century Arms, encore une fois !  « La famille Molè est le bras militaire du clan Piromalli », selon Francesco Forgione, ancien président de la Commission Antimafia du Parlement italien. Au sein de l’organisation Piromalli, le clan Molè est responsable du trafic de drogue et gère les relations avec les succursales de ‘Ndrangheta dans le centre et le nord de l’Italie ainsi qu’avec les cartels de la drogue colombiens« … on y revient donc !

Des trafiquants qui voyaient grand

L’Afrique du Sud, devenue un autre refuge pour trafiquants : c’est là en effet que l’on a retrouvé le cubain Nelson Yester-Garrido, recherché aux Etats-Unis pour avoir tenté d’acheter un sous-marin de l’époque soviétique (ici il pose devant) permettant de faire entrer des quantités industrielles de cocaïne sur la côte ouest des Etats-Unis et au Canada. AvecJuan Almeida, Andrew Cassara, et Wade Jones, Jr.  Il s’était enfui en 1997 en Afrique du Sud où il a été arrêté en 2010 pour trafic de drogue (mais les charges contre lui ont été vite annulées pour vice de procédure). Arrêté au final en Italie, Garrido a été extradé aux USA en 2019. En août 2020 en Floride il a plaidé coupable et risque désormais 40 ans de prison (le jugement final est annoncé pour la fin de l’année).

A défaut, on l’a vu, c’est une semi-submersible artisanal e plus de 10 mètres de long qui réussira une traversée que l’on suppose éprouvant pour son équipage en novembre 2019 en se faisant prendre à Cangas en Galice, près de la frontière portugaise, avec plus de 3 tonnes de coke à bord (pour 100 millions d’euros). A bord, surprise, trois équatoriens ! Mais il aurait démarré son long périple de l’Amazonie, à Manaus… au Brésil (située à 1,380 km  de la mer) l!!!

 

Mieux encore : lors d’une conversation enregistrée par un agent infiltré du FBI au sujet de l’accord pour le sous-marin de patrouille diesel de classe Tango révélée devant le tribunal fédéral de Fort Lauderdale, le dénommé Leonid « Tarzan » Fainberg également connu sous le nom de Ludwig Lyosha Fainberg, un immigrant ukrainien dont la famille avait fui en Israël pour éviter l’antisémitisme soviétique, propriétaire à Miami du restaurant « russe » Babushka, s’est vanté que lui-même et Juan Almeida avaient vendu plusieurs hélicoptères militaires soviétiques ukrainiens Mil MI-8 d’un million de dollars au cartel de Cali, avant même de proposer le sous-marin !!! En janvier 2017, Almeida a été accusée au niveau fédéral par la Drug Enforcement Administration de « complot en vue de posséder des stupéfiants dans l’intention de les distribuer ». Il a été condamné à purger six ans dans une prison fédérale. En ce moment encore, on peut acheter via le net un MIL-MI8 hongrois d’occasion « fully functional, » pour 180 000 euros seulement affichant 3647 h de vol. On en ignore l’état général… mais pour ce tarif on bénéficie d’un gros réservoir supplémentaire en soute et même de ses paniers à roquettes (ici à droite) ! Avis aux trafiquants !

Le coup du remorqueur 

Revenons sur l’autre côte de l’Afrique, côté Est. J‘avais aussi expliqué en mars dernier ici le rôle des traversées atlantiques des gros chargements par voiliers, mais aussi par d’autres moyens de transport maritime, parfois inattendus  : « selon des sources proches de l’enquête, le dispositif de police s’est accéléré en octobre après la saisie en haute mer de 3 800 kilos de cocaïne dissimulés dans le Thoran, un remorqueur arborant le drapeau de la Barbade.  C’était l’opération Briol, coordonnée par le juge du tribunal national Fernando Andreu. Les enquêtes ouvertes visant à trouver l’organisme responsable de l’envoi de ces 165 balles de drogue et de leur réception en Espagne ont conduit à Sito Miñanco (un trafiquant notoire). »

Le remorqueur Thoran décrit ici, battant pavillon des Comores, avait été, intercepté le 7 octobre 2017, entre le Portugal et les îles Canaries, avec 3,8 tonnes de coke à bord.  Je vous avais rappelé son saisissant trajet:

Pour nos deux enquêteurs, l’accumulation de paquets en bord de mer et l’épisode de la pizzeria indiquaient qu’il était temps pour la Police d’intervenir. « Le 6 juin, les forces de l’ordre sont entrées en action » nous raconte Sylvain Coué. « Nous avions 18 équipes pour un nombre égale de cibles », raconte Sylvain, « il était six heures du matin et on les a toutes sorties du lit et placées sous arrestation. Tout le monde se trouvait à Abidjan, à l’exception d’un Italien qu’on a arrêté à la frontière du Liberia. » Dans les domiciles des suspects, on a retrouvé des Uzis, des armes automatiques, 100 000 dollars en cash, des voitures de luxe et un nombre impressionnant de montres de luxe. « L’attirail classique du bon maffioso, quoi », commente Sylvain. Des 18 suspects, seulement cinq pouvaient être retenus grâce aux preuves suffisantes. Il s’agit de quatre Italiens et d’une Ivoirienne ». « L’autoroute 10 » décrite partout la voici en effet :

Et la drogue qui continuait d’arriver, via ce trajet, notamment par voiliers : « retour sur la Highway 10, la route de la cocaïne qui lie l’Amérique du Sud à l’Europe via l’Afrique de l’Ouest ».

« Le 3 février dernier, à six heures et demie du soir, la marine ivoirienne intercepte une pirogue en bois avec pour équipage, cinq personnes et 411 kilos de cocaïne. Quatre jours plus tôt, la marine avait déjà repéré un voilier espagnol qui avait rendez-vous avec la pirogue, à 250 kilomètres au large de la Côte d’Ivoire. La cocaïne était conditionnée dans des emballages avec l’étiquette « Pacena Black », une bière bolivienne.  Ça ou LV, pour le nom de Louis Vitton (ci-dessus à droite) ! Le (grand) voilier mère est ici à gauche arraisonné à 41 km des côtes au large de San-Pedro. Il s’était alors déjà délesté dans les barques parties du rivage des balles de coke. Mais on en retrouvera des traces à son bord. Ce sont en fait ces frêles embarcations, qui, en chavirant au large, disséminaient les ballots remplis de pains de coke….

Au bout, le danger d’approvisionner le terrorisme 

Drogue et armes ont toujours fait bon ménage. Aussi c’est sans surprise que l’on relie ce commerce florissant à l’explosion des groupes terroristes au Sahel, déguisés en islamistes fondamentaux. Le 2 mai 2013, l’Indépendent nous avait prévenu  (et Reuters aussi) – l »ONU estime qu’environ 18 tonnes de cocaïne, d’une valeur marchande estimée à 1,25 milliard de dollars (800 millions de livres sterling), traversent l’Afrique de l’Ouest chaque année – près de 50% de toute la cocaïne non destinée aux États-Unis. La plupart proviennent de la Colombie, du Pérou et de la Bolivie et se rendent en Afrique de l’Ouest sur des jets privés, des bateaux de pêche et des cargos le long de la fameuse «route 10» – la route la plus courte entre les continents le long du 10e parallèle de latitude. Aujourd’hui, le rôle des islamistes liés à Al-Qaida – qui contrôlaient le nord du Mali depuis le début de 2012 jusqu’à ce qu’ils aient été évincés par les troupes françaises et africaines cette année – alimente les craintes quant au potentiel du trafic de drogue de déstabiliser la région ». On ne saurait mieux dire: l’autoroute 10 est à la fois maritime et aérienne !!!

«Il existe des preuves tangibles du lien entre Al-Qaida et le trafic de cocaïne au Sahara», a déclaré le Dr Kwesi Aning, directeur des affaires académiques et de la recherche au centre international de formation au maintien de la paix Kofi Annan au Ghana. «Au début, le commerce était principalement dominé par les Touaregs et les intermédiaires qui guidaient les trafiquants vers des décharges d’eau et de carburant dans le désert. Mais après qu’Al-Qaida s’est impliquée il y a environ 10 ans, nous avons vu une augmentation massive des quantités de cocaïne impliquées. Ils avaient les réseaux et ils avaient le savoir-faire logistique. Les experts disent que le manque d’application de la loi au Sahara a permis à l’islamisme et au commerce de la cocaïne de prospérer, avec de vastes frontières désertiques inhospitalières et montagneuses presque impossibles à contrôler. Beaucoup au Mali accusent également les régimes successifs du président désormais évincé Amadou Toumani Touré d’être profondément complice du commerce ».

« L’anarchie de la région a été mise en cause pour l’incident de 2009 «Air Cocaine», lorsqu’un Boeing 727 qui aurait transporté jusqu’à 10 tonnes de cocaïne a été retrouvé incendié dans le désert malien. En 2010, un commissaire de police malien a été condamné pour tentative de construction d’une piste d’atterrissage dans le désert pour de futurs atterrissages. Et la même année, la Serious Organized Crime Agency du Royaume-Uni a rapporté qu’un avion du Venezuela avait atterri au Mali et que sa cargaison était conduite par des véhicules 4×4 à Tombouctou avant que les autorités ne perdent la trace du convoi ». Nous y revoici, donc, à ce fameux « Boeing du désert » ! Celui-ci, c’est à noter, avait pris une route Dakar-Fortaleza ou Recife -Panama-Maracaibo et retour (ici il est vu à Tenerife le 31 octobre 2006).

Ce terrorisme se nourrit donc des revenus du trafic de cocaïne en Afrique de l’Ouest. C’est ce que nous avions pressenti dès la découverte en 2010 du Boeing calciné de Tarkint, dont le propriétaire français s’est reconverti déjà deux fois et dans deux pays différents. Ce que cette enquête a ignoré, hélas, et ce sur quoi nous allons revenir demain, car cela interfère avec le texte de nos deux journalistes, comme on va le voir, pour un ultime volet avant de retrouver le Brésil… et ces avions remplis de cocaïne !

Nota : on prend note de la découvert le 2 octobre d‘un container charge de 557 kg de coke répartis dans sacs, dans le port de Cotonou, au Bénin, à destination d’Anvers, dissimulés dans une livraison de cajou. 

(1) Ce n’est pas un perdreau de l’année côté enquêtes: « ce natif de Maroko entame sa carrière journalistique en 2008 avec le journal Next. Nicolas Ibekwe est lauréat de plusieurs prix et distinctions dans les reportages d’investigation. En effet, en 2009, il a remporté le prix d’investigation, Wole Soyinka de la catégorie en ligne avec un reportage sur l’histoire de la prolifération des armées engagées dans la région en difficulté Niger-Delta du Nigéria. Il a également reçu le prestigieux prix CNN des journalistes africains au cours de la même année. Une année plus tard, en 2010, il reçoit le deuxième du prix Wole Soyinka pour les journalistes d’investigation. Il fût finaliste du plus grand prix décerné aux journalistes d’investigation en Afrique, Forum des journalistes d’investigation africains (FAIR), en 2010 et 2011 ».

(2) « Quant à Daan Bauwens, c’est un journaliste d’investigation de nationalité belge, basé en Belgique. Titulaire d’une maîtrise en psychologie, il travaille pour plusieurs médias internationaux. Notamment, Vice, De Morgen, De Standaard, Knack, MO et l’agence de presse internationale Inter Press Service. En tant que correspondant, il a travaillé en Israël, en Turquie, au Maroc et au Japon. En 2019, il réalise son premier documentaire sur la psyché et la sorcellerie en Ouganda. Daan combine le journalisme narratif et anthropologique dans des articles de journaux et en prose. Ce qui lui a valu le prix Fullbright pour le journalisme narratif et la recherche sur le dialogue interculturel à New York en 2015 et en 2016. Depuis 2008, ses recherches se focalisent sur l’influence de la culture, sur la communication interpersonnelle et interculturelle. Les sujets de recherches et publications de Daan Bauwens prennent en compte l’état d’esprit israélien et la culture des jeunes. En 2014, il a été bénéficiaire de la subvention Fulbright pour des recherches et une série de publications sur les effets profonds de la diversité culturelle et de la diversité sur la culture urbaine de Manhattan et de Brooklyn ». On peut penser que le style d’écriture à fort ton de « branchitude » est de lui, hélas. Sa réponse au ministère mis en cause semble bien meilleure que son article. La façon dont on cherche à le discréditer, est-elle particulièrement odieuse. Ceux qui ont écrit ce torchon-là à son encontre, s’ils l’ont fait de la sorte, accréditent plutôt ses dires qu’autre chose, par leur violence incroyable et leurs suppositions même pas voilées (sa maison, « achetée récemment », etc…). Des attaques personnelles du plus pur style… mafieux ! Le stade suivant devant être les menaces physiques, à ce stade avancé de délation !!! On peut craindre pour lui, à ce rythme.

 

(3) tellement qu’on le retrouve partout : le 18 juillet 1019 c’est en Australie qu’une pelleteuse Caterpillar est découverte avec dans son bras mécanique 384 kilos de cocaïne. Elle provenait elle aussi d’Afrique du Sud !

Documents :

Cliquer pour accéder à West_Africa_TOC_COCAINE.pdf

la liste des saisies en mer en 2006 :

source

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FRANCE 🇫🇷 (place Beauvau): récital sans surprises des duettistes Schiappa et Darmanin

« 88 tonnes de cannabis, 11,5 tonnes de cocaïne et 1 tonne d’héroïne », ce sont les premiers chiffres des saisies de drogue réalisées en 2020, livrés ce matin par Gérald Darmanin, qui restent très élevés pour le ministre de l’Intérieur et proches de ceux des années précédentes, malgré le contexte de la crise sanitaire.En clair tout baigne, alors qu’au bas mot, plus de 1.000 tonnes de haschich ont été consommé en France durant la même période, plus de 150 tonnes de coke et pas moins de 10 tonnes d’héroïne.

Les dernières données disponibles en termes de niveaux de consommation des drogues illicites en France proviennent de l’enquête Baromètre santé 2017qui précisait que le cannabis restait de très loin la substance illicite la plus consommée, aussi bien chez les adolescents qu’en population adulte, avec au total 18 millions de personnes à l’avoir déjà essayé et 45 % des individus âgés de 18 à 64 ans.

Alors, est-ce normal de mobiliser nos FDO dans un combat sans fin, en brisant la vie de toutes celles et ceux qui auront été et seront verbalisés, alors que ce sont pour la quasi totalité des citoyens respectables ? Assurément NON!

Pourquoi ne pas faire subir un test à tous les régaliens et à tous nos élus, aux artistes qui finissent toujours par nous dire qu’ils ont consommé, à nos animateurs des médias comme à tous nos dirigeants performants ? Allez Gérald, encore une petit effort, il suffira d’un décret, et hop, tous les citoyens sans test de contrôles anti-drogue seront verbalisés.

Il y a quelques semaines Aviseur publiait ces articles:

FRANCE 🇫🇷 (narco guerre): nos régaliens sont les meilleurs, c’est bien connu!

FRANCE 🇫🇷 (Cartel des tartuffes): les duettistes Schiappa et Darmanin s’en vont en guerre contre les trafiquants de drogue

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Pour mémoire:

DNRED (Douane française): opérations d’infiltration menées par NS 55 et quantités de drogues saisies

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COLOMBIE 🇨🇴 (cocaïne): bientôt de la coke légale…

La Colombie pense à légaliser la cocaïne afin d’éradiquer le trafic et … de reprendre la main sur une industrie lucrative.

MEDELLÍN, Colombia – VICE World News sat down with Senator Iván Marulanda to talk about his cocaine legalization bill, which is currently moving through Colombia’s congress.

After 40 years of U.S. – backed anti-drug policy that criminalizes the coca leaf, Marulanda and a group of members of congress want to change tack.

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FRANCE 🇫🇷 (Coke en stock – CCCXVI): l’implication française et ses conséquences

Le Boeing oublié de Tarkint, dix ans après, c’était la révélation du nouveau chemin choisi par les producteurs colombiens pour envahir le marché européen si prometteur.

Leur allié sur place, la ‘Ndrangheta était là pour les accueillir et assouvir tous leurs souhaits. Les deux partis y avaient tout à gagner. Le chemin du Sahel, c’était le palliatif aux efforts européens pour tenter de juguler les arrivages directs par container, dont Anvers était devenu la plaque tournante.

Pour y arriver il avait fallu bâtir toute une structure capable de s’occuper d’au moins deux très gros porteurs, un éclaireur et son doublon de secours, selon un scénario qui a été reconstitué après coup.

Un système qui a dû négocier avec les terroristes sahéliens, ravis d’augmenter ainsi plus que sensiblement leurs revenus pour se procurer de nouvelles armes et des Toyota neuves. La ‘Ndrangheta, de cette manière, restait fidèle à elle-même, celle d’être un groupe lui-même terroriste, opposé à toute idée d’Etat démocratique.

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FRANCE 🇫🇷 (Coke en stock – CCCXV) : une filière bien française

Le gros ratage de l’enquête que nous étudions depuis deux épisodes est au niveau du rôle de l’aviation dans le trafic, qu’elle aborde pourtant mais dans un bref chapitre. Or le grand changement survenu à partir de 2008 c’est justement cet arrivage massif d’appareils ayant traversé l’Atlantique en partant tous du Brésil, après avoir chargé leur cargaison au Venezuela. Dommage, car ce phénomène mérite plus d’attention et nous intéresse davantage ici en France, car c’est un français qui demeure la clé de l’énigme, comme c’est un français, le trafiquant Erik (Mika) Walter Amegan (ici à gauche) qui aurait été finalement arrêté à Dakar en 2018 qui était à la base de cet important réseau décidément plein de surprises, lié directement à des colombiens.

Arrive en effet dans l’enquête que nous décortiquons toujours aujourd’hui une évocation historique dont nos deux auteurs ne semblent pas avoir du tout saisi toute l’importance et c’est dommage, car il ne lui ont consacré qu’un bien petit chapitre : « le 12 août 2008 à neuf heures du soir, Zainab Conté, l’épouse du président de la Guinée Lansana Conté, a été arrêtée à la frontière de la Sierra Leone. Elle avait voyagé dans un convoi de trois voitures de luxe transportant plusieurs centaines de milliers d’euros et de dollars en espèce, ainsi que quelques lingots d’or. Craignant un conflit international avec de possibles attaques de l’armée guinéenne, elle a été libérée douze heures plus tard suite à l’appel téléphonique du président guinéen à celui du Sierra Leone. La raison de la visite de Zainab Conté en Sierra Leone : le rachat de la cargaison d’un avion qui avait été laissé sur le tarmac de l’aéroport international de Lungi un mois auparavant. La marchandise a été immédiatement saisie et se composait de 700 kilos de cocaïne, de fusils AK-47, et de munitions. La cargaison appartenait vraisemblablement au trafiquant de drogue et d’êtres humains Ousmane Conté, fils ainé du président guinéen (lire ici). L’avion volait sous une fausse bannière de la Croix-Rouge » précisent les deux journalistes (c’est bien visible ici droite).

Le document à la base de ce texte est un fax cité par Wikileaks, lisible ici. Wikileaks la nomme comme une ancienne maîtresse d’un ex-président de Sierra Leone, la femme de Conté s’appelant… Henriette !

L’accent étant mis sur Gibrilla Kamara, comme étant le grand tsar du train de coke dans le pays. Le responsable de l’envoi de 750 kilos de cocaïne saisis à Lungi, en Sierra Leone. La demande avait été faite par le président Koroma (président de la République de 2007 à 2018, l’actuel étant Julius Maada Bio).

 

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AFRICA (COKE en STOCK – CCCXIII): le premier jet et ses mécanos français

Avant l’arrivée du Boeing plein de cocaïne à Tarkint, une autre arrivée par jet avait défrayé la chronique, déjà, avec un autre jet, certes plus petit mais il faut bien prendre conscience de son importance, car il relie à la fois les militaires narcos de Guinée-Bissau et ce même Boeing comme vous allez le voir et il implique également les mêmes acteurs français.

L’un d’entre eux surtout, qui a toujours échappé à tout, pour le résumer, en passant par le Sénégal, le Mali, puis le Bénin et aujourd’hui… le Togo. Il fait désormais dans la quincaillerie, dit-il. La précédente consistait en bric à brac en fond de hangars où l’on repeignait de vieux avions achetés une bouchée de pain… ou obtenus par d’autres méthodes comme nous allons le voir un peu plus loin ici. Qu’il n’ait jamais été inquiété davantage est de l’ordre de l’incompréhensible.

Ce gars-là est béni des Dieux… aériens, ce n’est pas possible autrement !

L’affaire qui a tout révélé

Puis il y eut le « scoop »du « jet ». Souvenez-vous donc, c’était le 12 juillet 2008. Un Gulfstream II G1159B, datant certainement de la fin des années 60 (avec de vieux réacteurs Spey), s’était posé en Guinée Bissau, vite entouré de militaires du pays qui l’avaient délesté rapidement de son contenu, prétextant des « colis médicaux » à bord. L’avion était parti de Tocumen au Mexique avec un passage au Panama avant de traverser l’Atlantique (des informations relevées par les enquêteurs dans les téléphones satellitaires laissés à bord de l’appareil).

Ses membres d’équipage s’appelaient Carmelo Vásquez Guerra, Carlos Luis Justiniano Núñez et Daniel Aguedelo Acevedo (photographies ici).

A bord le chargement faisait 600 kilos et c’était bien de la cocaïne pure, découvrira-t-on plus tard. C’est le premier jet VIP à se faire pincer ainsi (depuis il s’en pose toutes les semaines des avions similaires, bourrés de coke, en Amérique Centrale, vous le savez).  Un avion … récidiviste du fait : dans le Palm de Carmelo Vasquez Guerra) on trouvera aussi le versement en sa faveur de 900 000 dollars et il en était à sa cinquième livraison du genre depuis le mois de mars !!! Ce n’était donc pas sa première visite !!!

Des doutes avaient été rapidement émis sur le vieil avion, qui a été repeint à neuf, visiblement, et qui était resté bloqué sur place car il avait eu des problèmes techniques et a réussi à redécoller dans un premier temps mais a dû revenir se poser.

Envoyé dans un hangar pour y être réparé, on avait découvert que c’est un avion qui a été effectivement maquillé et cloné, car c’est en réalité le N221SJ et non le N351SE existant : un troublant cliché retrouvé depuis en fait foi : c’est la photo prise le 12 février 2008 d’un Gulfstream arborant bien le numéro N351SE mais aux couleurs… du N211SJ (voir plus bas ici) !  Sidérante découverte et confirmation de l’intuition que j’avais eue : tout concordait, y compris le fait que les lettres couleur bordeaux paraissaient bien plus larges que les originales qu’elles recouvraient tout simplement !!!  C’était donc bien le fameux N211SJ !!!

Cet avion a un cursus passionnant : exporté au Mexique le 12 juin 2007, devenu XB-KHU, vendu alors par Mobarak Aircraft en Floride, il avait déjà été saisi par les autorités vénézuéliennes et incorporé dans la flotte officielle de l’armée bolivarienne, pour trafic de drogue !

Très vite j’avais en fait eu l’intuition de cette origine, en comparant simplement des photos fournies par les vénézuéliens, que l’on commençait alors seulement à soupçonner de trafic massif de cocaïne.

Mais à ce moment-là, personne n’osait encore incriminer le régime de Chavez, auréolé d’une gloire qui perdure encore chez les Mélenchonistes notamment, telle Clémentine Autain, qui refuse toujours de condamner le régime de Maduro !).

Et pourtant… l’appareil, soupçonné d’avoir servi au trafic de drogue au Vénézuela, avait été carrément saisi et versé ensuite à l’armée vénézuélienne, qui l’avait rebaptisé 0010, pour s’en servir comme avion de VIPs pour ses généraux. Il avait été photographié à Caracas à La Carlota (General Francisco Miranda) en juin 2008 encore aux côtés d’autres avions officiels.

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DROGUE: comment, deux siècles durant, les pouvoirs en place ont fait naître et prospérer le commerce des drogues, envers occulté du libre-échange ?

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BELGIQUE 🇧🇪 (Anvers): prises d’otages, torture, attentats à la grenade, cocktails Molotov, incendies criminels, fusillades, voilà l’éventail des violences engendrées par les trafics

ANVERS, port d’entrée de la coke en Europe

L’insécurité frappe particulièrement certains quartiers d’Anvers, où les habitants sont régulièrement réveillés la nuit depuis plus de deux ans par des coups de feu ou des explosions de grenades.

Selon le procureur fédéral Frédéric Van Leeuw, « les plus hautes sphères » de la société sont désormais ciblées par les trafiquants en quête de complicités, « c’est très inquiétant »

La preuve: un ancien chef de la gendarmerie et trois policiers ont été interpellés cette semaine dans une vaste enquête enclenchée après une saisie de 2,8 tonnes de cocaïne fin 2019 dans le Limbourg. Cette province est devenue aussi une base arrière du crime organisé et de la « quick money » (l’argent facile), selon l’expression des enquêteurs.

Jeudi, avec d’autres hauts magistrats réunis au siège du parquet fédéral, il a alerté le gouvernement sur le manque de moyens humains et matériels pour affronter les réseaux criminels. De son côté, le procureur fédéral a comparé le trafic de drogue à « un cancer », dénonçant autant l’infiltration de l’économie par l’argent sale que l’insécurité subie par la population.

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